The question should be reversed: Can the EU have any kind of meaningful role without being strategic? The EU has not fared very well in comparison with its main competitors in terms of protecting its members and its citizens’ interests. Nor has the EU risen to the challenge of stabilizing its neighborhood. Furthermore, various crises have exposed a lack of geopolitical reflexes. And the EU is paying a price for those failures. Britain’s vote to leave the bloc has dealt a heavy blow to the EU’s unity and its capabilities in the spheres of foreign policy and defense.
Ironically, however, and in combination with the election of U.S. President Donald Trump, Brexit has also created a brief window of opportunity for the EU to reconsider its options and launch a new effort in various sectors of European politics, including defense and security. Acting collectively, the EU has the necessary economic weight but lacks the diplomatic and military weight to be a global actor. Both problems can be addressed, as the human, technological, and financial capabilities do exist. What is seriously questioned is the necessary political will—given that individually, no member state is sufficiently strong to flourish in this brave new world. The last wake-up call for Europe, perhaps.
By Thanos Dokos
Source: Carnegie Europe
You can read here the article on future perspectives for Turkey, which was written by Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos. This commentary was published in the Greek daily Kathimerini on 8 March 2017 [in Greek].
L’IHEDN a accueilli du 27 février au 3 mars 2017, la 29e édition de la session européenne des responsables d’armement (Sera), qui réunit, sur quatre semaines ...
This study explores the commercial, economic, regulatory and political implications of the Nord Stream 2 project. The plans to add another two pipelines to the Nord Stream facility under the Baltic Sea have created waves within the European Union. Whether it fails or succeeds, the project’s political costs will be high, as it touches on sensitive interests in many quarters. Nord Stream is a commercial venture, but its impacts transcend its commercial and energy ramifications, and differ widely among EU states. Without a question, the project represents a challenge for energy diplomacy both internal and external. Its potentially divisive effects on European energy policy and the Energy Union need to be cushioned and contained.
Updated and revised English version of SWP-Studie 21/2016.
D’ici quelques semaines, la République de l’Union du Myanmar – la Birmanie pour tout un chacun – célébrera le tout premier anniversaire du gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), de l’emblématique et mondialement appréciée Aung San Suu Kyi. Le 31 mars 2016, cinq long mois après un franc succès électoral enregistré à l’occasion du premier véritable scrutin démocratique organisé en Birmanie depuis des décennies (8 novembre 2015), l’administration menée par l’ancien prix Nobel de la paix entrait solennellement en fonction. Elle succédait au premier gouvernement post-junte militaire du Président Thein Sein (2011-2016) ; un chef de l’Etat, qui, après avoir exercé des fonctions de première importance du temps des militaires (ex-Premier ministre de la junte), endossa un costume plus civil. Une mue relative, dont le dessein était d’accompagner les premières années d’une transition démocratique. Cette dernière était appelée de ses vœux par une population éreintée par un demi-siècle de mainmise de l’institution militaire sur le destin national, et ardemment souhaitée par une communauté internationale – occidentale serait plus juste – aux appétences démocratiques contrariées jusqu’alors en ces terres Sud-Est asiatiques, baignées d’un bouddhisme à l’occasion militant.
Aung San Suu Kyi n’a pu personnellement succéder à Thein Sein, la faute à une disposition pour le moins étonnante de la Constitution de 2008 (‘’inspirée’’ par la plume rigide des militaires). Il en fallait naturellement davantage à cette opposante tenace (astreinte à une quinzaine d’années en résidence surveillée) et passionaria de la cause démocratique pour contrarier ses projets. À défaut de présidence dans le droit, un poste créé sur mesure de conseillère d’Etat additionné à un portefeuille de ministre des Affaires étrangères lui confient a priori l’autorité politique nécessaire[1], tant auprès de ses administrés que d’une communauté internationale ravie de composer, de gouvernement à gouvernement désormais, avec cette dernière.
Pour autant, cette transition en douceur entre ces deux administrations à l’ADN politique pour le moins distinct (militaro-civil pour le gouvernement Thein Sein ; civilo-démocratique pour l’administration au pouvoir aujourd’hui) n’a pas épuré la feuille de route du gouvernement LND d’une kyrielle d’hypothèques et de maux plus délicats à gérer les uns que les autres. Si elle n’est plus directement au pouvoir, la très influente institution militaire est fort loin de la périphérie de l’autorité[2] et ne rend pas exactement compte de sa feuille de route personnelle à Aung San Suu Kyi. Le processus de paix, élevé au rang de priorité nationale par La Dame lors de son intronisation, peine un an plus tard à convaincre l’ensemble des parties prenantes (à commencer par les groupes ethniques armés) de sa viabilité, tant les efforts de dialogue menés ces six dernières années se heurtent à une nette recrudescence des affrontements. Ces derniers mettent aux prises en divers points du territoire (Etats Shan et Kachin notamment) l’armée régulière (la tatmadaw) face à une demi-douzaine de groupes ethniques armés (regroupés au sein d’une Northern Alliance-Burma pour quatre d’entre eux), comme en témoignent les événements des tous derniers jours dans la région Kokang (Etat Shan) et leur lot de victimes (une trentaine de morts).
