(B2) L’Union européenne doit reconsidérer sa relation avec les Etats-Unis et l’OTAN pour faire émerger une stratégie de défense européenne. C’est ce qu’a défendu Jolyon Howorth, professeur émérite à la Harvard Kennedy School, durant les seconds entretiens européens de la défense à Paris jeudi (16 mai)
Face à la création d’une armée européenne, trois obstacles…
Les Américains s’inquiètent des conséquences d’une défense européenne pour leur leadership. Les Britanniques jouent l’ambivalence pour ne pas froisser les États-Unis. Les Européens peinent à se mettre d’accord sur la marche à suivre. Trois obstacles qui ont fait « échouer » les deux premières tentatives de forger une armée européenne, la Communauté Européenne de Défense (CED) dans les années 1950 et la première version de la politique de défense (la PESD ou politique européenne de sécurité et de défense) à la fin des années 1990 début 2000, et qui continuent à freiner les nouvelles initiatives.
Les Américains, d’accord sur le principe d’une défense européenne
Les Américains, souvent critiqués pour le retard que prennent les initiatives européennes en matière de défense, n’étaient pas toujours défavorables à l’idée et ne s’y « opposent pas par principe, au contraire ». Mais une question les taraude, celle des « conséquences pour le leadership de l’Alliance, voire pour son avenir » si une défense européenne crédible devait se former. D’où l’ambivalence des États-Unis sur cette idée que Eisenhower regardait pourtant en 1951 comme un des objectifs de l’Alliance, idée légitimée par les multiples injonctions américaines à augmenter les budgets européens de défense. Cette position confuse s’inscrit dans le débat existentiel qu’est la définition de la prochaine « grand strategy américaine », explique Jolyon Howorth.
… mais des inquiétudes subsistent sur leur leadership au sein de l’Alliance
Après « quarante ans de leadership incontesté des alliés européens », le courant « liberal hegemon » qui définit la politique des Etats-Unis depuis longtemps se voit contester par les partisans de « l’offshore balancing ». Lesquels prônent un repli américain sur « un nombre fort limité de bases stratégiques » et un « transfert aux Européens de la responsabilité principale de leur propre sécurité ». La question reste ouverte alors que Donald Trump « semble s’y associer », sans toutefois « comprendre un instant le sens profond de ce débat stratégique ».
Les Britanniques, réfractaires à toute intégration européenne
Les Britanniques ont été, eux, « beaucoup plus réfractaires que les Américains au projet dès le début ». Et ils continueront de « freiner l’avancée des Européens vers une autonomie stratégique », rendant l’axe Paris-Berlin « d’autant plus urgent ». La vision britannique est celle d’une sécurité européenne bâtie sur une « clé de voûte » : l’OTAN. Les Européens étant simplement relégués à un rôle « complémentaire ». C’est pourquoi « Londres a bloqué toute avancée » qui aurait pu mener à une armée européenne tout en réclamant pourtant « à cor et à cri » un « engagement inconditionnel » à la sécurité européenne, selon le professeur, lui-même British. Pourtant fermement soutenue par Winston Churchill dès le début, la défense européenne a vite inquiété outre-Manche, le Royaume-Uni anxieux de « préserver le partenariat avec les États-Unis ». Le pays avait par exemple refusé la CED dès 1953, craignant que « le succès de l’armée européenne n’entraîne le désengagement américain ».
Les Européens indécis et divisés
Mais au final, les Européens sont leurs propres ennemis. Les divisions nationales sur la manière de construire l’Europe persistent et se retrouvent, « de façon profonde, au sein des familles politiques ». Mais avec le nouveau contexte géostratégique, de plus en plus complexe et multidimensionnel, « l’Union européenne ne peut plus se permettre le luxe de ses divisions internes ». Il faut repenser notre stratégie pour « passer de l’Europe de la défense, à la défense de l’Europe ». Ces divisions cristallisent l’opposition entre « l’intégrationnisme » prôné par Monnet et « l’intergouvernementalisme », selon le modèle gaullien. La politique de sécurité et de défense commune (PSDC) a, depuis Saint-Malo, et la déclaration franco-britannique de 1998, été développée dans le cadre de ce dernier, un modèle « de plus en plus mis en question ». Les dernières évolutions en matière de défense nous placent à nouveau « face à la confrontation de ces deux méthodologies contradictoires ».
