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Diplomacy & Crisis News

LES PAYSANS SOVIETIQUES

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Le problème de l'adaptation du monde rural aux conditions nouvelles n'a pas non plus trouvé sa pleine solution dans les pays capitalistes.

Mais en U.R.S.S. (et aussi dans les démocraties populaires) on sait que la planification a enregistré des échecs spectaculaires. En parfait technicien M. Jean Chombart de Lauwe analyse les diverses structures mises en place en Union soviétique depuis l'avènement du communisme et examine d'un oeil critique l'origine des difficultés de leur application.

Le Seuil, Paris, 1961.

Un peuple de moutons

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Ce livre a déjà été très commenté lors de sa publication aux Etats-Unis.

On sait sans doute déjà que l'un des co-auteurs du Vilain Américain y a tenté de rééditer le succès obtenu par le précédent ouvrage. Mais le dernier n'offre pas le même attrait du sensationnel, car les prétendus dessous de la politique américaine qu'il veut dévoiler sont déjà largement connus du public averti.

Robert Laffont, Paris, 1962.

Explication de l'Espagne

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Dans une Europe en pleine expansion économique et en voie de création, l'Espagne fait figure de pays sous-développé, qui n'a pas même accompli sa réforme agraire.

Le peuple espagnol est malade de son passé : son scepticisme général, l'atonie de la classe ouvrière, l'inexistence d'une opposition politique ne s'expliquent, en effet, que par les souvenirs d'une violente guerre civile ayant dégénéré en une dictature paternaliste qui, contrairement au fascisme italien, n'a pas engendré une politique économique de prestige. L'Espagne aurait pu tenter un rapprochement politique et économique avec ses anciennes colonies d'Amérique latine ; elle a préféré la solution de facilité, la servitude envers Washington. Toutefois, dans cet immobilisme Eléna de la Souchère décèle un mécontentement profond qui est mis en lumière par l'agitation sociale de 1951 ou les grèves actuelles et par la littérature espagnole contemporaine.

Grasset, Paris, 1962.

Par M.-F. G.

Malaise dans la représentativité syndicale

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 00:00
La première place conquise par la CFDT, au détriment de la CGT, a bousculé le paysage syndical dans le secteur privé. De là à en conclure que les salariés rejettent le « syndicalisme de contestation » et plébiscitent un « syndicalisme de compromis », il y a pourtant un pas qu'il serait erroné de franchir. (...) / , , , , - 2017/06

« Années de plomb » ou décennie de subversion ?

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 00:00
Écrit par le romancier et poète Nanni Ballestrini et par Primo Moroni, dont la librairie milanaise fut un haut lieu du militantisme extraparlementaire, publié une première fois en 1988, l'ouvrage La Horde d'or a une histoire aussi mouvementée que son sujet. Remanié et complété en 1997 par Sergio (...) / , , , , , , , , - 2017/06

Perec, le refus du désenchantement

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 00:00
Les œuvres de Georges Perec (1936-1982) sont désormais dans la Bibliothèque de la Pléiade : « tous les textes publiés du vivant de l'auteur », de 1965 à 1982, qu'on peut « penser-classer » selon les quatre champs par lui labourés, et qu'il énumère dans ses Notes sur ce que je cherche de 1978 : (...) / , , , , , , - 2017/06

Cuves nucléaires

Le Monde Diplomatique - Wed, 31/05/2017 - 15:05

L'article d'Agnès Sinaï « Le talon d'Achille du nucléaire français » (mai) a suscité des réactions contradictoires. Affirmant que « tout est vrai », M. Jacques Terracher entend ajouter plusieurs points.

La teneur mesurée dans les ségrégations est de 0,30, soit presque le double de la teneur normalisée, ce qui explique l'importante dégradation de la résilience. La valeur de la résilience de la cuve EPR a été mesurée à 36 joules par centimètre carré alors qu'elle devrait être supérieure à 60. C'est la première fois que cette valeur est publiée. Elle prouve que l'acier n'est pas conforme à la norme. L'ASN [Autorité de sûreté nucléaire] le sait, d'où ses hésitations à annoncer sa décision.

Pour les générateurs de vapeur remis en service après examens au début de l'année, le problème est exactement le même : les aciers (du même type avec une très faible différence de teneur en carbone) ne sont pas conformes. EDF a masqué le défaut (...).

La Commission européenne a autorisé l'État français à recapitaliser Areva pour une valeur de 4,5 milliards d'euros à condition que l'Autorité de sûreté nucléaire déclare la cuve de l'EPR bonne pour le service. Lourde responsabilité pour l'ASN.

D'autres lecteurs ont trouvé cette enquête trop « à charge ». M. Gérard Petit, retraité du secteur nucléaire, considère notamment que le démarrage imminent des réacteurs de Taishan, en Chine, démontrera la faisabilité du concept EPR. Il précise plusieurs points et propose d'autres interprétations.