On pourrait également associer à ces contingences et revers rédhibitoires la situation de crise prévalant depuis – à minima – octobre 2016 dans le fragile Etat occidental de l’Arakan. Dans cet État, une importante opération contre-insurrectionnelle menée par la tatmadaw aurait officiellement pris fin début mars 2017. Un périmètre sensible qui aurait été le théâtre – dans la foulée de l’attaque meurtrière début octobre 2016 de plusieurs poste-frontaliers du Bangladesh par des militants rohingyas radicalisés – de violences et d’excès divers de la part des forces de sécurité. Au point que diverses agences et autorités onusiennes, ainsi que plusieurs gouvernements asiatiques (Malaisie, Pakistan et Bangladesh) demandent retenue et explications au gouvernement birman. Le gouvernement civil LND est par ailleurs mal à l’aise sur le sujet, tant la conduite et le contrôle des affaires de défense et de sécurité lui échappent. Elles relèvent en effet de l’autorité exclusive des généraux, donc du senior-general et chef des armées birmanes Min Aung Hlaing, sur lequel le gouvernement et Aung San Suu Kyi n’ont guère de prise…
Il n’empêche, un an après sa prise de fonction très attendue, les 55 millions de Birmans et la communauté internationale (grandes capitales occidentales ; institutions de défense et de protection des droits de l’homme ; société civile et ONG) ont toujours, et quasi-exclusivement, le regard tourné vers The Lady pour tout et son contraire, du faisable à l’impossible. A tort bien entendu.
Loin de l’omnipotence, l’administration LND et sa charismatique figure de proue composent avec l’institution militaire, en plus de leur inexpérience dans la gestion des affaires nationales (ne parlons pas de l’hypercentralisation du processus de décision autour d’Aung San Suu Kyi) et d’un pool d’expertise parfois sujet à caution. L’appareil militaire est toujours terriblement influent, il campe sur ses prérogatives exorbitantes et déroule sa propre feuille de route. Une roadmap pas nécessairement toujours calée sur celle des autorités civiles, pour dire le moins (cf. implication dans le processus de paix).
Face aux attentes populaires considérables nées de l’accès de la LND aux plus hautes responsabilités civiles, le gouvernement birman déploie bonne volonté, soutien extérieur, appel à la concorde et à la réconciliation nationale, et quémande aussi un brin de patience et de mansuétude. Si le bilan de ses douze premiers mois d’exercice peut donner matière à appréciation critique, le ‘’bénéfice du doute’’ lui profite encore. Rien qui ne menace en l’état la poursuite de son difficile apprentissage des affaires de l’Etat.
En revanche, La Dame et son équipe rapprochée devront très certainement se passer ces prochains mois d’une quelconque bienveillance de l’influente tatmadaw, voire, situation plus problématique encore, se trouver en porte-à-faux avec elle sur certains dossiers sensibles (poursuite des hostilités en zone ethnique ; participation de certains groupes ethniques armés au processus de paix ; validation de grands projets industriels ; sort de la communauté rohingya ; etc.). Des perspectives déplaisantes que l’on ne souhaite guère à La Dame mais auxquelles l’opiniâtre lauréate du prix Nobel de la paix et l’opinion feraient bien de se préparer.
[1] Les responsabilités de chef de l’Etat échoient par ailleurs à un de ses proches – U Htin Kyaw -, lequel se cantonne depuis lors à des activités protocolaires secondaires et ne fait guère d’ombre à La Dame.
[2] Il revient par exemple au commandant en chef des armées birmanes de nommer trois ministres régaliens sans en référer au président ou au Parlement : les ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires frontalières. Par ailleurs, un quart des sièges dans les diverses assemblées sont réservés, hors de tous scrutins, aux militaires.
La prise d’Alep par le régime de Bachar Al-Assad, fin décembre 2016, a permis de prouver que les Russes éraient capables d’utiliser avec succès la force militaire à des fins politiques, contrairement aux Américains. Mais, si cette réussite conforte indéniablement le maintien au pouvoir du président syrien, elle ne règle en rien la question fondamentale de l’avenir de la Syrie, pas plus qu’elle ne dégage les moyens de mettre fin au conflit qui l’ensanglante depuis 2011.
