Pour le moment, le ministère des Armées n’a pas réagi officiellement, contrairement au Pentagone. Et pourtant, l’affaire n’est pas anodine. En effet, l’agence de presse pro-gouvernementale turque Anadolu a dévoilé, le 17 juillet, les positions occupées par les forces spéciales françaises et américaines dans le nord de la Syrie, ce qui compromet évidemment la sécurité […]
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Pas d'inflexion sur quoi que ce soit: le président de la République, "chef de l'Etat et chef des armées", ainsi qu'il l'a redit, a confirmé tout ce qu'il avait déjà annoncé en termes de réflexion, de révision et de programmation...
Sur la BA 125 d'Istres, Emmanuel Macron a ainsi confirmé une réflexion "qui sera conduite dans les prochaines semaines sous l'autorité de la ministre des Armées". Florence Parly doit lui rendre ses conclusions "à l'automne".
Il a aussi réitéré son souhait d'une révision de Sentinelle sur la base d'un rapport du chef d'état-major (CEMA).
Il a, en outre, a multiplié les hommages aux militaires, assurant qu'il voulait que les armées aient "les moyens de [leurs] missions", soulignant qu'"aucun budget autre que celui des armées ne sera augmenté" en 2018, le budget des Armées étant porté, comme précédemment annoncé, à 34,2 milliards d'euros.
Quant à la polémique sur 850 millions d'économies demandées en 2017, polémique qui a conduit à la démission du CEMA Pierre de Villiers, pas de marche arrière... Le Président a déclaré: "Nous méritons collectivement mieux qu'un tel débat", et précisé qu'il n'acceptera aucun "discours de défaite en la matière". Des discours qui "ne sont pas à la hauteur des armées et de ce que vous êtes", a ajouté le Président en s'adressant aux personnels de la base.
Alors que sort sur les écrans le film Dunkerque de Christopher Nola, Jean-Charles Stasi publie un excellent ouvrage sur l’opération Dynamo qui s'est déroulée à la charnière des mois de mai et de juin 1940.
Cette opération, "un succès mais pas une victoire", a permis l’évacuation, depuis les plages de Dunkerque vers la Grande-Bretagne, de quelque 340 000 soldats anglais et français. Une flotte hétéroclite de 850 navires, protégés par la RAF, a permis le retour d'une partie du corps expéditionnaire britannique. Sans son matériel, abandonné sur les plages et dans l'arrière-pays.
Outre une riche iconographie, on notera trois doubles pages sur les équipements allemands, britanniques et français:
Au sommaire, je signale aussi des annexes à ne pas ignorer, sur les vestiges de cette bataille et sur sa postérité au cinéma.
Jean-Charles Stasi, Dunkerque 1940, Opération Dynamo, Heimdal, 96 p., 19,50 €
Laconiquement baptisée "déplacement en région" sur l'agenda du Président, la visite sur la base aérienne 125 d'Istres permettra au chef de l'Etat de s'adresser de nouveau aux militaires. Il sera accompagné par Florence Parly, la ministre des Armées, et le général Lecointre dont c'est la première sortie en tant que CEMA.
Selon l'entourage du Président cité par l'AFP, après une présentation des Rafale, Mirage, AWACS et autres avions de ravitaillement qui participent à la composante aérienne de la force de dissuasion, une visite d'infrastructures sensibles et un déjeuner avec les équipages "d'alerte", Emmanuel Macron s'adressera au personnel de la base. Il "réitèrera son soutien aux armées, rappellera qu'il a beaucoup d'ambitions pour elles dans un contexte international difficile tout comme ses engagements de campagne sur l'augmentation du budget de la défense".
Il s'agit de sa seconde visite consacrée à la dissuasion depuis son élection. La première l'avait conduit début juillet à bord de l'un des quatre sous-marins de la composante océanique de la force de dissuasion, Le Terrible. Hélitreuillé, il avait effectué une plongée de quelques heures au large des côtes françaises.
Istres.
Qu'y fait-on ? Selon le colonel Rougier, patron de la BA125, cité par La Provence, "d'abord la mission de dissuasion nucléaire, avec une zone où on retrouve les avions, un site hautement protégé des Forces aériennes stratégiques, avec les Mirage 2000 et les ravitailleurs C135 ; et une zone encore plus protégée, nucléaire, dans lesquels les avions tiennent leur alerte. On trouve ici tous les piliers de la dissuasion aéroportée, c'est le seul endroit". Istres permet aussi de "projeter des forces, de la puissance, sur les terrains d'opération et de protéger le territoire, intérieur et à l'extérieur".