Mon propos est d'abord de m'étonner qu'à partir d'un fait avéré, certes révélateur de carences techniques et organisationnelles, on puisse décrédibiliser toute une industrie et lui dénier un futur.

Je comprends bien qu'un tel événement, déjà largement médiatisé, et présenté à raison comme le énième ennui de l'emblématique EPR, donne aux adversaires de l'électronucléaire l'occasion de pousser leur avantage.

Même pour des ingénieurs familiers de ces techniques, comprendre l'origine des écarts et en apprécier l'importance pour la tenue des pièces concernées n'a rien de trivial, entre autres parce que plusieurs disciplines pointues sont en en interaction.

Ce n'est évidemment pas une raison pour renoncer à informer sur la situation. Si l'auteure de l'article appréhende avec talent le Meccano industriel autour du nucléaire, elle est moins au fait des questions techniques sous-jacentes qui souvent le déterminent. (...)

Des chiffres mentionnés mesurant la résilience (36 joules mini, 52 joules moyenne) sont qualifiés de « désastreux » comparés à la valeur réglementaire de 60 joules, un vocable sans nuance qui n'a pas grand sens, celui, utilisé plus loin, d'écart « de premier ordre » étant plus pertinent. (...)

On coule d'abord des lingots, et c'est ensuite qu'ils sont forgés. C'est durant le refroidissement des lingots massifs que se créent les hétérogénéités dans le matériau et donc celles, plus grandes qu'attendu, qui nous occupent ici. (...)

Plus loin est évoquée la diminution de la résilience des pièces sous l'effet du bombardement neutronique, ce qui est exact et pilote d'ailleurs la durée de vie des cuves, sauf que couvercle et surtout fond de cuve ne voient pratiquement pas de neutrons.

Par ailleurs, l'arrêt d'urgence d'un réacteur, une situation normalement rencontrée en exploitation, ne crée pas de contraintes fortes sur les matériaux. La situation est différente si l'injection de sécurité est déclenchée, une situation beaucoup moins fréquente et qui d'ailleurs sert de référence pour l'étude de la propagation de fissures dans le matériau. (...)

Plus loin, on cite Bernard Laponche, qui qualifie de « complexité sans fin » ce qui n'est qu'un phénomène inhérent à tout processus de fonderie-forgeage, qu'il faut bien sûr encadrer par des critères. Avec de tels considérants, on n'aurait jamais fait le programme nucléaire, et c'était d'ailleurs son vœu.

Plus loin, il est fait mention de nombreux générateurs de vapeur du parc nucléaire existant nécessitant des investigations supplémentaires. À ma connaissance, celles-ci ont été menées et ont permis à tous les réacteurs concernés de redémarrer, sauf deux dont Fessenheim 2, cas développé plus loin.

Le grand carénage, qui devrait permettre aux centrales ayant atteint quarante années de fonctionnement de prolonger leur fonctionnement au-delà pour dix, voire vingt ans, est présenté comme exclusivement coûteux, alors que c'est un potentiel considérable de production de courant décarboné par des machines dotées d'un niveau de sûreté commensurable avec celui de l'EPR.

Quant à l'impossibilité de remplacer certains composants, typiquement la cuve et l'enceinte de confinement, c'est bien sûr en connaissance de cause que les prolongations précédentes sont programmées, l'évolution des potentiels de ces composants étant d'ailleurs, avec les considérations économiques, le paramètre pilote.

On parle plus en aval d'une pression qu'EDF et Areva exerceraient sur l'ASN (implicitement en la mettant devant le fait accompli...). S'il est vrai qu'une décision-couperet serait lourde de conséquences, il n'y a pas de raison de penser que l'ASN se déroberait, surtout dans le temps présent, où le nucléaire n'a pas le vent en poupe.

Enfin, je ne vois vraiment pas en quoi la construction dans des délais remarquablement courts et l'exploitation sans à-coups majeurs de près de soixante réacteurs assurant depuis des lustres un approvisionnement électrique fiable, bon marché et décarboné du pays constituent une « arrogance techniciste », pas plus que le fait d'avoir imaginé un nouveau réacteur, l'EPR, conçu comme ne pouvant être ni agressé ni agresseur. Après un trop long temps de latence et des réorganisations industrielles dommageables, il s'est hélas révélé plus difficile à construire qu'escompté, sauf en Chine...

Pauvreté, couteau entre les dents, génies du bien, souverainistes, impasse universitaire

Le Monde Diplomatique - Wed, 31/05/2017 - 15:04
Pauvres chez les riches

Passé de 10 % en 2000 à 16,7 % en 2015, le taux de pauvreté en Allemagne inquiète le Fonds monétaire international (FMI), qui propose pour le réduire de bonnes vieilles recettes.