Les Russes se trouvent désormais confrontés à une impasse en Syrie. Le pays est en effet complètement détruit : Près de 70 % des Syriens vivent dans une situation d’extrême pauvreté, incapables de satisfaire leurs besoins élémentaires ; le taux de chômage est proche de 60 % ; l’espérance de vie a chuté de vingt ans depuis le début de la révolte et de la guerre civile en 2011 ; la moitié des enfants, génération perdue, ne va plus à l’école ; le système de santé publique, autrefois efficace, est démantelé et certaines maladies qui avaient disparu – comme la tuberculose, la typhoïde, le choléra et même la poliomyélite – sont réapparues ; la moitié de la population a été déplacée et le nombre de victimes a dépassé 300 000 morts, auxquels il faut ajouter entre 1 et 2 millions de blessés. Une grande partie des élites et les classes moyennes ont fui le pays. Celui-ci, autrefois moderne, doté de services publics éducatifs et de santé performant, est quasiment revenu à un âge préindustriel. Bref, la Russie a hérité de la responsabilité d’un État failli.
Si l’opposition n’est pas en mesure de renverser Bachar Al-Assad, celui-ci n’est pas davantage en mesure de reconquérir l’ensemble du pays. Ce « pat »[1] stratégique n’est pas supportable à long terme pour Moscou. Certes, du fait de l’absence d’opérations terrestres massives russes, l’effort militaire est tout à fait endossable. Les pertes humaines sont limitées et le coût des opérations aériennes est maîtrisé. Mais la Russie n’a pas les moyens de reconstruire la coquille vide qu’est devenue la Syrie. Il est donc indispensable aujourd’hui de trouver une porte de sortie qui ne peut être que politique, faute de quoi la Syrie, qui ne produit quasiment plus rien, deviendra un fardeau de plus en plus lourd à supporter pour la Russie.
Bachar Al-Assad se présente comme le garant de la souveraineté syrienne mais ne l’est en rien. Son discours nationaliste et patriotique ne survit pas à l’épreuve des faits. Celui qui est présenté comme le maître de Damas n’est pas maître de grand-chose au sein de son propre pays, qui ne tient que par l’appui militaire de la Russie et de l’Iran. Dépendant de ses protecteurs, la Syrie a été mise sous tutelle de Moscou et, plus encore, de Téhéran. Elle n’est plus un État souverain mais un pays satellite.
L’Iran a très largement avancé ses positions en Syrie. Il participe à la restauration de la capitale et est investi dans le pays. Ce sont les Iraniens, plus précisément les gardiens de la révolution, qui ont le poids politique le plus important à Damas. Le Hezbollah, malgré des pertes si importantes qu’elles l’ont poussé à interdire la plupart des enterrements publics au Liban, demeure impliqué dans la sauvegarde d’un gouvernement allié et fondamental à sa survie.
Poutine ne tirera de bénéfices de la prise d’Alep que si cette victoire militaire débouche sur une solution diplomatique. Peut-il la mettre en œuvre en laissant Bachar Al-Assad au pouvoir ? L’Iran le soutien plus fermement que la Russie, qui souhaite, elle, démontrer que le concept de « changement de régime » par l’extérieur prôné par les Occidentaux ne fonctionne pas.
Se dirige-t-on vers un partage du pouvoir entre des éléments du régime sans Bachar Al-Assad et toute l’opposition sans les djihadistes ? C’est la seule façon d’éviter une somalisation de la Syrie.
[1] Aux échecs, se dit d’une position dans laquelle aucun des deux joueurs ne peut remporter la partie, qui est alors déclarée nulle.
Ambassador (retired) Alexandros Mallias wrote an article in Kathimerini newspaper discussing Greek-American relations under Trump. You can access the article here (in Greek)
Research Fellow of ELIAMEP Dr Eleni Panagiotarea wrote in the Sunday edition of Kathimerini on the second review of the third Greek bailout. You can read the article here (in Greek).
In ELIAMEP Policy Paper No. 26 Dr Theodore Tsakiris analyses relations between Russia and Turkey placing emphasis on the decision of the countries to construct ‘Turkish Stream’ pipeline. He examines the new perspectives of energy cooperation and assesses challenges and opportunities for Greece.
Spécialiste des questions méditerranéennes, Dorothée Schmid dirige le programme « Turquie / Moyen-Orient » de l’Ifri (Institut Français des Relations Internationales). Elle répond à mes questions à l’occasion de la parution de l’ouvrage « La Turquie en 100 questions », aux éditions Tallandier.
Peut-on parler d’alliance entre la Turquie d’Erdogan et la Russie de Poutine ?
Il est plus juste de parler de rapprochement, car aucune alliance formelle n’a été conclue. Ces deux partenaires sont versatiles et leurs intérêts ne convergent pas forcément sur les sujets qui leur sont à chacun essentiels. Historiquement, il ne faut pas oublier que les empires russe et ottoman se sont fait régulièrement la guerre pendant quatre siècles pour le contrôle de territoires à leurs frontières. Encore aujourd’hui, la relation diplomatique entre les États-nations russe et turc est complexe, marquée par le calcul et une forme de défiance. La crise syrienne entretenait un climat de tension implicite depuis 2011, les deux pays se trouvant opposés sur l’attitude à tenir face au régime de Bachar Al-Assad ; entre novembre 2015 et juin 2016, la Russie et la Turquie étaient même à couteaux tirés à la suite d’un grave incident : la défense anti-aérienne turque avait abattu un avion russe brièvement entré dans son espace aérien depuis la Syrie.