Trois défis majeurs aujourd’hui
Définir une stratégie européenne propre
Il faut développer une « grand strategy » à l’européenne martèle Jolyon Howorth. L’un des problèmes fondamentaux de la première version de la PSDC fut son « manque d’ambition » par « crainte de froisser » les Américains. Pourtant, « la seule ambition qui vaille pour l’Union européenne est d’assumer sa propre défense collective ». Et donc d’arrêter de penser qu’il est impossible pour l’Europe de se défendre sans le soutien américain. Et il faut « pouvoir s’adapter à la nouvelle donne planétaire ». « Après Trump, il n’y aura pas de retour à la case départ ».
À quel prix
« L’armée européenne ne s’achètera pas parmi les soldes de chez Tati ». Les États membres de l’OTAN ont dépensé « 264 milliards de dollars » sur les questions de défense en 2018. Si tous les pays avaient atteint l’objectif fixé par l’OTAN de 2% du PIB, cela aurait majoré la somme de « près de 102 milliards de dollars ». Mais une armée européenne autonome pourrait représenter jusqu’à « 467 milliards de dollars supplémentaires » rappelle l’universitaire, se basant sur une étude récente du International Institute for Security Studies (IISS) qui fait l’hypothèse d’un retrait américain d’Europe. Un engagement conséquent donc.
Et avec qui ?
Si beaucoup pensent que l’armée européenne sera forgée « à l’extérieur de l’OTAN, sans les Américains, voire contre », Jolyon Howorth n’en est pas persuadé. Une armée européenne ne doit pas être construite contre les Américains, mais « en bonne intelligence avec eux ». Car l’Alliance ne va pas se dissoudre de sitôt. Et elle peut avoir un rôle moteur alors qu’il existe actuellement « quatre-vingt projets de coopération » entre l’OTAN et l’UE, et que les Américains « n’arrêtent pas de nous demander des efforts accrus, de nous encourager à assumer le leadership stratégique dans notre voisinage ». Il faudrait plutôt revenir au scénario initial : une alliance « rééquilibrée » dans laquelle les Européens « prennent graduellement la part du lion » et les Américains jouent « le rôle de facilitateurs ». Pour former une alliance qui ne soit pas « structurée par la dépendance, encore moins par la servitude ».
(Coline Traverson st.)
B2 est partenaire média des seconds entretiens. Le programme de la journée : Les 2e entretiens de la défense. C’est le 16 mai. D’autres articles suivent…
Lire aussi
L’occasion ratée de la CED. La France suscite la Communauté européenne de défense puis la tue
Cet article Entretiens européens de la défense 2019 (1) : une ‘grand strategy’ pour l’Europe (J. Howorth) est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) Notre collègue du Soir, Jurek Kuczkiewicz, a obtenu une interview (exclusive) très intéressante d’Emmanuel Macron. Le président français décrit non seulement l’avenir européen, mais aussi le futur des institutions après les élections européennes. On a ainsi une vision un peu plus claire des différents critères qu’il entend suivre pour la nomination du futur ‘Top Chef’ européen
Charles Michel et Donald Tusk dans une embrasure de fenêtre au Conseil européen en mars 2019 : ils ne discutent sans doute pas de la bonne recette de ragoût (crédit: Conseil de l’UE)Même si le président français, fidèle à lui-même, prêche pour… plusieurs paroisses, superposant plusieurs noms, on peut distinguer une petite dizaine de critères (numérotés entre crochets ci-dessous) qui sont utiles pour discerner les profils des futurs dirigeants européens selon lui.
Parité, engagement européen, légitimité forte…
Les trois premiers critères indiqués par le chef de l’État sont ceux de la parité, de l’engagement politique, européen, et de la ‘forte légitimité’.
« On a besoin de femmes et d’hommes [1] qui connaissent bien l’Europe [2], ont une légitimité forte [3] et correspondent au projet de coalition de progrès [4] que je souhaite […] »
Si les deux premiers (parité, engagement européen) sont des critères déjà formalisés, ceux de la légitimité et de la majorité de progrès apparaissent comme étant nouveaux.
… membres d’une coalition de progrès
Ce quatrième critère, le leader du parti La République en Marche le détaille. Il appelle à la formation d’une nouvelle coalition regroupant libéraux et démocrates (ALDE – En Marche), socio-démocrates (S&D), écologistes (Verts) et certains chrétiens-démocrates, tentant au passage de fracturer au maximum l’axe de la grande coalition (PPE / S&D) actuellement au pouvoir au plan européen.