En dépit d'un filet de sécurité sociale bien développé et d'une hausse de l'emploi au cours des dernières années, le risque relatif de pauvreté fait l'objet d'une attention soutenue. L'inégalité des revenus (mesurée par le coefficient de Gini) est restée largement stable au cours de la dernière décennie et se situe près de la médiane européenne. Néanmoins, on observe une augmentation du taux de risque de pauvreté. (...) Si le risque de pauvreté ne reculait pas, il faudrait prendre en considération un passage en revue du ciblage et de l'efficacité de certains avantages sociaux. Les politiques de lutte contre la pauvreté devraient viser à préserver la réussite des réformes passées du marché du travail. FMI, Conclusions de la mission de consultation de 2017 au titre de l'article IV, 15 mai. Couteau entre les dents

Dans un article consacré à la droite américaine, Doug Henwood décrit une réception donnée à New York par un riche avocat à la fin du XIXe siècle.

En février 1897, l'avocat Bradley Martin et sa femme Cornelia organisèrent un bal costumé au très chic hôtel Waldorf Astoria. Le banquier J. P. Morgan se déguisa en Molière. L'homme d'affaires John Jacob Astor s'habilla en Henri de Navarre ; il portait une épée recouverte de joyaux. Pas moins de cinquante femmes s'étaient déguisées en Marie-Antoinette — et Mme Martin portait un collier qui avait appartenu à la famille royale. Mais les hôtes étaient si inquiets que des « hommes de tendances socialistes » puissent interrompre les festivités qu'ils disposèrent des agents de sécurité autour de l'hôtel et qu'ils firent fermer les fenêtres du rez-de-chaussée à l'aide de clous. Le luxe extravagant de ce bal suscita un tel tollé dans la population que la famille Martin déménagea en Angleterre peu après la réception.

Comparons avec la fête donnée en 2007, au Park Avenue Armory, pour les 60 ans du financier Stephen Schwarzman — l'homme qui possède le plus grand salon de Manhattan. Mille cinq cents de ses amis les plus proches étaient invités et le chanteur Rod Stewart assurait l'animation. Le principal souci de sécurité concerna alors les paparazzis. « From Margins to Mainstream », Jacobin, 10 février.

Génies du bien

Les émissions américaines de fin de soirée ont-elles indirectement joué en faveur de l'élection de M. Donald Trump en multipliant les signes d'élitisme et de racisme de l'intelligence ? C'est ce que suggère Caitlin Flanagan dans The Atlantic.

Lorsque John Oliver déclara aux téléspectateurs que, s'ils étaient opposés au droit à l'avortement, ils feraient mieux de changer de chaîne jusqu'à la dernière minute de l'émission, où on leur montrerait « une adorable bande de paresseux [l'animal]  », il synthétisait parfaitement la tonalité de ces shows : l'idée que lui et ses admirateurs sont moralement et intellectuellement supérieurs à ceux qui défendent l'une ou l'autre des croyances politiques de droite. (...) Bien que destinés aux personnes distinguées des États démocrates, ces spectacles sont une involontaire mais puissante forme de propagande pour les conservateurs. Lorsque les républicains entendent ces moqueries cinglantes — dont l'écho se répercute dans les journaux télévisés du matin et les commentaires des clips viraux du jour —, ils n'y voient pas seulement l'œuvre d'une poignée de comiques qui les parodient. Ils voient HBO, Comedy Central, TBS, ABC, CBS et NBC. En d'autres termes, ils voient exactement ce que Donald Trump leur a enseigné : tout le paysage médiatique les déteste, eux ainsi que leurs valeurs, leur famille et leur religion. Dès lors, il n'est pas illogique qu'ils en viennent à imaginer que les « vraies » émissions d'information sur ces chaînes sont dirigées par des personnalités ayant le même parti pris. « How Late-Night Comedy Fueled the Rise of Trump », mai. Souverainistes irréconciliables

Donnée largement gagnante des futures élections provinciales par les sondages, une alliance entre le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) a été refusée par les délégués de ce parti, explique Le Devoir.

La membre du comité antiraciste Dalila Awada a convaincu ses consœurs et confrères de ne pas succomber au « chant des sirènes des gains électoraux » en misant sur des pactes de non-agression avec le PQ afin d'accroître le nombre de députés solidaires à l'Assemblée nationale. « On a tous et toutes très hâte que QS ait une plus grande marge de manœuvre pour travailler. On le mérite. On est rendus là. Mais, pour les communautés racisées au Québec, l'ennemi est double. Il s'incarne à la fois dans le néolibéralisme et dans le racisme. Le Parti québécois, aujourd'hui, porte en lui ces deux bêtes », a-t-elle déclaré durant le débat. « Les délégués de Québec solidaire refusent de s'allier aux péquistes », 21 mai. Impasse universitaire en Algérie

Jugeant l'université algérienne impossible à réformer en raison « de la corruption, de la violence et de la cooptation » qui y sévissent, le sociologue algérien Nacer Djabi annonce sa décision de la quitter. Le quotidien francophone El Watan y voit la fin d'une génération de penseurs qui n'a jamais cessé de résister à la régression scientifique.