Des facteurs structurels expliquent cependant le rapprochement actuel. On parle ici de deux puissances qui cherchent à s’imposer dans leur environnement régional et qui entretiennent un rapport ambivalent avec l’Europe : la Turquie veut intégrer l’Union européenne (UE) et se voit maintenue à la porte de ce qu’elle nomme un « club chrétien » ; la Russie entretient un rapport de plus en plus ouvertement conflictuel avec l’UE, dont elle remet en cause à la fois le concept et les frontières. Une complicité de puissances eurasiatiques s’esquisse ainsi face à l’Europe occidentale. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) est un autre paramètre : la Russie veut affaiblir l’organisation, au moment où la Turquie s’estime négligée par ses alliés atlantiques. Du point de vue économique, les deux pays sont complémentaires, à l’avantage de la Russie, qui fournit à la Turquie les deux-tiers du gaz que celle-ci consomme ; mais la Turquie a récupéré des marchés lorsque la Russie a été placée sous sanctions par les Occidentaux. Enfin, affaibli par le coup d’État manqué de juillet 2016, le régime de Tayyip Erdoğan a trouvé dans la Russie une sorte de protecteur.
La Turquie est-elle un partenaire solide de l’OTAN ?
La Turquie entre dans l’OTAN en 1952, en même temps que la Grèce, avec qui elle a pourtant entretenu pendant longtemps des relations très difficiles. Pendant la guerre froide, elle a joué un rôle essentiel de rempart face à l’Union soviétique au sud-est de l’organisation. Les tensions en mer Egée ont persisté et la crise de Chypre (1974) a été une première alerte pour les relations Turquie-OTAN. Le rôle de la Turquie dans l’organisation a évidemment évolué avec la chute du mur de Berlin. Washington a alors assigné à Ankara une mission de passeur entre Occident et Orient. La Turquie est longtemps restée le seul membre musulman de l’OTAN, et se prévalait de cette particularité pour valoriser sa contribution, par exemple dans le cadre de la force de stabilisation en Afghanistan (FIAS).
L’embrasement de la Syrie à partir de 2011 a placé la Turquie en première ligne face aux crises du Moyen-Orient. Possédant plus de 900 km de frontière avec ce pays, elle est exposée de façon très immédiate aux retombées du conflit et a déjà fait appel à la solidarité otanienne pour assurer la protection de son territoire : des missiles Patriot ont ainsi été déployés par l’OTAN sur la frontière en 2013 à la suite d’un attentat majeur perpétré dans la province de Hatay.
L’autonomisation progressive de la diplomatie turque, ses choix peu lisibles en Syrie – opposition à Bachar Al-Assad, soutien probable à des factions islamistes, implication dans des trafics – ont provoqué une crise de confiance avec l’OTAN. L’année 2015, qui a vu Daech commettre des attentats en Europe et aux États-Unis, a marqué un tournant, par le renforcement de la coopération en matière de renseignement et de police pour surveiller les mouvements des djihadistes étrangers. Ankara a refusé jusqu’à l’été 2015 de rejoindre formellement la coalition anti-Daech et marchandé l’usage de sa base d’Incirlik aux avions alliés. De plus, depuis 2016 la Turquie flirte ouvertement avec la Russie, au point que de plus en plus d’analystes, notamment américains, discutent ouvertement de l’hypothèse de sa sortie de l’OTAN. Du point de vue sécuritaire, la Turquie a pourtant tout intérêt à rester dans le giron de l’OTAN car elle a impérativement besoin de son appui pour se protéger dans une région qui s’embrase.
Comment résoudre la question kurde ?
La question kurde empoisonne le climat politique turc depuis plus de 30 ans, c’est-à-dire depuis que le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, guérilla marxiste classée sur la liste des organisations terroristes par l’UE et les États-Unis) a déclaré la guerre à l’État turc. Cette guérilla, qui a fait des dizaines de milliers de morts, trouve ses origines dans l’impossible reconnaissance de l’identité kurde en Turquie, depuis l’établissement de la République : des révoltes ont été matées par la force dès les années 1920, pour hâter l’intégration des Kurdes dans le moule national kémaliste. Les Kurdes représentent à l’heure actuelle entre 15 et 20 % de la population du pays. Leurs particularismes ont été systématiquement niés, pas seulement en Turquie mais dans tous les pays du Moyen-Orient où ils constituent une forte minorité : en Syrie, en Irak jusqu’à la guerre du Golfe qui a permis l’autonomisation d’une région kurde, et en Iran.
