Que se passe-t-il au pays des hommes intègres ? Après deux coups d'Etat en moins d'un an en 2022, les autorités du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR2) ont annoncé encore une tentative de coup d'Etat déjouée le 26 septembre 2023. Alors qu'en mi-septembre déjà il y a eu des arrestations concernant un complot contre le pouvoir. Ce qui fait deux tentatives en un mois.
Le pouvoir célèbre son premier anniversaire de prise du pouvoir pour mettre fin à la crise terroriste qui secoue le pays depuis 2015. Cet anniversaire doit nous amener à réfléchir tous sur l'avenir de notre pays ; nous lui devons cela. Le MPSR2 ne peut faire l'économie de cet exercice, notamment, de nous dire comment il a conduit le pays dans cette période trouble. Où il en est dans l'atteinte des objectifs qu'il s'est fixé : la reconquête du territoire, le retour des personnes déplacées dans leurs foyers et bien d'autres objectifs contenus dans la charte de la transition.
Avant que les voix autorisées se livrent à cet exercice de transparence et de redevabilité, quelques pistes se dégagent. En un an de l'action du MPSR2 quels ont été les points forts et les points faibles ? Que faut-il améliorer et consolider, que faut-il rectifier ?
On peut féliciter les autorités pour certaines décisions qui vont dans le sens de la reconquête du territoire.
Des points forts
La première, c'est d'avoir donné un élan formidable à la mobilisation populaire pour la lutte contre le terrorisme, par l'engagement des Volontaires pour la défense de la patrie(VDP). Les VDP ont été créés sous le régime du président Roch Marc Christian Kaboré, mais l'essor et l'engouement populaire sont venus avec le MPSR2, grâce au charisme du capitaine Ibrahim Traoré qui a su insuffler cette envie de se battre. Plus de 50 000 volontaires engagés dans le combat. Ce qu'il faut louer dans cette option dans la lutte contre le terrorisme, c'est d'avoir choisi de compter sur nos propres forces. C'est notre pays, c'est à nous de le défendre et non des forces militaires étrangères.
Cette forte décision et l'écho qu'elle a eu au sein de la population a emmené chacun à se dire que chacun à sa part à faire. Si on ne peut pas aller au front et porter le fusil, on peut aider à gagner la guerre par l'effort de paix en soutien à la prise en charge des volontaires. Il faut saluer le civisme de la population qui a accepté les taxes pour cela.
Pendant six à sept ans, on était en guerre sans le savoir, sans nous donner la peine d'y contribuer. Les Burkinabè des villes et des campagnes ont accepté de le faire pour leur pays, pour leur région, pour leur village. En plus des taxes, ils se cotisent pour aider les personnes déplacées internes. C'est grandios,e ce que l'on peut faire dans l'unité et l'amour. Cette leçon est très importante. Cela a été obtenu par la prise de conscience et la confiance qu'ont inspirée les jeunes capitaines.
Autre point positif découlant de celui de compter sur notre armée, nos populations dans la lutte contre le terrorisme, c'est le départ des troupes françaises de l'opération Sabre de notre sol. C'est une décision historique. Après l'échec de l'opération Barkhane, et tirant leçons de cette coopération militaire qui ne nous aidait pas à vaincre le mal, il fallait y mettre fin et c'est bien ainsi. Les troupes étrangères ne feront pas à notre place la défense de notre territoire.
Les autorités ont réussi aussi à fournir des armes comme les drones aux troupes combattantes en diversifiant les partenariats.
Le dernier point est la signature de la charte de l'Alliance des Etats du Sahel après le coup d'Etat au Niger qui a demandé le départ des troupes françaises de ce pays. Une alliance du Burkina, du Niger et du Mali dans la lutte contre les groupes terroristes est une bonne chose. Pas besoin d'être grand stratège pour comprendre qu'en travaillant ensemble les trois pays peuvent empêcher les groupes terroristes d'attaquer un pays et se replier dans l'autre.