Il est de cette génération pleinement engagée dans la production d'un discours critique sur l'état du pays. « Cette mise à mort est un choix politique des décideurs, parce que moins coûteux. Il arrive à l'université ce qui est arrivé aux entreprises publiques qu'on a fini par brader et vendre au dinar symbolique », constate implacablement Nacer Djabi. Une orientation qui révèle un choix stratégique d'avenir pour le pays, engagé par le pouvoir politique : celui de la reproduction des élites dans de grandes écoles étrangères. (…) En somme, la fin de sa carrière universitaire que le sociologue vient de signer est loin d'être un coup de colère. Elle nous dit tout le drame de l'École, de l'Université, de l'État et de la société propulsés dans une impasse historique. Hacen Ouali, « [La fin de la pensée critique…] », 22 mai.

Transgressions

Le Monde Diplomatique - Wed, 31/05/2017 - 15:04

« Nous sommes sur un nuage. » C'est ainsi que M. Pierre Gattaz a résumé l'euphorie qui gagnait les milieux patronaux après l'accession à l'Élysée de M. Emmanuel Macron. Celui-ci venait alors de décupler la félicité du président du Mouvement des entreprises de France (Medef) en rejetant les offres de services de son ancienne rivale, Mme Laurence Parisot, pour nommer premier ministre un ancien directeur général des services de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), M. Édouard Philippe.

Un grand frisson a parcouru les chefferies éditoriales lors de la désignation d'un gouvernement dont les membres émanaient des partis socialiste, radical de gauche, Les Républicains et Mouvement démocrate (MoDem) « en même temps ». Mais les commentateurs se sont gardés de préciser la nature de la « transgression » célébrée dans une multitude de quotidiens et de magazines.

Après une élection par défaut, l'ambition présidentielle est de construire une majorité politique pour imposer rapidement un choc de précarité, en particulier par l'inversion de la hiérarchie des normes. Les employeurs pourront faire prévaloir des accords d'entreprise moins favorables que les conventions de branche ou que la loi, non seulement en matière d'organisation du travail, mais aussi de salaires. Une application de cette croyance largement partagée par les élites : le salut de l'économie française passerait par une plus grande « compétitivité coût ».

Aucune majorité sociale (1) n'appuie une telle politique, déjà largement rejetée lors du passage en force de la loi travail, en 2016. On n'en trouvera pas davantage pour soutenir le choc d'inégalités induit par la suppression de l'impôt sur la fortune pour les valeurs mobilières (actions et obligations). En témoignent le résultat de M. Macron au premier tour de l'élection présidentielle rapporté au nombre d'inscrits (le plus faible de la Ve République après 1995 et 2002), l'absence d'adhésion à son « programme » (16 % parmi ses soutiens (2)) tout comme le record d'abstentions, de votes blancs et nuls enregistrés au second tour.

Annoncé comme une version française du modèle scandinave, le projet porté par le nouveau président représente en définitive son contraire, en ignorant la dimension égalitaire et redistributive qui a permis les succès nordiques.

Un tel choc produira peut-être des effets statistiques sur la courbe des demandeurs d'emploi, mais beaucoup plus certainement des contusions sociales, par l'explosion du nombre de travailleurs indigents, à l'heure où même le Fonds monétaire international s'alarme de la hausse du risque de pauvreté induite par le modèle allemand. L'obligation faite aux chômeurs d'accepter un emploi au rabais libérera enfin le renard dans un poulailler fermé à double tour.

En définitive, la transgression « en marche » consiste à user de tous les ressorts du jeu électoral : le gouvernement « par le peuple », mais jamais « pour le peuple » (lire l'article page 10). À la décharge du nouveau président, cette dérive découle des institutions. En choisissant de solenniser son « triomphe » au Louvre, comme pour effacer un certain 10 août 1792, qui vit à cet endroit le peuple français s'émanciper de Louis XVI, il a d'ailleurs revêtu l'habit du monarque républicain.

(1) Lire Bruno Amable, « Majorité sociale, minorité politique », Le Monde diplomatique, mars 2017.

(2) « Comprendre le vote des Français », enquête Ipsos Sopra Steria, 6 mai 2017.

Les années folles

Le Monde Diplomatique - Wed, 31/05/2017 - 15:04

À leurs yeux, l'orage est passé, l'élection de M. Donald Trump et le Brexit sont presque conjurés. La large victoire de M. Emmanuel Macron a enthousiasmé les milieux dirigeants de l'Union européenne. Un de leurs commentateurs assermentés, ronronnant de bonheur, estimait même qu'il s'agissait du « premier coup d'arrêt décisif à la vague populiste (1)  ». Profiter de l'instant pour faire passer en force le programme néolibéral de la Commission européenne démange donc les nouveaux gouvernants français, qui ont le code du travail dans leur viseur. Une orientation politique identique sera désormais incarnée à Paris par un homme plus jeune, plus cultivé et moins radicalement dépourvu d'imagination et de charisme que son prédécesseur ; les miracles de la communication et du « vote utile » permettent de travestir ce léger changement en un basculement historique ouvrant la voie à toutes les audaces. L'effacement du clivage entre les deux camps que chante une presse occidentale en pâmoison devant son nouveau prodige relève lui aussi de la fantaisie : gauche et droite françaises appliquent en effet à tour de rôle la même politique depuis 1983. Dorénavant, des pans entiers de l'une et de l'autre se retrouvent dans un même gouvernement, demain dans une même majorité parlementaire. La clarté y gagne, mais c'est tout.