(B2 à Bamako) Le QG de la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali), à Bamako, a été le scénario choisi pour la cérémonie de passation de commandement célébrée mercredi 12 juillet, entre les deux généraux belges, Peter Devogelaere et Bart Laurent. C’est la première fois que l’événement se fait dans la capitale malienne, et non au camp d’entrainement de Koulikoro. Les travaux de la cour ont d’ailleurs dû être terminés, in extremis, la veille.
La Belgique garde le commandement
Le général belge Peter Devogelaere a remis le flambeau à son compatriote Bart Laurent. « Avant tout, je me suis engagé à maintenir le bon cap pris par mes prédécesseurs. Nous continuerons à soutenir le Mali dans sa reconstruction et la formation de ses forces armées » a assuré le nouveau commandant de mission. Lire : EUTM Mali va mettre le focus sur le G5 Sahel (Bart Laurent)
La remise du drapeau européen au général « montant » Bart Laurent (Crédit : MOD Belgium)
Une cérémonie sous la présidence de la MPCC
Symboliquement, c’est le directeur de la capacité militaire de planification et de conduite (MPCC), le général Esa Pulkkinen, qui a présidé la cérémonie. Il a chaleureusement remercié Peter Devogelaere pour son travail. « Durant votre temps en tant que commandant, EUTM Mali a fait des progrès considérables. Vous avez été très actif (…) et vous vous êtes assuré que la mission soit impliquée dans tous les forums importants. »
Pendant la cérémonie, le général Pulkkinen remet une médaille de la PSDC au général belge sortant (Crédit : MOD Belgium)
Hommage à l’officier portugais tué
Si tous ont tenu à rendre hommage au soldat portugais tué lors de l’attaque terroriste sur Le Campement à Kangaba, près de Bamako, l’intervention du général Devogelaere a été la plus émotive. Tournant le dos au parterre politique venu assisté à la cérémonie, il s’est directement adressé à ses hommes, en anglais, avec des sanglots dans la voix. Lire : Attaque terroriste au Mali. Un rappel tragique de la réalité (Mogherini) et Attaque terroriste sur Le Campement, Européens (et Maliens) ont, bien, réagi (V10)
Remises de médailles aux Maliens
Lors de cette cérémonie, des officiers de l’armée et des services de sécurités maliens, ont reçu – ce qui est très rare – la médaille du soutien à la Politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC) ainsi qu’un Certificat de recommandation.
Les FAMA en formation pendant la cérémonie (crédit : MOD Belgium)
(Leonor Hubaut)
Du courage, il va en falloir au général Lecointre, le nouveau CEMA français.
A 55 ans, l’ancien patron du 3e régiment d’infanterie de marine (RIMa) de Vannes va succéder au général Pierre de Villiers, démissionnaire, et devoir négocier avec une armée ulcérée par le nouveau sacrifice budgétaire exigé.
Plus qu’en chef militaire, le général Lecointre (né à Cherbourg, en 1962) va devoir s’imposer en négociateur et en pacificateur ; il va devoir aussi convaincre qu’il reste un soldat et qu’il n’est pas devenu un officier supérieur de cabinet évoluant dans les coulisses feutrées des ministères.
C'est un "héros" selon Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement: "Il a su monter à l'assaut, à la baïonnette, il a su avoir une autorité qui est reconnue de tous".
Au jeune général d'œuvrer pour que les engagements présidentiels soient tenus dès 2018 ; à lui renouer le lien de confiance, "brisé" disent certains militaires, entre les armées et le pouvoir politique ; à lui de convaincre qu’il est urgent de chercher l’équilibre entre les missions multiples et exigeantes imparties aux armées et les moyens, chiches souvent, qui leur sont donnés pour les réussir.
De Vannes à Koulikoro
Né en 1962, François Lecointre est Saint-cyrien. Il appartient à l’arme des troupes de marine où il a servi comme lieutenant et capitaine au 3e régiment d’infanterie de marine de Vannes et au 5e régiment interarmes d’outre-mer à Djibouti.
