L’Iran vient de procéder à un essai de tir balistique en mer d’Oman, dans un contexte de tension croissante avec les Etats-Unis depuis l’élection de Donald Trump.
Au vu de ces tirs, comment interprétez-vous les intentions du régime iranien ? Doit-on les considérer comme un acte de défiance vis-à-vis de la communauté internationale ?
Il ne faut pas sur-interpréter ces essais de missiles iraniens comme étant toujours des marques de provocation envers la communauté internationale. Non pas que la provocation n’existe pas en certaines périodes mais, dans ce cas précis, il s’agit plutôt de regarder le budget militaire iranien rapporté au PIB du pays : l’Iran, un pays grand comme trois fois la France, ne fait absolument pas partie des Etats qui dépensent le plus dans leur armée. Des pays comme Israël ou l’Arabie saoudite affichent des dépenses militaires beaucoup plus importantes. En revanche, Téhéran a axé sa politique de défense sur une stratégie de dissuasion depuis le milieu des années 1980. Elle est ainsi basée sur des essais réguliers de missiles et il est compréhensible que, dans une région pour le moins instable, l’Iran entretienne sa politique de défense. Alors que les récentes déclarations du gouvernement américain annoncent une augmentation de budget militaire, il est difficile de critiquer l’Iran d’effectuer des essais de missiles pour maintenir sa politique de dissuasion à visée défensive, sans forcément de volonté de provoquer les Etats-Unis.
En revanche, ces essais mettent-ils l’Iran en situation d’illégalité par rapport au droit international ? L’accord sur le nucléaire de 2015 impliquait que l’Iran ne teste pas de missiles qui puissent porter des charges nucléaires. Or, Téhéran affirme que les missiles testés ne sont pas destinés à porter des charges nucléaires. De ce point de vue-là, on ne peut donc pas affirmer, comme le fait le gouvernement américain, que l’Iran ne respecte pas l’accord de juillet 2015.
Depuis l’élection de Donald Trump, comment ont évolué les relations entre Téhéran et Washington ?
Dès sa campagne électorale, la tonalité de la rhétorique de Donald Trump était très agressive contre l’Iran. Depuis qu’il est au pouvoir, il a prononcé plusieurs déclarations qui dépeignent Téhéran comme l’un des ennemis des Etats-Unis. L’interdiction de visas concerne notamment les Iraniens, qui sont décrits comme des terroristes potentiels. La tonalité prise par Trump est donc violemment anti-iranienne et illustre un réel changement par rapport à la politique de Barack Obama. Alors que l’accord sur le nucléaire avait résulté de longues négociations entre ces deux pays, les déclarations de Trump introduisent une rupture dans cette « normalisation » de la relation irano-américaine.
La position du gouvernement Trump vis-à-vis de l’Iran semble liée à un populisme qui présente l’Islam comme un « danger ». République islamique, l’Iran est donc en prise aux amalgames, consistant à présenter les membres du gouvernement iranien comme des représentants de l’islam radical et à les mettre quasiment au même niveau que Daech. Cela étant, des conseillers au sein même du gouvernement américain essaient de modérer la position étatsunienne, tâchant d’expliquer que l’Iran n’est pas forcément le danger suprême dans la région pour les Etats-Unis et reconnaissant le pays comme un acteur central avec qui il est nécessaire de s’entendre : en Syrie, Téhéran soutient les forces de Bachar al-Assad ; en Irak, l’Iran se bat contre Daech.
Côté iranien, les radicaux, dont le guide Ali Khamenei, sont assez « contents » de l’arrivée de Trump car il représente tout ce qu’ils critiquent chez les Etats-Unis, à savoir un pays anti-iranien et corrompu. Les radicaux sont donc assez satisfaits d’une telle posture car ils peuvent ainsi reprocher à Hassan Rohani d’avoir été trop modéré vis-à-vis de Washington, et ainsi l’affaiblir. Rohani se retrouve donc en difficulté car d’un côté, il doit défendre des acquis dont il a besoin et qui sont importants pour l’Iran comme l’accord sur le nucléaire, afin d’éviter que ces tensions n’accroissent l’instabilité dans la région. De l’autre côté, compte-tenu des attaques de Trump et des accusations des radicaux, Rohani est aussi obligé de répondre en adoptant un discours plus dur envers les Etats-Unis.
Dans trois mois, en mai 2017, auront lieu les élections présidentielles iraniennes. Avec le bilan de Hassan Rohani, qui des radicaux ou des modérés semblent favoris ? Quelles pourraient être les répercussions internationales de ce scrutin ?
Il est toujours compliqué de faire des prévisions d’élections présidentielles mais Rohani est toujours considéré comme favori, malgré un mécontentement du pays par rapport à la situation économique qui ne s’est pas améliorée aussi rapidement que prévu. La force de Rohani réside en fait dans l’absence d’alternative à sa candidature. Si les adversaires radicaux sont opposés à l’accord sur le nucléaire, les Iraniens n’ont pour autant pas oublié la situation économique catastrophique dans laquelle se trouvait le pays avant l’accord lorsqu’il subissait de plein fouet les sanctions. Ainsi, même si Rohani est critiqué pour la situation économique ou aussi parce qu’il n’est pas allé assez loin concernant la question des droits de l’Homme, provoquant le mécontentement des jeunes en particulier, les gens ont conscience qu’il n’existe pas d’autre voie ni d’autre politique possible.