L'incrustation au pouvoir d'une droite espagnole corrompue, la victoire des libéraux aux Pays-Bas, le nouveau bail gouvernemental promis, peut-être imprudemment, aux conservateurs britanniques et allemands, suggèrent que le temps des colères qui a marqué l'année dernière pourrait s'être essoufflé faute de débouchés politiques. L'élection de M. Macron sur fond de drapeaux bleu et or, sa visite immédiate à Berlin signalent en tout cas que les grandes orientations européennes défendues par la chancelière Angela Merkel seront reconduites avec vigueur. Pour les Grecs, elles viennent de déboucher sur une amputation de 9 % de leurs pensions de retraite ; les experts ne se disputent que pour déterminer s'il s'agit de la treizième ou de la quatorzième du genre. Quant à M. Trump, dont certaines foucades et rodomontades inquiétèrent un instant les chancelleries occidentales, la normalisation de sa présidence est bien avancée ; son empêchement, organisé en cas de nécessité. Il ne manquerait plus pour garantir tout à fait la sérénité des timoniers du vieux monde qu'un retour au pouvoir de M. Matteo Renzi en Italie dans les mois qui viennent.

Au cours des années 1920, constatant qu'après une ère de grèves et de révolutions la plupart des États européens — en particulier le Royaume-Uni et l'Allemagne — avaient retrouvé leur régime de croisière, l'Internationale communiste dut concéder la « stabilisation du capitalisme ». Soucieuse de ne pas désarmer pour autant, elle annonça en septembre 1928 que l'accalmie serait « partielle, temporaire et précaire ». De sa part, l'avertissement parut mécanique, logomachique même ; c'était alors l'euphorie des possédants, les Années folles. Le « jeudi noir » de Wall Street éclata un an plus tard.

(1) Alain Duhamel, « Macron : première victoire contre le populisme », Libération, Paris, 10 mai 2017.

La France et le monde après l’élection présidentielle : un parfum de Méditerranée


Article paru dans L'Orient Le Jour  (Beyrouth)

Emmanuel Macron a donc remporté l'élection présidentielle française, et nommé son Premier ministre, lequel a constitué son gouvernement. Plusieurs constats provisoires peuvent être dressés, en attendant l'installation ou la confirmation des équipes. En premier lieu, la France ne connaîtra pas le grand aggiornamento, voire le changement d'alliance, que la victoire d'autres candidats aurait pu impliquer. Ensuite, des inflexions subtiles sont tout de même notables, qu'il convient de prendre au sérieux. Enfin, la connaissance de la Méditerranée et du Proche-Orient est solide dans les nouvelles équipes présidentielles et gouvernementales.

Une ligne gaullo-mitterrandienne?
Contrairement à ceux des candidats qui prônaient un rapprochement fort avec Moscou (François Fillon), parfois jusqu'à l'alliance (Le Pen, Mélenchon), le nouveau président a rappelé son attachement à l'Alliance atlantique (en dépit de réserves sur l'actuel président américain), et surtout, l'ancrage européen de la France. Pour le Proche-Orient, cela signifie que l'option d'un soutien français au régime syrien de Bachar el-Assad et à son allié iranien s'éloigne. Entre virage poutinien et fuite en avant néoconservatrice, il semble qu'un retour à une tradition gaullo-mitterrandienne, qui avait prévalu jusqu'à la fin du second mandat de Jacques Chirac, se soit finalement imposé.
La nomination de Jean-Yves le Drian aux Affaires étrangères est celle d'un homme qui, en tant que ministre de la Défense de François Hollande, a préparé des frappes sur le régime de Damas en 2013, et regretté qu'elles n'aient pas eu lieu (en raison du recul américain, comme on le sait). L'arrivée de Sylvie Goulard à la défense est celle d'une femme pour qui l'Europe a compté plus que tout dans sa carrière. On peut imaginer que la dimension euro-méditerranéene ne lui est pas étrangère.

Changements de titulaires, changements d'appellation
Conclure à la pure continuité serait néanmoins erroné. De toute évidence, les nouveaux maîtres de l'exécutif n'ont pas souhaité que des habitudes s'installent ou soient considérés comme acquises sur certains dossiers. Le Drian aurait pu rester à la Défense, et Sylvie Goulard être nommée aux Affaires européennes. Par ailleurs, le portefeuille du premier s'intitule désormais « Europe et affaires étrangères », et celui de la seconde « ministère des Armées ».
Sans préjuger de la pratique à venir, on entrevoit de possibles implications dans le changement de sémantique. L'Europe est une priorité, et elle n'est pas tout à fait « étrangère ». La défense est certes un ensemble d'enjeux qui ne sont pas tous purement militaires (lutte contre les cyberattaques, renseignement antiterroriste...), mais la dimension armée en est totalement assumée, avec ses implications (interventions extérieures par exemple) et la nécessité de pendre soin de son outil (les hommes comme les matériels).

