Sans combat, les talibans ont repris le contrôle de Kaboul ce week-end, marquant la fin d’une reconquête fulgurante de l’Afghanistan suite au retrait des forces américaines. “Tournant historique” pour Emmanuel Macron, “développement absolument amer” selon Angela Merkel : les mots des Européens marquent la gravité de la situation.
Réunis mardi 17 août en fin d’après-midi autour de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept ont évoqué la situation. Et ont souligné l’importance d’une transition en douceur : “Le processus de négociation entre le gouvernement afghan et les Talibans offrait la meilleure chance de parvenir à une solution qui garantisse la sécurité et la coexistence pacifique en Afghanistan et dans la région”, a fait savoir Josep Borrell dans un communiqué à l’issue de cette réunion.
“Le pays a besoin d’une solution politique durable et inclusive qui protège les droits des femmes et permette aux Afghans de vivre en sécurité et dans la dignité”, a de son côté déclaré le président du Parlement européen David Sassoli.
Asile et migrationsLes pays du sud de l’Europe comme Chypre, Malte, la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, anticipent quant à eux une nouvelle vague migratoire, causée par un afflux de réfugiés afghans. Ces Etats ont demandé que la situation des futurs réfugiés soit mise à l’ordre du jour de la réunion des ministres européens de l’Intérieur ce mercredi 18 août.
Certaines voix ont appelé de façon nette à accueillir les réfugiés afghans qui souhaitaient quitter le pays. “L’asile doit être accordé à ceux qui risquent d’être persécutés”, a ainsi twitté David Sassoli lundi 16 août.
Si elle s’est dit prête à un accueil “contrôlé” des réfugiés les plus vulnérables mardi, la chancelière Angela Merkel a de son côté directement fait référence à la crise migratoire de 2015 : “nous ne devons pas répéter l’erreur que nous avons faite dans le passé en ne donnant pas assez de moyens au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et en laissant les gens quitter la Jordanie et le Liban à destination de l’Europe”. Une analyse proche de celle d’Emmanuel Macron, pour qui “l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle”. “Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent”, a-t-il poursuivi lors de son allocution lundi 16 août, précisant que “la France fait et continuera de faire son devoir pour protéger ceux qui sont les plus menacés”.
Mais la question ne fait pas l’unanimité. Le gouvernement hongrois, connu pour son refus de l’accueil de migrants au cours de la crise migratoire de 2015, manque ainsi à l’appel des soixante gouvernements qui, dimanche dernier, appelaient dans une déclaration commune à autoriser les Afghans qui le souhaiteraient à quitter leur territoire.
Les pays occidentaux évacuent pour l’instant leurs ressortissants vivant en Afghanistan ainsi que les nombreux Afghans qui ont aidé les puissances occidentales pendant des années, comme les traducteurs. “La sécurité des citoyens européens, du personnel et de leurs familles est une priorité à court terme”, a exprimé le président du Conseil Charles Michel. Près de 400 personnes ont en effet travaillé pour la délégation et les missions de l’UE en Afghanistan. Les équipes de l’Union sont sous la protection des Etats-Unis ainsi que des Etats membres, qui peuvent notamment mettre en place des ponts aériens et délivrer des visas pour faciliter leur exfiltration. A ce sujet, Josep Borrell a particulièrement remercié l’Espagne, l’Italie et la France pour leur soutien sur place lors d’une conférence de presse mardi 17 août.
“Nous devrons discuter avec eux”Au-delà de l’urgence humanitaire, reste à savoir quelles relations les Etats européens entretiendront à long terme avec un Afghanistan dirigé par les talibans. “Nous devons entrer en contact avec les autorités de Kaboul, quelles qu’elles soient. Les talibans ont gagné la guerre”, a concédé Josep Borrell à l’issue de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères mardi. “Nous devrons discuter avec eux afin d’engager un dialogue, dès que nécessaire, pour éviter une catastrophe humanitaire et une potentielle catastrophe migratoire”, a ajouté le haut représentant. A la question de savoir si les talibans d’aujourd’hui, qui cherchent une reconnaissance internationale, avaient changé par rapport aux fondamentalistes de la fin des années 1990, Josep Borrell a été assez clair : “Ils se ressemblent, mais ils parlent mieux anglais”.