L’AKP, parti au pouvoir, a adopté dans un premier temps une approche novatrice sur ce dossier : Tayyip Erdoğan considère les Kurdes comme un réservoir de voix ; il a su capter en partie un électorat kurde déçu par les performances des partis à base ethnique et lassé de la violence du PKK. Des concessions culturelles ont été accordées : autorisation limitée de l’usage et de l’enseignement de la langue, lancement d’une chaine de télévision nationale en kurde… Un processus de paix a même été ouvert avec le PKK en 2013, mais il a buté à la fois sur l’absence de programme politique clair de la part du gouvernement et de motivation du PKK pour la paix. Depuis la reprise des hostilités en juillet 2015, le PKK a déclaré l’insurrection urbaine, portant le combat dans les villes ; les autorités turques lui ont répondu par une guerre totale, menant des opérations militaires de grande envergure à l’Est et arrêtant massivement des membres du parti pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples).
La partie s’est compliquée avec la consolidation en Syrie d’un parti kurde militarisé, le PYD, émanation du PKK, qui contrôle désormais un territoire important (presque tout le long de la frontière turco-syrienne) : la Turquie le perçoit comme une menace pour son propre territoire, affirmant que des combattants kurdes syriens prêtent désormais main-forte au PKK.
La reprise du processus de paix est en réalité la seule solution possible, préalable à une négociation politique qui en finirait avec les discriminations en Turquie. Il faudrait y redéfinir la citoyenneté en laissant de côté le critère ethnique, poursuivre les concessions culturelles et envisager une forme de décentralisation administrative. Les Turcs doivent comprendre que les Kurdes de Turquie sont dans leur grande majorité légitimistes : ils souhaitent rester dans le giron de la Turquie, sans être niés dans leurs spécificités. Le plus difficile sera évidemment le désarmement du PKK ; il faudra sans doute s’inspirer d’autres processus de paix – la Colombie a récemment montré l’exemple.
Selon The Japan News, le Japon et l’Inde organisent très prochainementà Tokyo une réunion de leurs vice-ministres chargés des Affaires étrangères et de la Défense, afin de discuter de la situation internationale après l’entrée en service en janvier de l’administration du président américain Donald Trump. Des sources ont indiqué que les responsables japonais et indiens discuteront des mesures qui visent à renforcer davantage la coopération en matière de sécurité, ainsi que des problèmes régionaux des deux pays, dont l’expansion maritime de la Chine. Le Japon et l’Inde, qui ont développé un partenariat stratégique mondial, ont rapidement renforcé leurs relations économiques et sécuritaires ces dernières années. Un approfondissement de cette relation dans le contexte de la nouvelle administration Trump semble nécessaire.
Le Premier ministre Shinzō Abe a tenu son premier sommet officiel avec le président américain Donald Trump les 10 et 11 février. Etant l’allié le plus important du Japon, il était crucial pour Abe de réaffirmer ses liens bilatéraux de sécurité et commerciaux avec les États-Unis, souligne The Japan Times. À bien des égards, le sommet a été considéré comme un grand succès pour Abe. Au cours de leur conférence de presse conjointe, M. Trump a qualifié l’alliance entre les États-Unis et le Japon de « pierre angulaire de la paix et de la stabilité dans la région du Pacifique » et a indiqué l’engagement de son administration à « la sécurité du Japon et de toutes les régions sous son contrôle administratif ».
Bien qu’il y ait peu de doutes quant à la capacité de l’alliance multi-décennale à surmonter quelques tempêtes diplomatiques, les incertitudes demeurent néanmoins concernant l’orientation de l’administration Trump sur la politique étrangère. De telles incertitudes posent un risque de malentendu stratégique pour le Japon, soulignant la nécessité pour Tokyo de rechercher une stabilité stratégique supplémentaire au-delà de l’alliance avec les Etats-Unis. Dans un tel climat géopolitique, le Japon profitera de l’amélioration des liens avec d’autres acteurs régionaux et de liens plus étroits avec l’Inde – un partenaire naturel pour Tokyo.
Le sommet Inde-Japon de 2016 prévoyait un rôle régional plus important pour les deux pays. Partageant une vision commune de la démocratie et n’ayant pas de contentieux historiques comme la Chine ou la Corée, le Japon et l’Inde sont des alliés naturels et sont prêts à étendre la portée de leur coopération économique, stratégique et de défense. Significativement, le Japon est le seul pays que l’Inde a laissé pénétrer dans sa région politiquement sensible du Nord-Est, où Tokyo investit dans des projets de développement socio-économique. Depuis 1981, le gouvernement japonais a fourni à cette région des prêts d’aide publique au développement dans les domaines de l’énergie, de l’approvisionnement en eau, de l’exploitation forestière et du développement urbain. De plus, New Delhi a autorisé pour la première fois les investissements étrangers dans les îles d’Andaman et Nicobar, stratégiquement vitales. En outre, les deux pays ont signé un accord nucléaire civil en 2016, faisant de l’Inde le premier pays non signataire du Traité sur la non-prolifération nucléaire à signer un tel accord avec le Japon.
