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Il est temps désormais de proposer une définition de la transformation digitale.
La transformation digitale est un processus utilisant de nouvelles technologies informatiques mobilisant des usages mobiles à grande échelle et très simples, ce qui procure un levier de puissance par la maîtrise de très gros volumes de données.
Cette définition nécessite quelques précisions de vocabulaire.
Digital ou numérique ?
Le lecteur aura pu s’agacer de notre utilisation du mot digital. En effet, la traduction française de l’américain digital est « numérique ». Pour être puriste, il faudrait donc parler de transformation numérique. Pourtant, ce n’est pas notre choix ce qui mérite quelques explications. Constatons tout d’abord que l’origine du mot américain vient du latin digit, le doigt. En effet, on comptait à l’origine sur ses doigts, ce qui explique l’association du mot à la notion de chiffre. Cette racine latine fait que le mot digital possède aussi un sens en français : ce qui est lié au doigt. Le français peut ainsi utiliser les deux mots : digital et numérique.
Pourquoi dès lors choisir l’un plutôt que l’autre ? Selon nous, le numérique est centré sur la technologie, le binaire (0 et 1), l’informatique, la dématérialisation. Le numérique indique une approche qui est d’abord technicienne. Or, le lecteur l’aura sans doute remarqué, ce n’est pas ce qui nous semble caractériser d’abord la transformation digitale. D’un autre côté en effet, le digital indique l’attention portée au le doigt, à l’écran tactile, donc à l’usage, donc à l’individu. L’adjectif digital suggère ici la prééminence du facteur social et humain de la TD, bien plus que sa caractéristique technicienne.
Ceci nous conduit à discuter justement l’expression de transformation digitale.
D’abord digital, ou d’abord transformation ?
La transformation digitale n’est-elle pas un effet de mode ? S’agit-il d’une tendance de fond, de l’établissement d’un nouveau standard ? Ne s’agit-il pas simplement d’une simple évolution technologique ?
Posons que le mot le plus important est celui de transformation : en effet, la transformation digitale est fondée sur la transformation des pratiques et des comportements, individuels et collectifs. Elle entraîne la transformation des organisations et notamment des entreprises mais aussi des administrations et autres ONG. Il ne s’agit donc pas d’une simple adaptation, d’une évolution techno-économique : c’est plus profond.
C’est pourquoi le mot important n’est pas digital, c’est bien transformation. Ne voir dans la TD qu’une vague technologique omettrait une part importante du phénomène. Pour autant, il va de soi qu’il a été rendu possible grâce aux conditions technologiques.
Digitalisation, ou transformation digitale ?
Souvent, certains parlent de digitalisation. L’inconvénient de ce mot teint à ce qu’il suggère qu’il ne s’agit que d’un processus technique, et non pas d’un phénomène plus large qui modifie non seulement les organisations mais aussi les comportements. D’ailleurs, la traduction de l’anglais digitalization est bien la numérisation : il s’agit du processus qui consiste à transformer une information analogique en information numérique. Cela peut toucher les documents (la numérisation des fichiers papiers, ce qu’on appelle la dématérialisation), mais aussi des processus plus complets (sans pour autant que l’on touche à la structure du processus.
Or, cette numérisation a déjà été mise en œuvre dans le passé. Cela fait plusieurs décennies que les entreprises et organisations se sont engagées dans des processus d’informatisation qui consistent, principalement, en une digitalisation de leurs activités. C’est pourquoi le mot de digitalisation ne rend pas compte exactement de la charge transformante de la TD. Les deux mots ne sont donc pas synonymes.
Transformer : mais quoi ?
Si le mot important est donc la « transformation », il vient immédiatement la question : quoi transformer ?
Il peut s’agir tout d’abord de transformer un processus professionnel, quitte à le désarticuler ou à proposer une nouvelle approche. Par exemple, un carnet de véhicule peut à la fois contenir des informations administratives (sur l’utilisation du véhicule, les responsables de son emploi), des informations de localisation (le véhicule est allé tel jour de tel endroit à tel autre) et des informations techniques (nombre de kilomètres parcourus, carburant consommé). Ce qui tenait dans une carnet papier, remarquable de simplicité il y a cinquante ans, n’a pas forcément besoin d’être mis sur la même application. On peut ainsi imaginer un processus administratif (tel responsable donne l’instruction à tel agent d’utiliser tel véhicule pour telle mission), un processus d’enregistrement de la localisation (grâce aux systèmes GPS qui sont aujourd’hui extrêmement courants), enfin un processus d’enregistrement des données techniques. Or, ces trois processus ne nécessitent pas forcément le même outil informatique ni le même capteur. On pourra ici utiliser un système propre à l’organisation, là une application utilisable par l’ordiphone personnel de l’agent, là enfin installer un dispositif de recueil des informations techniques sur les véhicules de la flotte.
