Ci-joint une fiche de lecture, parue en mars dans la RDN (lien ici), sur un manuel concis et précis. Excellent comme introduction au sujet.
Les manuels de relations internationales ont tendance à se ressembler. Aussi faut-il signaler ce petit ouvrage qui se distingue par une approche plus tournée vers les questions de sécurité, sans verser pour autant dans les études de paix. Autrement dit, un heureux équilibre. L’auteur enseigne à l’université de Grenoble depuis plusieurs années et l’on sent, à la lecture, non seulement une connaissance approfondie des auteurs et thématiques de référence, mais aussi le frottement des théories avec les interrogations des étudiants. Ainsi, le livre ne se cantonne pas à réciter les grandes théories et citer les grands auteurs, il s’intéresse au fait de la guerre contemporaine et s’interroge avec lucidité sur « les guerres du XXIe siècle », comme l’auteure le signale dès l’introduction. Le lecteur sent alors qu’il ne s’agit pas de réciter des certitudes, mais de réfléchir face à un phénomène très changeant, dont les règles ont profondément muté et qui laisse aussi les praticiens dans l’expectative.
L’ouvrage est divisé en trois parties. La première reprend les approches théoriques de la sécurité internationale, décrivant les écoles réaliste, libérale et constructiviste en soixante-dix pages : c’est assez précis pour bien comprendre les grands débats et les principaux courants, sans aller trop loin dans les subtilités théoriques ; il s’agit bien d’un ouvrage d’initiation, à jour des références théoriques sur le sujet. La deuxième partie évoque les principaux acteurs de la sécurité internationale : l’État, qui demeure un « acteur clef » ; les organisations internationales de sécurité collective ; les acteurs régionaux et enfin un chapitre qui décrit « deux acteurs non étatiques, les sociétés militaires privées (SMP) et les ONG ». Remarquons ici que cette évocation des SMP constitue une heureuse surprise, tant elle est rarement évoquée. La troisième partie traite des grands enjeux de la sécurité internationale contemporaine (ce dernier adjectif est important) : un chapitre sur les guerres asymétriques et les nouveaux conflits armés, un autre sur le terrorisme, un dernier sur la cybersécurité internationale.
Le lecteur observera qu’il n’est pas fait mention de la dissuasion nucléaire ni de contrôle d’armement ni de lutte contre la prolifération, par exemple : autant de thèmes qui pourraient faire logiquement partie du sujet. Mais l’auteure a fait des choix : celui de la lisibilité (l’ouvrage fait 250 pages, il constitue bien un petit manuel d’initiation) ; celui surtout du centrage sur la conflictualité contemporaine telle qu’elle se déploie activement ; autrement dit, la guerre (ou le conflit) d’aujourd’hui, et non pas tout le champ de la guerre, y compris celui de l’interdiction de la guerre. Le livre a donc les qualités de ses défauts : il est bref et se concentre pour cela sur un certain nombre de thèmes. Mais du coup, c’est un texte original, qui se distingue des autres et constitue une excellente façon de s’initier au sujet.
O. kempf
Juste pour signaler un article que j'ai publié il y a quelques mois, dans le numéro de mars de la RDN. (lien vers l'article)
Résumé :
Le combat urbain de demain va obliger à l’emploi accru de robots terrestres. Ceux-ci permettront d’élargir le champ des possibles, tout en préservant la vie des soldats. Les règles d’engagements de ces nouveaux moyens devront s’inscrire dans une réflexion éthique déjà bien avancée.
O. Kempf
(B2) Alors que le gouvernement israélien pourrait annoncer, le 1er juillet, une annexion d’une partie de la Cisjordanie, les Européens retiennent leur souffle. Leur rôle dans le processus de paix au Proche-orient s’est effacé. C’est Washington et Tel Aviv qui semblent avoir le tempo désormais
Du plan de paix aux colonisations ?