Les deux pays partagent des inquiétudes quant aux décisions imprévisibles de la politique étrangère de l’administration Trump. Par ses déclarations, ce dernier a mis en question la crédibilité du leadership et de l’engagement des États-Unis envers ses partenaires. Il a présenté le Japon comme un cavalier solitaire (free-rider) qui bénéficie de la garantie de sécurité des États-Unis sans en assumer les coûts. Il a également critiqué les pratiques japonaises en matière automobile et a accusé le Japon de dévaluer sa monnaie.
Or, plusieurs membres de l’ASEAN sont en conflit avec la Chine, conflit portant sur les différends territoriaux en mer de Chine méridionale. Ces tensions, combinées à la possibilité que les États-Unis jouent un rôle réduit dans la région, peuvent rendre certains pays nerveux à la perspective de l’émergence de la Chine en tant que seul acteur dominant sur le plan régional.
Le renforcement des relations sino-indiennes est donc opportun et offre une alternative à la domination sans entrave de la Chine. Le Japon et l’Inde s’engagent déjà auprès d’autres acteurs régionaux : M. Abe a visité les Philippines, l’Australie, l’Indonésie et le Vietnam en janvier afin de promouvoir une coopération étroite, tandis que la politique de «Act East» du Premier ministre indien Modi veut accroître la connectivité avec les pays asiatiques.
Cependant, pour assurer la stabilité régionale, Tokyo et New Delhi devraient également s’engager avec la Chine pour promouvoir des solutions pacifiques aux conflits régionaux. Certains pourraient soutenir que l’Inde n’a pas la volonté politique d’assumer un rôle de leadership plus important dans la région Asie-Pacifique. Cependant, New Delhi s’active déjà à freiner l’emprise de plus en plus grande de la Chine dans les littoraux de l’océan Indien, qui étaient traditionnellement sous la sphère d’influence de l’Inde. Elle peut s’appuyer sur le Japon : à la mi-février, les deux pays ont convenu qu’ils pouvaient jouer un rôle important dans le maintien de la paix et de la stabilité dans la région indo-pacifique. Kiren Rijiju, ministre d’Etat à l’Intérieur, a déclaré que les deux parties ont la responsabilité de maintenir la paix et la stabilité dans la région car elles ne croient pas à la nécessité de la militarisation de cette zone, rapporte The Indian Express. Il a assuré que le Premier ministre Narendra Modi partage une relation chaleureuse avec son homologue Shinzō Abe. Gageons que les deux pays ont intérêt à développer des relations empreintes de chaleur, d’humanité et de coopération stratégique face à la rhétorique parfois glaciale de Washington et Pékin.
La mort d’Etienne Tshisekedi à 84 ans, éternel opposant du pouvoir en République démocratique du Congo et dont la dépouille arrive depuis Bruxelles à Kinshasa le 11 mars, rebat complétement les cartes du jeu politique national. Elle augure mal d’une mise en oeuvre rapide de l’accord de la Saint Sylvestre, signé péniblement entre les divers protagonistes du jeu politique le 31 décembre dernier.
Etienne Tshisekedi, le « Sphinx de Limeté », a incarné à lui seul l’opposition congolaise pendant plus de 30 années de lutte, d’abord contre la dictature de Mobutu (1965-1997), puis contre ses successeurs à la tête du pays : Laurent-Désiré Kabila (1997-2001) et son fils Joseph Kabila depuis 2001. Ce dernier, réélu président en novembre 2011 avec un scrutin marqué par des fraudes massives, disposait d’un mandat qui s’est achevé le 20 décembre, sans que la prochaine élection présidentielle n’ait été organisée.
De sa voix métallique, Etienne Tshisekedi pouvait mobiliser des dizaines de milliers de jeunes des quartiers populaires de Kinshasa, enclins à affronter les forces de sécurité. Un brin mégalomane, autoritaire avec ses troupes et populiste, la manifestation était son arme ultime. Ses sympathisants, les « combattants » et les « parlementaires debout » transmettaient les consignes et les mots d’ordre du chef. Ayant toujours refusé la voie des armes dans un pays traversé par de multiples rébellions depuis son indépendance, le « vieux » maîtrisait mieux que personne la mobilisation populaire pour secouer les régimes successifs. Mais il n’est jamais parvenu à les faire vaciller.
Conclu sous les auspices de l’Eglise catholique, l’accord de la Saint Sylvestre est censé ouvrir la voie à une cogestion du pays entre le pouvoir et l’opposition jusqu’à la tenue d’une élection présidentielle, finalement supposée se tenir fin 2017. Jusqu’à présent, les discussions ont surtout porté prosaïquement sur le « partage du gâteau » : la distribution des rentes, et notamment des portefeuilles ministériels, plus que sur la manière d’organiser en pratique les élections dans le temps convenu.