« Aujourd’hui le Parlement européen connaît une majorité entre les socialistes et les conservateurs. Il faut une coalition plus large, et où les équilibres seront beaucoup mieux respectés. Il faudra œuvrer à construire cette coalition de progrès et d’avenir, avec des dirigeants comme Charles Michel, Mark Rutte, Antonio Costa et d’autres encore. […], en travaillant avec les sociaux-démocrates, avec une partie des chrétiens-démocrates et des écologistes. »
Le président français entend éclater le parti populaire européen (PPE), avec la mise à l’écart de ses éléments moins progressistes (hongrois mais aussi autrichiens ou croates). Il refuse aussi tout lien automatique fait entre le candidat du PPE aux élections européennes et la future tête de la Commission européenne. « Il ne faut pas faire de mauvais compromis d’appareil » indique-t-il, refusant ainsi tout ‘petit arrangement à l’européenne’ (pour paraphraser un ministre des Affaires étrangères).
Cinquième critère : pas de Spitzenkandidat
Emmanuel Macron répète ainsi son refus du système des têtes de liste. « Je ne me sens pas engagé par le système des « spitzenkandidaten ». « Il y a des dirigeants parmi ces candidats qui ont les qualités que j’ai évoquées » dit-il poliment, histoire de ne pas insulter l’avenir. Mais on voit très bien que ce n’est pas vraiment vers là qu’il tourne son regard. « Il y a aussi des dirigeants autour de la table du Conseil qui peuvent y prétendre. »
Sixième critère : une expérience gouvernementale nécessaire pour la Commission européenne
Emmanuel Macron redit surtout son critère préféré, celui de réserver le poste de président de la Commission européenne à un ancien responsable de premier plan européen… Un critère respecté jusqu’ici (1), mais qu’il élargit à l’expérience au niveau européen.
« A mes yeux, l’expérience au plus haut niveau gouvernemental ou de la Commission européenne est indéniablement un critère important. »
NB : ce critère élimine quasiment tous les Spitzenkandidaten, à commencer par Manfred Weber, mais aussi Margrethe Vestager, un temps pressentie par les libéraux et démocrates pour être leur candidate à la tête de la Commission et devenue l’égérie de la presse. Un seul pourrait passer entre les gouttes : Frans Timmermans, aujourd’hui vice-président de la Commission européenne.
Deux critères supplémentaires : équilibre et consensus à ne pas oublier
Le président rappelle les deux critères, très politiques, qui font que le système de Spitzenkandidat est irrationnel : la nécessité d’avoir un équilibre géographique (Nord Centre / Sud, Est / Ouest) et géopolitique (petits et grands pays), et d’avoir le consensus entre les chefs d’État et de gouvernement.
« Ce sera une question d’équilibre le jour d’après [7], et de capacité à construire un consensus entre nous [8]. »
Neuvième critère : la mixité générationnelle
Le président ajoute à cette notion d’équilibre celui de la mixité générationnelle qui ne figurait pas jusqu’alors dans les critères écrits ou non écrits pour les présidences européennes.
« Une expérience [peut être] plus ou moins longue car je souhaite que toutes les générations soient représentées. »
Des noms, quels noms ?
Plusieurs noms sont cités par le chef de l’État : le Portugais Antonio Costa (socialiste) ou le Néerlandais Mark Rutte (libéral), mais il y en a deux autres qu’il commente particulièrement (sur question du journaliste).
Michel Barnier dans la short list
Le critère générationnel parait pouvoir éliminer la candidature de Michel Barnier. Mais le président rattrape le fil…
« Indéniablement, Michel Barnier est un homme qui a de grandes qualités. [Il] l’a encore démontré dans la manière de gérer les négociations avec les Britanniques. Il fait donc partie des dirigeants européens qui ont des qualités éminentes et qui peuvent faire partie de cette liste. »
… mais le Belge Charles Michel a plus la cote apparemment
L’hôte de l’Elysée fait un éloge particulièrement appuyé du Premier ministre belge, Charles Michel.