Présenté, fin janvier, de concert par le président américain, Donald Trump, et le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le plan de paix intitulé « De la Paix à la prospérité, une vision pour améliorer la vie des peuples palestinien et israélien », entendait régler une bonne fois pour toutes les querelles israélo-palestiniennes qui minent le Moyen-Orient depuis plus de 70 ans. Il préconise une solution à deux États (Israël et Palestine), mais pose des solutions qui sont autant de problèmes : Jérusalem comme capitale d’Israël, Israël comme gardien de la sécurité palestinienne, et l’État palestinien reste enclavé, fragmenté (Lire : Les six points du plan de paix pour le Moyen-Orient des Américains qui posent problème). Mais le nouveau gouvernement d’union nationale, emmené par B. Netanyahu (Likoud, droite) et Benny Gantz en coalition (Bleu-Blanc, centre droit) reprend une partie de ce plan à son compte, à commencer par l’annexion d’une partie de la Cisjordanie.
Quelle est la position européenne sur le plan américain ?
Ce plan est rejeté par l’Union européenne (lire : Le plan de paix américain pour le Moyen-Orient en infraction du droit international dénonce l’Union européenne), tout comme les États membres de la Ligue arabe. Mais un ou deux États membres ont un avis différent sur ce plan, notamment la Hongrie. Budapest fait savoir haut et fort qu’ils trouvent ce plan comme un bon point de départ, s’écartant ainsi de la position européenne traditionnelle (cf. encadré).
Qu’est ce que change la colonisation pour le processus de paix ?
Pour les diplomates européens, l’annexion est un « changement majeur », note un fin connaisseur du dossier. Une fois l’annexion faite, « il serait beaucoup plus difficile de parvenir à une solution à deux États », même telle que prévue dans le plan de paix américain. Cela minera le peu de confiance restante entre les deux parties, et sera considéré comme une agression par les Palestiniens et pays arabes de la région. Cette annexion est rejetée vigoureusement certains Européens, comme le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères (Lire : L’annexion d’une partie de la Cisjordanie par Israël est illégale. Comme celle de la Crimée (Jean Asselborn)). D’autres sont plus silencieux.
Que craignent les Européens ?
Si Israël commence l’annexion, les risques d’affrontements augmenteront, reconnaît un expert du dossier. Il est difficile de prévoir si l’Autorité palestinienne soutiendra des émeutes ou empêchera la population de devenir violente face à Israël. Actuellement, elle recommande d’éviter les révoltes. Mais le risque d’une troisième antifada est bien présent. L’annexion implique des conséquences sur toute la région du Moyen-Orient, car on ne peut pas prévoir les réactions des différents acteurs et de la ‘rue’ arabe.
Et quid de la coopération sécuritaire ?
L’Autorité palestinienne a répondu à l’annonce d’annexion, mi-mai, en cessant sa coopération sécuritaire avec Israël (échange de renseignements, présence de la police en zone C, etc.), essentielle pour cette dernière, pour avoir un contrôle sur les populations et territoires occupés, ainsi qu’avec les États-Unis.
Que fera l’Union européenne si les colonies sont annexées ?
C’est l’inconnue. L’Union européenne n’a pas beaucoup de cartes à jouer, à part lancer une offensive diplomatique. Le débat entamé il y a plusieurs semaines pour prévoir une réplique par avance a échoué. Des sanctions contre Israël semblent peu probables. Car il faut l’unanimité des ’27’. Et beaucoup d’États ont une proximité idéologique, politique ou économique avec Israël. À la mi-mai, une nouvelle fois, le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, demande « instamment à Israël de s’abstenir de toute décision unilatérale qui entraînerait l’annexion de tout territoire palestinien occupé », mais cet appel n’est pas soutenu par l’Autriche et la Hongrie (Lire : Israël ne doit pas jouer avec le droit international prévient Josep Borrell). L’objectif des Européens de tenter d’éviter toute mesure d’annexion semble difficile.
Pourquoi cette question israélo-palestinienne est-elle si sensible ?
Chaque État membre hérite d’un passé qui dicte sa conduite des relations internationales aujourd’hui. « Il y a 27 États, tous très différents par leur taille, leur histoire, leurs traditions diplomatiques, alliances, etc. », « sur un sujet aussi difficile que celui-ci, il y a toujours eu un nombre important d’opinions différentes », presqu’autant qu’il y a d’États membres, explique un haut diplomate européen, bon expert de cette question. Les positions varient d’ailleurs tout autant entre les personnalités d’un même bord, qu’entre les différents partis politiques (cf. encadré).