Dès lors, la transformation digitale va toucher toutes les organisations : civiles (entreprises, ONG) ou publiques (administrations, collectivités locales, services publics divers). Les modalités seront différentes à chaque fois mais les principes demeureront, sachant que de toute façon, la transformation digitale suppose une adaptation au cas d’espèce.
Cela étant, cette transformation est double. Elle provient d’une part des nouvelles sociétés qui se placent d’emblée sous les principes de fonctionnement de cette transformation digitale : pour elle, tout est apparemment facile puisqu’elles partent de rien et que leur objet consiste précisément à défier les situations existantes, à trouver de nouveaux modèles économiques. Il s’agit évidemment des jeunes pousses (start-up en anglais), dont l’éclosion constitue le plus puissant levier de changement. Elle affecte d’autres part les sociétés existantes, qui font face à cette nouvelle concurrence, exacerbée et avec de nouvelles règles qui passent outre les barrières à l’entrée traditionnelles. C’est d’ailleurs cette vaste impulsion d’adaptation de sociétés « brick and mortar » au « clic and mortar » ,qui fait de la transformation digitale un mouvement massif depuis 2013 et 2014. Les organisations publiques s’y sont mises à leur suite car chacun comprend bien que l’adaptation est un gage de survie.
Ceci introduit la possibilité d’un changement systémique de la société. Constatons que la diffusion des ordiphones a d’ores et déjà modifié en profondeur les pratiques sociales de nos contemporains. Notre rapport aux autres s’en trouve modifié en profondeur, que nous en ayons consciences ou non. D’ailleurs, de nouveaux problème surgissent, notamment dans la sphère politique (débat en Amérique et en Europe sur les fausses nouvelles et les manipulations de l’information, mais aussi apparition en Chine d’un contrôle social des populations).
La transformation digitale s’applique donc à plusieurs niveaux, suivant le degré de focalisation que l’on recherche.
O. Kempf
(B2) Le centre d’analyse du ministère français des Affaires étrangères (CAPE) et l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) viennent de publier une étude qui passe en revue le phénomène de bataille de l’information.
Un rapport à lire, bien écrit, captivant, intéressant. Beaucoup d’éléments de fait et de réflexion nombreux.
Ingérences électorales et désinformation
Sont particulièrement traitées les différentes ingérences électorales qui se sont déroulées ces dernières années (aux USA, en France ou ailleurs). Les méthodes russe, chinoise ainsi que de Daech de désinformation sont décortiquées. L’étude se termine par 50 recommandations d’action au plan national ou européen.
Une menace sous-évaluée ou niée par plusieurs pays européens
La menace russe est particulièrement mise en valeur, notamment dans le chapitre de l’Union européenne et de l’OTAN. Une menace sous-évaluée. Plusieurs pays en Europe sont dans le « déni » estiment les auteurs : de l’Autriche à Malte en passant par la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, l’Italie, la Grèce, Chypre ou le Luxembourg. Certains sont même hostiles (Grèce, Chypre) « bloquant systématiquement tout effort européen sur le sujet ». La structure contre-propagande de l’UE (on parle de cellule anti-désinformation) apparait sous-dotée.
Commentaire : La thématique de la manipulation de l’information est devenue très ‘mode’ surtout dans les cercles des gouvernants européens. Il reste cependant un doute plus général sur ce type d’exercice, surtout quand il est pratiqué par des instituts rattachés aux organes officiels. Sont-ils vraiment crédibles ?
Les tentatives de contrôle de l’information, la désinformation, voire la pure propagande sont aussi le fait de nos gouvernants que ce soit sur des ‘petites choses’ — affaire Benalla en France ou affaire Selmayr à la Commission européenne — ou sur des sujets plus stratégiques — intervention franco-britannique en Libye ou accord d’association de l’UE en Ukraine —. On ne peut sans doute mettre tout sur le même plan, mais l’objectif est le même : leurrer le public, orienter leur avis. Ils ont aussi un impact certain sur la confiance de l’opinion publique.
Quand ils sont pris sur le fait, les responsables politiques ont aussi plus vite fait de ‘blacklister’ les journalistes concernés, et d’accuser la presse pêle-mêle de ‘mal faire le travail’, de diffuser des ‘fake news’ ou ‘de faire le jeu du populisme’, etc. que de reconnaitre un problème. Ce faisant, ils décrédibilisent à la fois le travail de la presse mais aussi leur propre travail. Et ils banalisent les (autres) manipulateurs de l’information. Parler de manipulation de l’information sera donc crédible quand on évoquera tous les cas de manipulation et pas seulement ‘ceux d’en face’.
(Nicolas Gros-Verheyde)
A télécharger ici ou sur le site de l’IRSEM
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