Il a été engagé en Irak lors de la première guerre du Golfe (1991), en Somalie (1992), en République de Djibouti dans le cadre de l’opération Iskoutir (1991-1993), au Rwanda dans le cadre de l’opération Turquoise (1994) ainsi qu’à Sarajevo où, le 27 mai 1995, jeune capitaine, il a mené, avec les hommes du lieutenant Bruno Heluin, l’assaut des Casques bleus français contre le pont de Verbania tenu par les Serbes.
François Lecointre a ensuite servi à l’état-major de l’armée de terre, au sein du bureau de conception des systèmes de forces. Il a commandé le 3e régiment d’infanterie de marine stationné à Vannes et, à ce titre, le groupe tactique interarmes 2 (GTIA2) en République de Côte d’Ivoire, d’octobre 2006 à février 2007.
Ancien auditeur puis directeur de la formation au Centre des hautes études militaires (CHEM), il a été jusqu’à l’été 2011 adjoint Terre au cabinet militaire du ministre de la Défense puis il a commandé de la 9e brigade d’infanterie de marine de 2011 jusqu’à l’été 2013. Début 2013, il a été nommé à la tête de la mission européenne de formation de la nouvelle malienne à Koulikoro.
Officier général synthèse à l’État-major de l’armée de terre, puis sous-chef d’état-major “performance et synthèse” à l’EMAT, le général de corps d’armée Lecointre a été chef du cabinet militaire de Manuel Valls, puis de Bernard Cazeneuve et enfin d’Édouard Philippe.
Des coupes budgétaires qui désorganisent
« Tous ceux qui connaissent mon attachement viscéral à la défense, comprendront combien je souhaite que les femmes et les hommes qui la servent se voient donner les moyens de leurs missions et la reconnaissance qu’ils méritent. Les coupes budgétaires constituent des pratiques de gestion contreproductives qui désorganisent l’action de l’état et lui font perdre de son efficacité.
Attention à la ‘bosse’ due aux retards
Pour notre défense, cela revient à pousser inexorablement une vague dite « la bosse » qui ne porte malheureusement chance à personne car elle traduit en fait les retards pris dans la modernisation forces armées et dans les investissements indispensables pour le maintien en condition opérationnel des hommes et des équipements. Il est plus que temps de changer ces pratiques, de reconstruire des budgets sincères fondés sur des choix politiques et stratégiques clairs et de les exécuter. Tout le monde y gagnera. Cela évitera aussi des polémiques détestables comme celle qui amène la vindicte du président, chef des armées contre leur chef d’état-major.
La question de la dette : à ne pas négliger
Enfin, je maintiens que pour notre pays la dette représente une menace certes moins tangible que le terrorisme mais, au niveau qu’elle atteint, c’est un cancer qui peut à terme détruire notre modèle social, les emplois de demain, et même nos valeurs. Cette question ne se règlera pas à coups de coupes budgétaires, c’est certain, mais par la croissance, et par une plus grande adaptation à un monde qui change à vitesse accélérée.
Notre pays a démocratiquement donné sa chance à un nouveau pouvoir pour affronter ces défis, pour transformer notre pays. Il lui appartient maintenant de faire des choix qu’il devra assumer devant les français. En tout cas la passivité n’est pas de mise. Elle nous a déjà coûté tellement cher.
Une nécessité : la politique de réinvestissement…
Les tensions créées par les récentes coupes budgétaires sont à l’échelle des efforts demandés aux différents ministères. Il est certain que notre nouveau Président et son gouvernement auraient préféré lancer rapidement une politique ambitieuse de réinvestissements à même de placer notre pays sur la voie d’une croissance soutenue et durable, mais l’état de nos finances publiques ne l’autorise pas, compte tenu de la dette abyssale qui ankylose notre pays et lui fait courir des risques graves si les taux d’intérêts repartaient à la hausse.
… une contrainte : la dette
Le budget de la défense n’échappe pas à ces réductions auxquelles il devrait cotiser pour environ 850 millions d’euros. Pour absorber cette ponction budgétaire les Armées ne peuvent réduire leur activité alors que leur niveau d’engagement opérationnel a rarement atteint un tel niveau d’intensité et de durée. Ainsi, la seule solution consiste à repousser des investissements qui portent sur la modernisation de leurs équipements, leur entretien, ou encore les indispensables efforts de recherche et de technologie qui conditionnent l’avenir.