Les difficultés d’organisation des élections sont considérables dans cet immense pays – cinq fois la superficie de la France – avec de nombreux territoires enclavés, faute d’infrastructures routières. La logistique représente le premier défi. Sans les moyens considérables mis en place par la Mission des Nations unies de maintien de la paix (MONUSCO), encore forte d’un contingent de 20 000 Casques bleus et d’un parc d’aéronefs qui en fait la troisième compagnie aérienne d’Afrique, les élections ne pourraient pas se tenir. Cet appui est indispensable pour aider à l’enregistrement d’environ 40 millions d’électeurs, à transporter le matériel électoral dans les 169 circonscriptions et les 62 000 bureaux de vote, et enfin à contrôler le scrutin. Aujourd’hui, 15 millions de personnes dans 13 des 16 provinces ont à ce jour été enregistrées. Le coût total de l’opération s’élève à 1,3 milliard de dollars.
La majorité, qui avait accepté de reconnaître le statut de président du Conseil de suivi de la transition politique (CNSA) à Etienne Tshisekedi intuitu personae, pourrait être tentée d’exiger un rééquilibrage qui remettra en cause l’accord si péniblement trouvé. De son côté, le Rassemblement de l’opposition tente, non sans mal, de se mettre en ordre de marche : Félix Tshisekedi, le fils, a été nommé président de la formation, tandis que l’ancien ministre des Affaires Étrangères, Pierre Lumbi, a été désigné à la tête du Conseil des sages. Certains suspectent une « infiltration » du pouvoir, d’autres au contraire saluent le fait que le mouvement n’ait pas implosé. Mais tous craignent que le Congo replonge dans la situation du début des années 1990, quand Mobutu au pouvoir était placé dans l’incapacité de gouverner, au point qu’il avait choisi d’aller vivre à Kawele loin des débordements politiques de l’opposition. Mobutu avait le contrôle de l’armée zaïroise ; ce qui n’est pas le cas avec le pouvoir actuel qui n’a pas le contrôle sur toutes les unités des forces de sécurité, dont certaines sont formées d’anciens groupes rebelles encore mal intégrés.
Pendant ce temps à Kinshasa, mégapole chaotique de 12 millions d’habitants, la grogne s’amplifie au sein d’une population largement miséreuse, qui voit ses piètres conditions de vie se détériorer chaque jour avec les pénuries, les délestages, l’inflation et la dépréciation du franc congolais. Le ressentiment s’installe de plus en plus face à tout ce qui ressemble à un corps constitué : pouvoir, opposition, armée prédatrice et même l’Eglise catholique, pourtant encore auréolée de ses années de lutte contre la dictature mobutiste. Dans cette urbanité lézardée, le peuple louvoie, courbe l’échine, « taille le caillou » et amortit les chocs, habitué des coups et des à-coups. Résignés et accablés par le souvenir des divers « pillages » que de précédentes iniquités avaient provoqués, les Kinois savent qu’opposer la révolte face à l’injuste « crise » débouche invariablement sur des conséquences non seulement incalculables, mais plus désastreuses encore.
Les obsèques de Tshisekedi se dérouleront-elles dans le calme ? Quelle sera l’attitude des forces de l’ordre ? Passées les funérailles, la politique reprendra-t-elle ses droits ou plutôt ses mauvaises habitudes ? L’enjeu est une véritable alternance politique mais l’alternance n’appartient pas vraiment à la culture politique congolaise.
La llegada de Donald Trump a la Casa Blanca supone el mayor órdago al sistema multilateral de comercio desde su creación tras la Segunda Guerra Mundial.
Dans cette seconde partie, consacrée à la crise migratoire à Calais depuis 2014, les auteurs montrent comment, entre les élections européennes de 2014 et les élections régionales de 2015, le Front national a progressé à Calais et dans ses environs comme nulle part ailleurs en France. Ils abordent ensuite la question de la délinquance, bien […]
Cet article Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach – Calais : miroir français de la crise migratoire européenne (2) est apparu en premier sur Fondapol.
À Calais, depuis le milieu des années 1990 et l’ouverture du tunnel sous la Manche, la pression migratoire est allée grandissante. Aux réfugiés kosovars ont succédé Afghans, Iraniens, Soudanais ou encore Érythréens, et à la « jungle » pachtoune démantelée à l’été 2009 a succédé, en 2015, la « nouvelle jungle », véritable bidonville en […]
Cet article Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach – Calais : miroir français de la crise migratoire européenne (1) est apparu en premier sur Fondapol.
Le 2 mars dernier, Emmanuel Macron dévoilait son programme. Les affaires stratégiques y sont décomposées en deux parties : Défense et International.
Partant du constat que les menaces sont désormais multiples, il souligne dans un premier temps la nécessité d’opérer un effort à la fois national et européen. Il résume la situation actuelle en trois points fondamentaux :
Il propose alors d’affecter 2% du Produit intérieur brut (PIB) au secteur de la défense d’ici 2022, de moderniser la force nucléaire française en conservant les deux composantes – aérienne et sous-marine[1] –, de conserver une force opérationnelle terrestre de 77 000 hommes et de renforcer la cyberdéfense. Il souhaite également conforter le quartier général européen (indépendant de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord – OTAN), créer un Conseil de sécurité européen pour éclairer les décideurs et activer les groupes tactiques qui n’ont jamais été déployés sur le terrain. Enfin, il propose de diminuer l’opération sentinelle et de composer une garde nationale de 80 000 hommes.