« Ses qualités comme son parcours le qualifient totalement pour faire aussi partie des personnes qui pourraient avoir de légitimes ambitions européennes. […] Sur le dossier migratoire et sur la relation avec l’Afrique, qui sont pour moi un sujet essentiel, et sur les sujets de coopération en matière de sécurité, de la zone euro et de la solidarité à l’intérieur de cette zone, sur la politique climatique, nous avons une ambition commune, une vraie communauté de vues. »
C’est normal, on est dans un journal belge. Un quotidien portugais l’aurait interrogé, on aurait sûrement eu un hommage appuyé à Antonio Costa (socialiste). Mais de façon objective, le dirigeant belge réunit plusieurs des critères susmentionnés (2) : légitimité européenne, majorité de progrès, expérience, jeunesse, …
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Un critère suivi inexorablement depuis plus de vingt ans : le Luxembourgeois Jacques Santer en 1994, l’Italien Romano Prodi en 1999, le Portugais José-Manuel Barroso en 2004 et 2009, et à nouveau un Luxembourgeois Jean-Claude Juncker en 2014, étaient tous d’anciens Premiers ministres.
(2) Le dirigeant belge a un handicap, son alter ego au sein du Mouvement réformateur (les libéraux belges), Didier Reynders, qui est candidat au poste de secrétaire général du Conseil de l’Europe. Cela pourrait faire un peu beaucoup… A moins que les deux rivaux de toujours aient choisi d’exporter leurs rivalités sur le terrain européen.
Cet article Top chef : Finis les petits arrangements à l’européenne. Les neuf critères de sélection d’Emmanuel Macron est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) Le déploiement de la première opération extérieure de l’agence Frontex en Albanie n’est pas anodin. Ce n’est pas une simple évolution. C’est un peu plus
Policiers slovènes au premier plan, le directeur de l’agence Frontex Fabrice Leggeri à droite, en Albanie au lendemain de l’opération (crédit : Agence frontex)Une perte de primauté extérieure pour la PSDC ?
Cette étape revêt, en effet, une grande signification politique au niveau des outils de l’Union européenne utilisés en matière de politique extérieure. Jusqu’à présent, la gestion de crise en matière de stabilisation ou de renforcement de l’Etat de droit en dehors de l’Union européenne était plutôt du domaine de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). L’Union européenne a ainsi déployé, sous ce vocable, des missions civiles d’assistance aux frontières en Libye (EUBAM Libya) ou des missions Etat de droit avec un volet frontières (EULEX Kosovo). Une mission mixte est aussi déployée en Ukraine et Moldavie, autour de la Transnistrie sécessionniste (sous contrat de la Commission européenne mais assimilable aux missions PSDC). EUBAM Moldova Ukraine est typiquement une mission de type Frontex.
Un subtil distinguo
Un subtil distinguo semble se dessiner aujourd’hui : les opérations de Frontex sont plutôt des missions de courte durée, de renfort et de sécurité intérieure, dans les pays du voisinage Balkans, tandis que les missions de la PSDC semblent être de plus longue durée, dans des pays ‘plus à risque’, où l’instabilité sécuritaire prime. Mais ce distinguo n’est indiqué nulle part. Et rien n’interdit de penser que ces missions pourraient aussi se déployer en Tunisie, au Liban… si la nécessité s’en fait sentir. Chacun pourra aussi se rappeler que ce sont dans les Balkans qu’ont démarré les missions PSDC…
Une coordination nécessaire
Il faudra bien veiller à ce qu’il y ait une bonne coordination entre les missions de sécurité intérieure, type Frontex, et les missions d’État de droit, type PSDC. Ce n’est pas une pure théorie : les deux structures vont se retrouver très rapidement dans la même zone, en Serbie (où EULEX est déployée de l’autre côté de la frontière, au Kosovo) ou en Bosnie-Herzégovine (avec EUFOR Althea).
Commentaire : une bonne nouvelle au final
Ces remarques mises à part, cette irruption de l’agence Frontex dans le champ ‘extérieur’ semble une bonne chose. Il est logique qu’un corps européen de garde-frontières projette son expertise là où il peut être le plus utile : le voisinage immédiat ou proche. Cela va sans doute obliger la politique de sécurité et de défense commune à recentrer ses activités sur son objectif primaire : la stabilisation de zones de crise, voire le maintien de la paix, dans des zones complexes, instables.