Un Orient familier
Parmi les quelques déplacements à l'étranger effectués par le nouveau président au cours de sa campagne électorale, pas moins de quatre ont eu lieu dans le monde arabe : Tunisie, Liban, Jordanie, Algérie (les autres ont eu lieu en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux États-Unis). Dans les équipes élyséennes et les cabinets ministériels directement en lien avec l'international, on devrait compter plusieurs connaisseurs du Moyen-Orient, dont des diplomates qui ont été en poste au Liban. Ailleurs, le nouveau ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, fut aux côtés de Dominique de Villepin, dont on connaît l'attachement à la région Méditerranée. La nouvelle ministre de la Culture Françoise Nyssen, patronne des éditions Actes Sud, n'est pas non plus, à ce titre, dénuée de sensibilité pour cette zone.
Cela ne permet aucunement de prédire la politique qui sera mise en œuvre et qui sera, comme toujours, dictée par les soubresauts de l'actualité internationale. Par ailleurs, les élections législatives constitueront un moment charnière pour l'avenir de cette équipe. Mais à tout le moins, il est permis de penser que le Proche-Orient ne sera ni un objet de découverte ni d'indifférence dans le quinquennat qui s'annonce.

Après l’élection : réconcilier les Français avec le monde



Article paru dans The Conversation

Sur le plan de la seule politique française, le premier constat de cette élection aux rebondissements inédits a déjà été établi, et ses ressorts seront disséqués par les spécialistes de sociologie électorale : le Président élu, Emmanuel Macron, représentait à 39 ans la nouveauté et donc l’inconnu dans cette campagne. Les candidats des deux partis de gouvernement ont été désavoués, terminant troisième (François Fillon) et cinquième (Benoît Hamon) de la compétition. Marine Le Pen a réussi pour la deuxième fois en quinze ans à porter l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle, incarnant davantage la colère que la nouveauté (depuis 1974). Depuis 43 ans, il y a toujours eu un candidat de la famille Le Pen aux présidentielles, à l’exception de 1981.
Mais le regard doit se porter aussi sur les significations internationales de la campagne. Le débat, les prises de position des principaux candidats, ont montré des inflexions importantes dans le rapport que la France entretient avec le monde.
De la peur de la mondialisation à la tentation autoritaire ?Sur les quatre candidats arrivés en tête du premier tour, et qui rassemblaient près de 85 % des suffrages exprimés, trois d’entre eux ont développé un message critique à l’égard de l’Union européenne, dont deux – Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon – particulièrement virulents, remettant en cause l’idée européenne elle-même. Il faut, en réalité, ajouter à cette dynamique les scores de la plupart des petits candidats (Dupont-Aignant, Asselineau, Cheminade…). A part Emmanuel Macron et Benoît Hamon, l’immense majorité des candidats de l’élection de 2017 n’adhérait donc plus au projet européen tel qu’actuellement développé.
Sur cette thématique portée courageusement compte tenu de l’atmosphère générale, Emmanuel Macron était bien seul. Il l’a emporté largement, à la fois par rejet du FN, et par crainte de l’aventurisme-amateurisme de sa dirigeante sur des questions comme celle de l’euro. Pour autant, sa victoire ne vaut pas résurrection soudaine de l’enthousiasme européen en France.
On retrouve plus largement, chez les mêmes candidats (Le Pen, Mélenchon, Fillon dans une moindre mesure, plus Dupont-Aignan et quelques autres moins significatifs), la tentation d’une rupture en matière de politique étrangère, parfois jusqu’au retournement d’alliance, autour d’un ensemble rhétorique mêlant critique de la domination américaine, volonté d’une révision de notre relation à l’OTAN, et surtout souhait d’un rapprochement fort avec la Russie de Vladimir Poutine.
Les liens assumés de plusieurs candidats (surtout Le Pen, Fillon, Mélenchon) avec le dirigeant du Kremlin, le soutien qui leur a été apporté par les médias pro-russes (de Sputnik à RT), la proposition reprise par deux candidats (Mélenchon et Fillon) d’une conférence sur les frontières en Europe de nature à entériner les avancées russes en Ukraine et en Géorgie, auraient été difficilement imaginables sans réaction notable, il y a encore cinq ans.
Cette affinité avec le dirigeant russe va de pair avec un discours porté sur la restauration de l’autorité, et pour certains (Fillon, Le Pen) avec la défense de la chrétienté, qui amène ainsi à proposer de soutenir le régime de Bachar al-Assad au nom de la protection des chrétiens d’Orient. Au final, c’est bel et bien un rapprochement avec des régimes au mieux semi-autoritaires qui est en vogue. Là encore, Emmanuel Macron aura été presque le seul candidat à souligner la dimension positive de l’appartenance au projet européen, et à un projet démocratique libéral. Cela représentait 24 % des suffrages exprimés au premier tour.
La nécessité d’un message fort Lire la suite dans The Conversation 

Dictionnaire de stratégie

Politique étrangère (IFRI) - Wed, 31/05/2017 - 09:00

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Rémy Hémez, chercheur au sein du Laboratoire de Recherche sur la Défense (LRD) de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage d’Arnaud Blin et Gérard Chaliand, Dictionnaire de stratégie (Perrin, 2016, 1120 pages).