Des efforts à faire
Le pouvoir a fait de belles choses et de moins belles. Concernant la reconquête du territoire, il n'y a pas de visibilité de l'action. Quelles sont les zones et les régions reconquises ? Il y a eu un arrêt sur la publication des indicateurs comme le décompte des personnes déplacées internes. Récemment le conseil des ministres du 20 septembre 2023 a annoncé le retour de 191 937 personnes déplacées internes chez elles. C'est bien mais l'information est incomplète. Quel est le nombre exact de personnes déplacées aujourd'hui ? Le mouvement de personnes déplacées s'est-il stoppé et mieux s'est-il inversé par un amorçage des retours ?
Si le MPSR1 avait une obsession monomaniaque à privilégier le retour de Blaise Compaoré au pays par la réconciliation, le MPSR2 aussi a les siennes qui ternissent son combat et peuvent nuire au succès de la lutte contre le terrorisme. Ces points faibles sont l'œuvre des conseillers toxiques et entrepreneurs politiques qui grenouillent autour des militaires au pouvoir et versent dans leur cœur le poison de la division et de la haine. Des Burkinabè présentent d'autres Burkinabè comme des apatrides, tout simplement parce qu'ils ne pensent pas comme eux. Des apprentis sorciers désignent des Burkinabè qui n'ont pas pris des armes contre le pays comme des ennemis, emmenant le pouvoir à perdre son énergie et sa concentration sur des faux ennemis, au profit des groupes terroristes.
Ainsi le pouvoir a pendant cette année mené une bataille sourde et ouverte contre la presse et les médias, chassant des journalistes, fermant des médias. Le gouvernement par le fait du prince s'attribuant les prérogatives du Conseil supérieur de la communication. Après la presse, la justice a aussi eu des accrocs avec le pouvoir avec la libération de la guérisseuse de Komsilga, Adja Larissa Nikiéma.
Cette ambiance de défiance du pouvoir envers la presse et la justice amplifiée par les pêcheurs en eaux troubles des réseaux sociaux donne au pays des airs que l'on ne lui connaissait plus, tant ils viennent de loin, d'un passé sombre que l'on croyait révolu. Surtout que ce pays s'est battu pendant de longues années et continue à le faire pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo, un journaliste qui faisait son métier en enquêtant sur la mort du chauffeur du petit président, le frère cadet du dictateur Blaise Compaoré.
Dans le Burkina Faso d'aujourd'hui, il y a des enlèvements de personnes, par des hommes armés. Les familles s'inquiètent, s'expriment, la presse en parle, et les autorités sont silencieuses. Dans un Etat de droit, c'est la justice qui est habilitée à arrêter les citoyens.
Si quelqu'un a un différend avec son compatriote, c'est à la justice de les départager. Toute autre façon de faire ne peut faire que le lit du désordre et des groupes terroristes. Les Burkinabè sont inquiets, et se demandent si c'est-ce pays qui a fait une insurrection populaire victorieuse en 2014 qui prend ce chemin dangereux pour tous ?
Le MPSR2 a eu une chance inouïe, le pays lui a donné sa chance de réussir par l'engagement massif des VDP et par la participation populaire à l'effort de paix. Attention à ne pas dilapider ce capital sympathie en se trompant d'ennemis. Il faut travailler à rassembler, à unir au lieu de se disperser et d'oublier l'essentiel. Car quoi que le MPSR2, fera c'est à l'aune de la reconquête du territoire qu'il sera jugé.
Sana Guy
Lefaso.net
Sortis massivement, mardi 26 septembre 2023, pour réitérer leur soutien à la transition burkinabè, notamment au capitaine Ibrahim Traoré, des manifestants disent craindre un coup d'Etat. Mobilisés au rond-point des Nations-unies, ces « anges-gardiens » disent être prêts à veiller sur leur « champion ».
L'ambiance est électrique. Torses nus, dégoulinant de sueur, le poing levé, le drapeau burkinabè dans les airs, des jeunes scandent « IB Traoré ». L'adrénaline monte, les cris sont plus stridents et les flashs crépitent. À motos, à vélos, en tricycles, en voitures ou à pieds, ils sont venus des quatre coins de la capitale pour, disent-ils, faire bloc contre les éventuels perturbateurs de la transition.
« Nous sommes ici à l'appel de la Nation. Nous n'acceptons pas que des Burkinabè interrompent la transition pendant qu'elle lutte contre l'insécurité », lance un manifestant, à qui nous présentons patte blanche avant d'engager la discussion.