Le président français a pour sa part martelé lundi que le pays “ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été”. “C’est un enjeu pour la paix, la stabilité internationale contre un ennemi commun : le terrorisme et ceux qui le soutiennent”, a poursuivi Emmanuel Macron. Paris et Londres ont convenu d’une initiative commune au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, et le Premier ministre britannique Boris Johnson souhaite une réaction coordonnée du G7.
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Les ONG environnementales slovènes ont appelé le ministre de l’Infrastructure Jernej Vrtovec à faire usage du statut de la Slovénie, à la tête de la présidence de l’UE, pour amorcer les discussions sur la sortie du bloc du Traité sur la charte de l’énergie (TCE).
Tous les ans, la Commission européenne adresse à chacun des 27 pays membres une série de recommandations, dans lesquelles elle suggère un certain nombre de réformes économiques et sociales à mettre en œuvre. En 2019, elle a par exemple demandé à l’Espagne d’augmenter ses impôts ou de réduire ses dépenses pour limiter son déficit public, et à l’Allemagne d’augmenter ses investissements.
Pourquoi la Commission adresse-t-elle des recommandations aux États membres ?Ces “recommandations spécifiques par pays” constituent l’aboutissement du Semestre européen, une procédure instaurée en 2011 en réaction à la crise économique, qui avait particulièrement touché le continent européen. A l’époque, la Commission européenne soulignait dans une communication les raisons poussant à renforcer la coordination économique, budgétaire et sociale jusque-là insuffisante.
Elle estimait notamment que “le fonctionnement de l’Union économique et monétaire a été soumis à des tensions particulièrement fortes parce que ses règles et ses principes sous-jacents n’ont pas été respectés par le passé”. Un fonctionnement remis en cause par les “déséquilibres budgétaires et les autres déséquilibres macroéconomiques”. Enfin, la Commission indiquait que “l’assainissement des finances publiques [nécessitait] de fixer des priorités et de faire des choix difficiles”.
À LIRE AUSSIDéficit : qu’est-ce que la règle européenne des 3 % ? De quoi se compose le Semestre européen ?Le Semestre européen fixe un agenda annuel, qui débute par un état des lieux de l’économie européenne en novembre, et s’achève avec des recommandations pour chacun des pays, proposées par la Commission en mai puis adoptées par le Conseil en juillet.
Non contraignantes, celles-ci ont ensuite vocation à être prises en compte par les gouvernements, notamment dans l’élaboration de leurs programmes nationaux de réforme élaborés jusqu’à la fin de l’année. Les mesures contenues dans les recommandations peuvent porter sur un large éventail de thèmes : finances publiques, systèmes des retraites, fiscalité, éducation, formation professionnelle, lutte contre le chômage, etc.
Le calendrier (simplifié) du Semestre européenLa pandémie de Covid-19, survenue au printemps 2020, a chamboulé le processus du Semestre européen.
Ainsi, le 20 mai 2020, lors de la présentation des rapports par pays, le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis déclarait que le “paquet ‘Semestre européen’ du printemps [avait] été remodelé et rationalisé de manière à guider nos États membres à travers la tempête. Dans l’immédiat, notre objectif est d’investir dans la santé publique et de protéger l’emploi et les entreprises”.
Les orientations et les mesures prises dans ce contexte tranchent alors avec l’austérité qui a marqué la précédente crise économique. “Il sera vital d’éviter de répéter les mêmes erreurs que par le passé. L’investissement avait été la première victime des mesures prises il y a 10 ans […] si nous gardons cette approche, nous allons devoir sacrifier nos priorités à long terme”, affirmait de son côté Paolo Gentiloni, commissaire à l’Économie.