La réédition en poche de ce Dictionnaire de stratégie écrit par Arnaud Blin, stratégiste et historien, et Gérard Chaliand stratégiste lui aussi et spécialiste des conflits asymétriques, constitue un petit événement. Il s’agit là d’une nouvelle édition d’un ouvrage de référence paru en 1998 et épuisé depuis longtemps, qui n’est pas une simple réimpression mais une mise à jour, avec l’ajout d’une vingtaine d’entrées inédites, dont : « Daech », « 11 Septembre », « Drone » ou encore « Cyberguerre », échos des évolutions stratégiques de ces vingt dernières années.

On retrouve dans ce dictionnaire les entrées traitant des théories et principes de la stratégie, de la typologie des guerres, des grands capitaines ou des batailles majeures. Chaque article est suivi d’une courte bibliographie. Sont annexées à l’ouvrage une chronologie des grandes batailles de l’histoire, mises en parallèle avec les principaux ouvrages stratégiques et doctrines militaires, ainsi qu’une longue bibliographie qui a été mise à jour.

Dans une nouvelle introduction qui sert de fil directeur à l’ouvrage, les auteurs cherchent à dresser une généalogie mondiale de la stratégie, renouant ainsi avec une vision globale à laquelle Gérard Chaliand nous a habitués au moins depuis son Anthologie mondiale de la stratégie. Cette généalogie est d’abord parcellaire, « les civilisations restant en général murées sur elles-mêmes », mais comprend les classiques militaires chinois, ou encore les écrits byzantins au Moyen Âge. La Renaissance voit les Européens renouer avec l’Antiquité. Au XVIIIe siècle, la pensée stratégique européenne s’épanouit. Les idées révolutionnaires apportent le concept de guerre absolue. Le premier tiers du XIXe siècle et l’industrialisation provoquent de profonds changements, donnant en particulier au feu une puissance redoutable. Cette époque est d’une exceptionnelle fécondité stratégique (Moltke, Ardant du Picq, Mahan, etc.). Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les penseurs se familiarisent avec la pensée stratégique, prenant en compte les réflexions sur l’histoire passée, les campagnes militaires, la géographie, la technologie, etc. La fin de la Seconde Guerre mondiale marque une rupture plus importante encore que celle de la Révolution : avec le feu nucléaire, une révolution qualitative et non plus quantitative est en marche, qui oblige la stratégie à se penser en termes nouveaux.

Dans cette même introduction les auteurs reviennent sur l’évolution de la guerre depuis 1998. Au cours de cette période, le fiasco irakien et l’échec relatif en Afghanistan ont souligné la difficulté, pour les États les plus puissants technologiquement, à produire des stratégies efficaces. Par ailleurs, aux conflits idéologiques du XXe siècle ont succédé, non sans surprise, des conflits à caractère religieux. Les progrès technologiques continuent de peser sur les stratégies : révolution informatique, robotisation, cyber, etc. Mais la nature même de la guerre n’a pas changé, et elle reste « l’arbitre final des relations internationales ».

Ce Dictionnaire de stratégie – même si l’on eût aimé une mise à jour plus générale – reste donc une référence incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à ce domaine, à la guerre ou aux relations internationales. Son rapport qualité/prix imbattable le rend de plus très attractif.

Rémy Hémez

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Doing Business at the Horn of Africa

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Wed, 31/05/2017 - 00:00
(Own report) - German authorities are seeking to enhance German influence in Ethiopia, a country of strategic significance at the Horn of Africa, using several business conferences. Ethiopia is currently regarded as one of the continent's booming countries. Its double-digit growth rates over the past few years have also aroused German business interests. Berlin and Addis Ababa have been closely cooperating in warding off refugees, where Ethiopia's well armed repressive forces have proven very effective partners. The German government is also seeking to intensify its military cooperation with Ethiopia. The Ethiopian armed forces are engaged in the African Union's (AU) efforts to hold down the conflicts in Somalia and prevent them from becoming a serious threat to maritime trade around the Horn of Africa. At times, this includes the use of brutal repression of the Somali civilian population.

Politique étrangère n° 2/2017 : votez pour (é)lire votre article préféré !

Politique étrangère (IFRI) - Tue, 30/05/2017 - 10:48

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Zbigniew Brzezinski (1928-2017)

Politique étrangère (IFRI) - Mon, 29/05/2017 - 11:18

Zbigniew Brzezinski vient de disparaître.