De plus, les radicaux n’arrivent pas à trouver un candidat qui soit suffisamment populaire et qui puisse menacer Rohani. Le seul candidat qui avait une certaine base populaire était Mahmoud Ahmadinejad qui, s’il s’était représenté, aurait pu être une certaine menace pour Rohani. Seulement, le guide lui a déconseillé de le faire.
Même si le président iranien n’a pas tous les pouvoirs, puisqu’il les partage avec le guide, cette élection est importante sur le plan international et sur le plan économique. Beaucoup d’entreprises, notamment européennes et françaises, veulent travailler avec l’Iran. La réélection de Rohani les conforterait dans la vision d’un Iran stable politiquement. Malgré les tensions avec les Etats-Unis, Rohani représente un gouvernement qui croit en la diplomatie, notamment par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Si Rohani était réélu, le gouvernement iranien serait capable de passer des accords avec les pays occidentaux, comme celui sur le nucléaire. Cela représenterait donc une bonne nouvelle pour les pays souhaitant parvenir à des résultats qui puissent permettre la stabilité dans la région, notamment en Syrie, en Irak, voire en Afghanistan.
España debería dejar de ser “base operacional” y avanzar hacia un nuevo paradigma, el de “actor estratégico y socio privilegiado” de EEUU.
Le point de vue de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS
Associate Professor at the University of Athens and Senior Research Fellow at ELIAMEP Dimitri A. Sotiropoulos wrote an article about poverty and inequality in the Sunday edition of To Vima newspaper. The article was published on 12 March 2017 and is available here (in Greek).
President of ELIAMEP, Professor Loukas Tsoukalis spoke on the future of Europe in a interview with Athina 9.84 and journalis Ioannis Papageorgiou. You can accesse the podcast here.
It appears that the EU’s solution to its current directionless and delegitimised state is a multi-speed Europe. It is ironic that the 27-nation bloc prepares to mark 60 years since its founding treaty by accepting that an ‘ever closer union’ is officially no longer on the table. Some will argue that the big four which have been backing this idea, France, Germany, Italy and Spain, are trying to cut their losses short rather than admit failure, which makes embracing divergence, whitewashing growing inequalities within and between states and appeasing populists the optimal strategy. A multi-speed Europe is, in any case, already a reality on the ground, as both the Schengen border-free zone and the eurozone attest. The next logical step for the capable and the willing is to pool resources, generate economies of scale and create structures for a new round of common projects.
Yet, there are a number of problems with regard to this proposition. First, the kind of flexibility implied in multiple speeds, has been in short supply throughout the existence of the European project. Creating pockets of deeper cooperation and enabling a well-regulated flow of ‘ins’ and ‘outs’, on the basis of clusters of interests, simply surpasses the EU’s current technical and institutional capacity. Building it up will take time – time, however, is in equally short supply, considering the pervasive sense of insecurity that Europeans feel and how this is affecting their voting patterns. There is also the issue of preserving the national interest, anchored in a European method of consensus building. In spite of its well-known asymmetries, the EU project allowed for coalitions to be built, for issue linkages to grow and for win-win outcomes to emerge. By its nature, a tiered EU will render such complex interactions difficult, stoking the weaker members’ fear that they will be left behind or isolated. Finally, different speeds may ultimately translate into different classes of membership, contradicting the founding ideals of the Union. It remains a moot point whether the big four can guarantee that the criteria for entering or leaving tiers will be transparent or applied in an equitable manner.
At the same time, the current impasse serves no one, except for the anti-EU, anti-immigration forces. Those who want to integrate faster should have this opportunity. The real question is what kind of political and economic integration would serve the EU project better? The eurozone architecture may act as a stark reminder that economies operating on multiple models cannot co-habit in a monetary union without a fiscal union. A small, exclusive club could have both, dispensing with the laggards locked in a straitjacket of euro rules and austerity. If this thinking is followed through, the real danger then is that a multi-speed Europe will promote uniformity at the expense of unity. Populists would have a field day, as they would seek to project the idea of ‘uniformity’ well beyond immigration policies. Politics could turn poisonous, as European citizens might want to have concrete answers to how the political will to promote mini unions suddenly emerged, when initiatives like the Five Presidents’ Report had been received coldly in the Council, if not with indifference. If the answer is ‘Brexit and Trump happened’, European leaders would have to be aware that planning a shift of this order comes with tremendous responsibility and would require a strategic commitment to unity.
The EU has been good but not excellent at managing diversity. It has created tools, yet left countries struggling with asymmetric burden sharing, as evidenced in the eurozone crisis and the migration crisis. Allowing for significant financial assistance, solidarity has been absent as an organising principle in a Union that bore the promise of shared prosperity and deepening of democracy. Before the capable and the willing proceed, they should take stock of the pervasive sense of insecurity that has enveloped achievers and under-achievers, first-tier, second-tier and third- or fourth- tier European citizens, and fine-tune their preferences in a way that reduces EU-wide feelings of marginalisation and mistrust.’
By Dr Eleni Panagiotarea
Source: Reconnecting Europe blog
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