(Aurélie Pugnet)
Autant d’États membres, que de positions
Exceptée le soutien aux paramètres reconnus internationalement du processus de paix au Moyen-Orient (solution négociée, prévoyant la coexistence pacifique de deux États (Israël et Palestine), avec Jérusalem comme capitale des deux États, répondant aux impératifs de sécurité des uns et des autres), les Européens sont très divisés.
B2 a regroupé les 27 en trois catégories, selon leurs affinités auprès d’Israël ou pour la défense de la cause palestinienne. Des plus « pro-palestiniens » du groupe, sans pour autant être anti-Israël (Irlande, Luxembourg, Suède, Finlande, Malte, Espagne, Portugal…), en passant groupe du milieu (Belgique, Italie, Grèce, Chypre, la France, Slovénie, Allemagne), aux plus « pro-israéliens », sans être pour autant anti-palestiniens (Pays-Bas, la Croatie, Lituanie, Pologne, Roumanie, République Tchèque et Hongrie). Lire : Entre Israël et Palestine, le coeur des Européens balance…
Lire aussi :
Cet article Israël-Palestine. Le point sur la position des Européens face aux processus de paix est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
Le ministère des Armées a annoncé hier que le lancement du programme des dix futurs patrouilleurs hauturiers de la Marine nationale avait été validé le 10 juin à l’occasion d’un comité ministériel d’investissement réuni par Florence Parly. La Direction Générale de l’Armement va donc pouvoir lancer un appel d’offres sur le sujet. Cette annonce n’est qu’une confirmation de ce qui est prévu par l’actuelle loi de programmation militaire (2019-2025), avec tout de même une petite précision, d’ordre calendaire, à savoir que le Minarm table désormais sur les premières livraisons de PO en 2025.
La septième frégate multi-missions de la Marine nationale, et première de la série à être optimisée pour la défense aérienne, a connu hier sa première prise de commandement. La cérémonie s’est déroulée à Lorient, où Naval Group produit les FREMM. Le vice-amiral d’escadre Jean-Philippe Rolland, commandant la Force d’Action navale a fait reconnaitre le capitaine de vaisseau (CV) Guillaume Garnoix comme premier commandant de l’Alsace (*).
Treize acteurs français de la filière de la propulsion par le vent, essentiellement des start-up et PME, se sont regroupés pour former l’association Wind Ship. Objectifs ? Proposer une « voix collective », mieux faire connaître les technologies, créer du lien avec des projets de territoire et améliorer les conditions de compétitivité de la filière.
Livré le 14 février dernier par le chantier Fincantieri de Sestri Ponente, près de Gênes, le premier paquebot de Virgin Voyages a quitté le port de Miami le 23 juin pour retraverser l’Atlantique. Le Scarlet Lady, qui n’a pas encore pu accueillir ses premiers passagers à cause de la crise du Covid-19, a mis le cap vers… l’Italie. Et plus particulièrement le port de Gênes, qu’il devrait retrouver le 6 juillet, près de cinq mois après l'avoir quitté. Virgin Voyages explique que ce retour va notamment permettre d’assurer le rapatriement de l’équipage.
Le Pont-Aven, navire amiral de la flotte de Brittany Ferries a quitté hier le terminal de l'Europe, au Havre, où il était désarmé depuis fin mars. Une importante partie de la flotte de Brittany Ferries ( Pont-Aven, Bretagne, Normandie, Etretat et Normandie Express) y a séjourné, ainsi qu'au quai de Bougainville, depuis que l'armement breton a cessé le transport de passagers au début du confinement.
(© FABIEN MONTREUIL)
Le groupe norvégien Ulstein en est persuadé, un navire hauturier propulsé par une pile à hydrogène est pour bientôt. Mais comme pour toute nouvelle énergie, et particulièrement pour celle-ci, la question problématique est toujours l’approvisionnement.
A l’automne dernier, Ulstein révélait son premier design de navire de construction offshore disposant d’une propulsion de 7.5 MW, dont 2 MW fournis par une pile à combustible à membrane électrolyte polymère de Nedstack. Un navire de 99 mètres et 5000 tjb inaugurant un nouveau design SX190, intégrant l’étrave inversée X-Bow.