L’ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter avait écrit plusieurs articles pour la revue Politique étrangère. Ses articles les plus anciens peuvent être consultés sur la plateforme Persée. Sa contribution la plus récente, « Towards a Security Web » (Politique étrangère, n° 5/2009) peut être lue sur Cairn.

La biographie intitulée Zbigniew Brzezinski. Stratège de l’Empire (Odile Jacob, 2015) a par ailleurs fait l’objet d’une recension dans notre revue (Politique étrangère, n°3/2016).

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Dissenting Japan

Politique étrangère (IFRI) - Sat, 27/05/2017 - 09:00

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Estelle Zufferey propose une analyse de l’ouvrage de William Andrews, Dissenting Japan: A History of Japanese Radicalism and Counterculture from 1945 to Fukushima (Hurst, 2016, 356 pages).

« Le clou qui dépasse sera enfoncé. » C’est ce célèbre proverbe japonais, souvent utilisé pour souligner le prétendu côté conformiste et conservateur de la société japonaise, que William Andrews, écrivain et traducteur établi à Tokyo, tente de remettre en question, en présentant un historique des mouvements dissidents au Japon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au lendemain de la triple catastrophe du 11 mars 2011.

L’auteur, à travers une série de chapitres précis et documentés, revient sur la formation et la disparition souvent douloureuse de différents mouvements radicaux d’extrême gauche et d’extrême droite qui ont marqué l’après-guerre japonais, et qui frappent par leur complexité et leur violence. Il évoque ainsi la rage des associations étudiantes lors des manifestations ANPO des années 1960 contre le traité de coopération très contesté entre les États-Unis et le Japon, les dérives sectaires de l’Armée rouge unifiée (Rengô Sekigun) qui a traumatisé le Japon par ses excès autodestructeurs, ou encore les attentats terroristes et détournements d’avion coordonnés par l’Armée rouge japonaise (Nihon Sekigun) dans les années 1970.

L’auteur s’attarde également sur des mouvements plus mineurs et rarement étudiés dans la littérature occidentale, tel le Front armé antijaponais d’Asie de l’Est, à l’origine de plusieurs attentats contre des grandes corporations japonaises, qu’il accusait de soutenir l’impérialisme et le colonialisme japonais ; ou des groupes plus communautaires comme celui de la Yamagishi-kai, qui prônait une vie sans argent et sans hiérarchie où tous travailleraient pour tous, et qui fut dans les années 1970 accusée de tendances sectaires et d’avoir aussi pratiqué le lavage de cerveau.

Cet ouvrage est particulièrement pertinent pour comprendre le contexte post-Fukushima, qui a vu renaître des mouvements contestataires de plus en plus actifs, contre l’énergie nucléaire, mais aussi plus récemment contre la réinterprétation de l’article 9 de la Constitution. Même si ces groupes pacifistes évitent les dérives radicales de leurs prédécesseurs, ils sont volontiers associés aux manifestations étudiantes des années 1960-1970 qui avaient mobilisé la population.

Il est également intéressant de noter que, de même que les manifestations plus anciennes s’inscrivaient dans un mouvement de contestation plus global (comme les manifestations étudiantes en Corée du Sud ou en Hongrie des années 1960), les jeunes leaders japonais des mouvements étudiants des années 2014-2015 s’identifient volontiers à ceux du « mouvement des tournesols » à Taïwan, ou de la « révolution des parapluies » à Hong Kong au printemps et à l’automne 2014.

William Andrews mentionne également le silence obstiné des médias et le mépris des politiques à l’égard de ces mouvements, ainsi que leur répression sévère et systématique par le gouvernement, ce qui rend la formation de groupes de contestation extrêmement difficile. Les mouvements évoqués par l’auteur ont pour la plupart finalement échoué dans leurs objectifs, et été oubliés par la majorité de la population, quand ils n’ont pas été condamnés fermement, en particulier pour leur violence.

Dissenting Japan est un ouvrage très bien documenté et agréable à lire, qui intéressera les japonologues, et plus généralement toute personne attirée par la société japonaise contemporaine et les mouvements de protestation des nouvelles générations.

Estelle Zufferey

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With Africa in spotlight at G7 summit, Secretary-General Guterres urges investment in youth

UN News Centre - Sat, 27/05/2017 - 07:00
At the Group of Seven (G7) summit in Italy, United Nations Secretary-General António Guterres today called world leaders to invest in young people, with stronger investment in technology and relevant education and capacity building in Africa.

Donald Trump’s Malarial Fever Trip

Foreign Policy - Fri, 26/05/2017 - 23:24
When Donald Trump departed on his maiden overseas trip, it was impossible to resist the comparison with the last time a president got out of town to escape such a vortex of scandals: the summer of 1974, when Richard Nixon jetted to the Middle East and Moscow just weeks before Watergate consumed him.

Trump’s Budget Is American Caesarism

Foreign Policy - Fri, 26/05/2017 - 23:22
On militarism, exhaustion, and decadence.

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