Une mission militaire ou civile de crise n’est pas faite pour se déployer dans un pays où on peut se promener dans les rues les mains dans les poches… ou faire ce que peuvent faire très bien une petite équipe de conseillers au sein d’une délégation (ambassade) de l’Union européenne.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour : la partie ‘analyse’ a été détachée de l’article originel, pour plus de lisibilité, et complétée.
Cet article Deux outils de gestion de crise à l’extérieur est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) Pour le corps européen de garde-frontières, plus connu sous son acronyme Frontex, c’est un peu une première aujourd’hui (22 mai), avec un premier déploiement hors des frontières européennes en Albanie
Policier européen déployé en Albanie (crédit Frontex)L’agence européenne va déployer 50 agents, 16 voitures de patrouille et 1 véhicule équipé d’un appareil de vision thermique, venant d’une douzaine d’États membres de l’UE. Des moyens qui viennent des pays voisins (Autriche, Croatie, Roumanie et Slovénie) bien sûr mais aussi d’ailleurs. Ont ainsi contribué des pays du Nord-est de l’Europe (Lettonie, Estonie, Finlande), de l’Est (Pologne, Tchéquie), la France, l’Allemagne et les Pays-Bas.
Sécuriser la frontière albanaise
Objectif, comme le précise son directeur, Fabrice Leggeri : « aider l’Albanie en matière de contrôle aux frontières et de lutte contre la criminalité transfrontalière ». « Nous ouvrons un chapitre entièrement nouveau dans notre coopération avec l’Albanie et avec l’ensemble de la région des Balkans occidentaux en matière de migration et de gestion des frontières » a indiqué de son côté, dans un communiqué, le commissaire européen chargé des Migrations, Dimitris Avramopoulos.
Des opérations à venir dans la zone Balkans
C’est la première opération conjointe des garde-frontières européens sur le territoire d’un pays non membre de l’UE, mais certainement pas la dernière. Elle symbolise le passage d’une étape pour l’agence de garde-frontières. L’agence intervenait déjà en renfort des États membres, mais exclusivement sur le territoire de ces derniers. Désormais, elle pourra intervenir en dehors. Ces interventions auront lieu, pour l’instant, uniquement dans les pays du voisinage des Balkans. Outre l’Albanie, des accords ont déjà été signés ou sont en passe de l’être avec la plupart des pays de la région (Serbie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord). Des accords permettant le déploiement de policiers et garde-frontières européens, à la demande de ces pays, sur des tâches bien assignées et une durée limitée.
La souveraineté albanaise préservée
Soyons précis : les garde-frontières européens n’ont pas de mandat exécutif. C’est l’Albanie qui reste « responsable en dernier ressort de la protection de ses frontières ». Le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes est seulement là pour « lui prêter soutien et assistance en matière tant technique qu’opérationnelle » ainsi que le précise l’agence Frontex. Mais les Européens ne resteront pas juste dans des bureaux. Ils seront là aux frontières « pour aider leurs collègues albanais à effectuer des vérifications aux points de passage frontaliers, par exemple, et à empêcher les entrées non autorisées ». Précision supplémentaire apportée par l’agence Frontex : « Toutes les opérations et tous les déploiements à la frontière entre l’Albanie et la Grèce seront effectués en plein accord avec les autorités albanaises et grecques ».(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire commentaire : deux outils de gestion de crise à l’extérieur
Mis à jour : la partie ‘analyse’ a été complétée et fait l’objet d’un article à part pour plus de lisibilité
Cet article Première opération extérieure de l’agence Frontex est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Carnet (22.05.2019). Agenda (Sommet de mai et sommet de juin). Opérations (EUNAVFOR Med génération de force. EUTM Robustes. Comité militaire. EUTM Somalia visite). PESC (sécurité, PESC, majorité qualifiée et Italie). Défense (Appel d’offres OTAN. Armée européenne concept. Grèce avions PatMar. Espagne cyber-défense). Diplomatie (Somalie Mogherini. Kenya sécurité. Iran-USA. Ukraine Accords de Minsk. Chine opposant. Laos dialogue). Voisinage (UE-Ukraine président. UE-Arménie rapport). Pouvoirs (Brexit référendum, Convention européenne). Elections 2019 (Sondages Pologne, Roumanie, Pays-Bas). est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Les drones américains Reaper, incontournables dans les opérations européennes est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Un amiral français nommé chef de l’état-major de l’Union européenne est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Focus sur le conseil de la Défense (14 mai 2019) est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.