Afin de répondre à cet objectif, l’exécutif européen avait identifié quatre types de mesures pour les États membres :
Les recommandations adressées à la France en 2020 découlaient de ces quatre grandes priorités, avec quelques particularités. Elles insistaient par exemple sur l’importance de mettre en place “des mesures de soutien à la liquidité des entreprises, en particulier pour les petites et moyennes entreprises”. Toujours concernant les entreprises, les pouvoirs publics étaient invités à “réduire les charges administratives pesant sur les entreprises et à simplifier le système fiscal”.
À LIRE AUSSIDe “Next Generation EU” à “France Relance” : quels liens entre les plans de relance européen et français ?En 2021, l’exercice est de nouveau adapté, afin “d’être coordonné avec la facilité pour la reprise et la résilience”, rappelle l’exécutif européen. Ainsi, seules des recommandations d’ordre budgétaire ont été adressées aux États membres, laissant de côté celles d’ordre structurel. Pour bénéficier des fonds de Next Generation EU, chaque pays a du soumettre un plan national de relance et de résilience, corrélé aux recommandations faites en 2019 et 2020. La Commission rappelle en effet que ces documents “doivent fournir une explication détaillée de la manière dont les recommandations par pays sont prises en compte”.
Si certains Etats membres ont d’ores et déjà reçu un versement équivalent à 13 % du montant total alloué, le versement du reliquat sera conditionné au respect de certains objectifs et étapes intermédiaires, dont la mise en place de réformes en lien avec les recommandations du Semestre européen.
Si les recommandations restent relativement similaires d’un pays à l’autre cette année, en raison du choc symétrique ayant touché l’ensemble du continent, ce ne fut pas toujours le cas. En 2019, les recommandations faites à la France encourageaient par exemple le projet de loi porté par le gouvernement concernant la réforme des retraites, objet de nombreuses contestations sociales à travers le pays. Sont-elles suivies par les États membres ?N’étant jusqu’ici pas contraignantes, les recommandations du Semestre européen sont-elles réellement suivies par les Etats membres ? En 2017, lors de la présentation des recommandations annuelles, la Commission a publié une évaluation de leur mise en œuvre globale depuis leur création en 2011.
Mise en œuvre globale des recommandations par pays 2011-2016 jusqu’à présent (évaluation pluriannuelle) - source : Commission européennePremier constat, le taux de “mise en œuvre intégrale” des recommandations est très faible : seulement 9%. Les réels progrès constatés restent même majoritairement mineurs puisqu’ils sont jugés “substantiels” ou mieux dans seulement 24% des cas.
Ces chiffres cachent par ailleurs des disparités fortes selon les domaines. Selon le site de la Commission européenne, “la plupart des progrès ont été réalisés dans le domaine des services financiers et des politiques de l’emploi”. A l’inverse, le taux de mise en œuvre devient “particulièrement faible” pour les recommandations “visant à élargir l’assiette fiscale, celles dans le domaine de la santé et celles relatives à la concurrence dans les services”.
Avec le versement des fonds du plan de relance européen conditionné à la mise en œuvre de certaines réformes, les recommandations de 2019 et 2020 revêtent un caractère plus contraignant.
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La carte ci-dessus représente le PIB de chacun des États membres, en euros.
La somme des économies des Etats membres de l’UE a représenté un PIB de 13 349 milliards d’euros en 2020. Le PIB des Vingt-Sept ayant quasiment atteint les 14 000 milliards en 2019, l’économie européenne a ainsi accusé une récession de 6 % en 2020 à cause de la crise liée au Covid-19.
À LIRE AUSSILa croissance dans l’Union européenneL’économie allemande est la plus importante de l’Union, avec un PIB de 3 368 milliards d’euros, suivie par la France avec 2 303 milliards d’euros. Viennent ensuite l’Italie (1 652 milliards d’euros) et l’Espagne (1 122 milliards d’euros).
Les plus petites économies de l’Union sont Malte (12,7 milliards d’euros), Chypre (20,8 milliards d’euros) et l’Estonie (27,2 milliards d’euros).
PIB et PIB par habitantL’article Le PIB des pays de l’Union européenne est apparu en premier sur Touteleurope.eu.