Macron soutient manifestement un effort de défense important. Il est conscient que, s’il a quelque chose à prouver, cela se situe plus sur le terrain régalien – supposé lui être moins familier – qu’économique. Sans doute veut-il dissiper l’idée d’une « citadelle Bercy », dont il est issu, fortement partisane d’une réduction des dépenses militaires.
La partie internationale met en avant l’instabilité du XXIème siècle, traversé par de nouvelles menaces mais également d’immenses opportunités.
Le premier constat est cruel : Selon Emmanuel Macron : « (…) depuis quinze ans, notre influence dans le monde a diminué (…) ce constat est tangible partout ». À l’exception du succès de la COP21, nuance-t-il. La France a perdu du terrain à Bruxelles, mais également au Moyen-Orient, en Afrique et, malgré des efforts récents, demeure peu présente en Asie, en Russie et en Amérique latine. Trois raisons expliquent ce phénomène : émergence de nouveaux acteurs ; incapacité à se réformer structurellement et retrouver une bonne santé économique ; diplomatie erratique qui a amené à la diminution de l’indépendance et du rôle de la France dans le monde. « (…) cette place singulière, cette voix différente, qui nous permet d’être une puissance d’équilibre et de dialogue, en conservant nos valeurs et les moyens de tenir nos engagements. » Il y a là des accents gaullo-mitterrandistes conjugués à la critique d’un affaiblissement d’une diplomatie autrefois plus allante.
Le programme insiste ensuite sur la compatibilité de nos intérêts et de nos valeurs, façon d’assumer la realpolitik sans renier la défense des principes. L‘indépendance, si chère à notre pays, doit être mise en œuvre à la fois par une diplomatie fédératrice et mobilisatrice et la permanence de la dissuasion, clé de voûte de notre architecture de sécurité. Macron ne remet cependant pas en cause la place de la France au sein du commandement militaire intégré de l’OTAN, même si l’élection de Trump ouvre une aire d’incertitudes. En limitant les éventuels élargissements aux Balkans, à la Suède et à la Finlande, il en conserve la porte fermée pour l’Ukraine et la Géorgie. Il propose par ailleurs de limiter les interventions de l’OTAN hors zone et, plus généralement, de n’engager la France dans de nouvelles opérations militaires extérieures que si les conditions d’une sortie de crise politique sont posées. Il soutient un élargissement du Conseil de sécurité des Nations unies à l’Allemagne, au Japon, à l’Inde, au Brésil et à un pays africain.
Il se déclare favorable à une levée des sanctions à l’égard de la Russie, si les accords de Minsk sont respectés.
Son Europe est celle de la défense, construite à partir d’un noyau de pays solidaires face aux crises régionales communes, et la mise en commun des projets et des capacités. Pour lui, les conditions de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE) ne sont pas réunies. Mais la porte ne doit pas lui être fermée. « Notre voix est écoutée et respectée quand elle défend nos intérêts mais qu’elle sait aussi porter un message, regarder et agir au-delà de ces seuls intérêts. » Il préconise d’anticiper une intense pression migratoire que le dérèglement climatique, la croissance démographique, les crises et les inégalités vont provoquer. En priorité ? La création d’une Organisation mondiale de l’environnement. Enfin, il se déclare en faveur d’une initiative globale européenne en vue d’un accord transversal avec la Chine.
Sur le conflit au Proche-Orient, Macron recherche les conditions d’une paix juste et durable qui permette aux deux États de coexister en sécurité. La sécurité d’Israël est pour lui un principe intangible, de même que la légitimité de l’État palestinien. Prudent, il ne précise pas plus son projet sur ce point afin de ne pas braquer les camps fortement opposés en France sur ce sujet. Mais cette ambiguïté est difficilement soutenable à terme. D’autre part, il prône la poursuite de l’ouverture vers l’Iran.
Si le principe de 0,7 % du PIB consacré à l’aide au développement est réaffirmé, il le conditionne à l’amélioration de la situation économique à l’horizon 2030.
Enfin, on remarque qu’Emmanuel Macron évite de récupérer la thèse de la « Troisième Guerre mondiale » ou de l’islamo-fascisme, sur lesquels François Fillon, candidat des Républicains, s’est récemment positionné.
Le programme international du candidat du mouvement « En Marche ! » n’est ni flamboyant ni répulsif mais sérieux et appliqué. Bien sûr, seuls des grands principes sont réellement évoqués. Dans la course à la présidentielle, il est capital pour Emmanuel Macron de montrer qu’il n’évite pas les questions stratégiques.
[1] Quand on entend parfois proposer la suppression de la composante aérienne ou, au moins, la réduction du budget nucléaire militaire.