Montrer patte blanche
Un autre qui s'empresse de scanner notre carte de presse avec un regard du coin de l'œil, nous demande gentiment si nous sommes de la radio. Notre matériel de tournage (smartphone, appareil photo et micro-cravate l'intrigue. « C'est le média en ligne Lefaso.net », répondons-nous avant de saisir l'appareil pour photographier deux individus perchés sur la sphère métallique représentant le globe terrestre.
Sans crier gare, nous commençons à délier la langue de notre curieux. « Nous avons lancé l'alerte depuis un certain temps pour appeler le peuple à se mobiliser. La protection du capitaine repose avant tout sur les épaules du peuple. Nous avons laissé femmes et enfants pour venir dormir ici, jusqu'à ce que la situation se stabilise définitivement. Nous allons assurer la veille citoyenne tous les jours et élever le niveau d'alerte toutes les fois que ce sera nécessaire ».
« Qu'est-ce qu'il a pu bien faire ? »
A environ 20 mètres de l'épicentre, un autre manifestant raconte avoir appris via les réseaux sociaux que la marche de la transition est menacée. « Nous avons appris que des personnes projettent de renverser les autorités de la transition. Nous n'avons même pas pu dîner à la maison car nous sommes découragés. Nous ne sommes pas d'accord avec ce qui se trame. Nous sommes prêts à donner nos poitrines pour le capitaine Ibrahim Traoré. Qu'est-ce qu'il a pu bien faire pour que des gens veulent le renverser ? », s'interroge l'homme qui est rejoint par un autre manifestant qui s'empresse de prendre le micro-cravate connecté au smartphone.
« Nous étions avec le président Traoré, nous sommes avec lui et nous le serons demain. Nous ne voulons que la paix. Que ceux qui veulent attenter à la transition fassent pardon. Quand un pouvoir doit prendre fin, cela doit venir de Dieu. Il y a eu des présidents avant le capitaine et il y en aura après lui aussi. Qu'on le laisse donc diriger en paix », lance-t-il.
« Nous sommes déterminés »
Un manifestant, bouillant d'énergie, explique que le capitaine Traoré a reçu « l'onction » du peuple burkinabè et avertit : « Que les gens restent tranquilles. Que les valets locaux fassent attention. Pourquoi veulent-ils le pouvoir ? Le capitaine Traoré est-il un travailleur ou pas ? Soyons plus intelligents que cela. Ne nous laissons pas manipuler par ceux qui veulent attaquer leur patrie. Nous sommes déterminés plus que jamais ».
Alors que les manifestants continuent de prendre d'assaut le rond-point des Nations-Unies, baptisé par les « supporters », « Rond-point Ibrahim Traoré », d'autres préfèrent parader dans les différentes artères du centre-ville, en klaxonnant à tout va et en appelant les uns et les autres à sortir les rejoindre. « Le président Blaise Compaoré avait dit que toutes les rumeurs sont vraies. Il y a toujours une part de vérité dans une rumeur et si vous la négligez, cela peut être fatal », prévient le manifestant qui portait à l'épaule une sorte de sabre.
A 23h50, alors que nous nous préparons à lever l'ancre, un blindé de la garde présidentielle arrive au rond-point des Nations-Unies sous les acclamations des manifestants, juchés par endroits sur leurs engins à deux roues ou sur les piliers en béton. « La sécurité du président même se cherche. Difficile de se frayer un passage avec tout ce monde », soupire un manifestant qui n'avait visiblement pas la « bonne taille » pour immortaliser l'événement avec son smartphone. Après plusieurs minutes, il décide de rentrer en murmurant : « Rentrons car demain est un autre jour ».
HFB
Lefaso.net
Le philosophe Lazare Ki-Zerbo est lauréat de l'« Arikana Excellence Award ». C'est un prix d'excellence décerné par l'African Diaspora Development Institute à ceux qui auront fait montre d'un engagement et d'un dévouement exceptionnels envers la communauté panafricaine. Avant de recevoir son prix le 29 septembre 2023, le fils de l'historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo, professeur de philosophie à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), membre fondateur du Centre international Joseph Ki-Zerbo pour l'Afrique et sa Diaspora-N'an lara an sara (CIJKAD-NLAS) et de Dialogue sans frontières, s'est confié à Lefaso.net. Il explique notamment le sens de son engagement pour la cause du panafricanisme.