Attention à la tentation du court terme..
Cette situation n’est malheureusement pas conjoncturelle. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. Cette recette qui privilégie le court terme au long terme a été maintes fois appliquée avec les mêmes conséquences, impacts sur la disponibilité des équipements, sur la chaîne industrielle et sur des centaines de PME sous-traitantes et sur les coûts.
Des effets retard en cascade sur les programmes
Soyons clairs. Il n’y a pas de coupe indolore dans un budget tiré au trébuchet. Les retards d’investissements se paient un jour ou l’autre, tant en opérations que par les surcoûts qu’ils entraînent, ainsi, la cour des comptes a dénoncé à de nombreuses reprises les effet retards à hauteur de plusieurs milliards sur des programmes d’armement majeurs générés par des mesures d’économies de court terme. Pour sortir de cette spirale infernale, il n’existe pas de recette miracle mais il serait coupable de se résigner.
Agir sur tout le spectre des crises se paie
Lors de la présentation de son programme défense le 18 mars dernier le Président de la République, alors candidat, a clairement pris acte des difficultés rencontrées par nos armées pour accomplir les tâches exigeantes que leur confie l’exécutif, depuis lors il a d’ailleurs pu confronter cette vision avec la réalité lors de ses déplacements sur le terrain. Ainsi, confirmant sa volonté de conserver à la France un outil militaire moderne et performant, capable de dissuader tout adversaire d’attenter à nos intérêts vitaux, capable d’intervenir sur tout le spectre des crises, capable d’assurer dans la durée l’engagement de notre pays contre le terrorisme, il a décidé de fixer un objectif clair, consacrer en 2025 2% du PIB à l’effort de défense.
La remontée en puissance doit s’appuyer sur trois principes clés
Pour ce faire, il s’est engagé à soutenir une remontée en puissance progressive de celui-ci, confirmant le 13 juillet devant les forces armées une augmentation du budget de la défense pour le porter à 34,2 milliards € en 2018. Cependant, pour porter ses fruits, cet effort doit s’accompagner d’une véritable transformation des esprits et des habitudes. Cette nouvelle approche devrait s’appuyer sur trois principes clés, la sincérité budgétaire, la cohérence des choix stratégiques, le travail collaboratif.
Sortir des combats fratricides, dépensiers contre économes
Si l’on ne retient que ce dernier [le travail collaboratif], la Défense nationale est l’affaire de tous et la responsabilité de chacun. Il faut sortir des combats fratricides entre « ministères dépensiers et ministères économes » il faut construire ensemble, mettre en commun la grande expertise que recèle notre administration pour faire mieux, pour trouver des solutions viables qui préservent les intérêts de notre pays et en premier lieu la défense et la sécurité de nos concitoyens. Dans cet état d’esprit, nous pourrons réduire les tensions qui se manifestent aujourd’hui, et continuer à construire pour notre pays la défense qu’il mérite en alignant nos ambitions et les moyens que nous sommes prêts à y consacrer.
Les armées répondent et répondront « présent »
Le 13 juillet le Président de la République a réaffirmé, avec une fermeté certaine, l’engagement et la discipline qu’il attendait de tous pour réussir la transformation de notre pays. Dans cette perspective, il sait pouvoir compter sur des armées qui ont toujours répondu présentes à l’appel de leur chef, que se soit pour s’engager en opération sans délai et avec une efficacité qui fait la fierté de tout un pays et l’envie de beaucoup. Des armées qui ont systématiquement été à la pointe des réformes de l’état pour s’adapter, se moderniser mais qui ont dû en payer le prix. Face à un monde incertain, dangereux, il ne fait aucun doute que le chef des armées sait, dans son for intérieur, qu’il peut compter sur des hommes et des femmes d’excellence, d’honneur et de dévouement, et au premier rang de ceux-ci le chef d’état major des armées, le général d’armée Pierre de Villiers dont l’engagement n’a [eu] d’égal que sa passion pour notre pays et pour sa défense.
Général d’Armée Aérienne (2S) Jean-Paul Paloméros
Commandeur Suprême de l’OTAN pour la Transformation (2012-2015)
Chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air (2009-2012)
NB : Les commentaires (en introduction) et la tribune sont reproduits avec l’autorisation de l’auteur. Titres et intertitres de la rédaction