Lefaso.net : L'African Diaspora Development Institute (ADDI) créé par l'Ambassadeure Arikana Chihombori-Quao basé à Washington DC a décidé de vous honorer du « Arikana Excellence Award ». Cette distinction vient couronner votre engagement exceptionnel au sein de la communauté panafricaine ; pouvez-vous nous parler un peu des activités que vous menez au titre de cet engagement ?
Lazare Ki-Zerbo : Bonjour et merci de m'ouvrir de nouveau vos colonnes. Notre dernier entretien s'était terminé par ce souhait : « Le traité révisé du Liptako-Gourma et la convention de l'Union africaine sur la coopération transfrontalière sont des bases à approfondir et même à dépasser dans le sens de la supranationalité ». Cinquante ans après la création du CILSS, l'Alliance des Etats du Sahel représente un sacré espoir !
Je dédie ce prix Arikana aux victimes du terrorisme, aux déplacés, à celles et ceux qui donnent leur vie pour la patrie, aux travailleurs, aux patriotes qui assument l'héritage du fédéralisme panafricain, à mes parents et à tous ceux qui me sont chers. Je remercie au passage l'Ambassadeure Arikana et son équipe pour cet hommage. Après la publication, avec Jean-Jacques Ngor Sène, de l'ouvrage collectif "L'idéal panafricain", une notion devenue beaucoup plus visible aujourd'hui, j'ai choisi de m'investir dans le Mouvement fédéraliste panafricain (MFPA) dont je suis sous-secrétaire général pour l'Europe. C'est une initiative centrée sur la naissance des Etats africains unis d'ici 2030. Un comité national existe au Burkina Faso. Je suis également facilitateur au sein d'un Haut conseil panafricain de la sixième région ou diaspora africaine, sur l'initiative de la sœur Barryl Biekman (Surinam/Pays-Bas), un leader international du Mouvement pour les réparations.
Cette initiative panafricaine a commémoré le 11 juillet dernier à Maputo, le 20e anniversaire de la Résolution 3q de la Charte de l'Union africaine consacrant la reconnaissance de la diaspora. Enfin, je participe assidument à Dialogue sans Frontières et anime le Centre international Joseph Ki-Zerbo pour l'Afrique et la Diaspora- N'an laara an sara avec des personnalités telles que l'écrivain Emmanuel Ndongala, le professeur Noël Magloire Ndoba, Mariana Gino, et bien d'autres.
Note: ">Lire aussi : Situation sécuritaire au Burkina : « Il faut un vrai front patriotique d'airain pour sortir de cette mauvaise passe », préconise Lazare Ki-Zerbo
Aujourd'hui, le panafricanisme semble être revenu à la mode ; vous qui avez beaucoup écrit sur la question, comment appréciez-vous ce regain et les combats qui sont aujourd'hui menés au nom de cette idéologie ?
Les engagements que je viens de citer s'inscrivent dans la continuité de mon combat pour le panafricanisme concrétisé dès 1988 au sein du Comité d'initiative pour le fédéralisme en Afrique noire (CIFAN), ou ma participation à de nombreux congrès panafricains. Il ne s'agit pas que d'un combat intellectuel, encore moins d'une mode, mais d'une dimension essentielle de notre lutte collective de libération, depuis plusieurs générations. Il est donc nécessaire que les plus jeunes, qui s'engagent aujourd'hui, certains héroïquement, aient une claire conscience historique et démocratique, à la hauteur des enjeux, sinon ce ne serait qu'un feu de paille.
En outre, être panafricaniste c'est d'abord reconnaître et accepter le pluralisme, l'ouverture démocratique, le non alignement, sans lesquels la volonté d'union (Ubuntu) n'aurait aucun sens. Tirons les leçons du passé. Au-delà de cette opinion publique, la question est devenue affaire d'Etat, comme en Afrique de l'Est également où le Kenya, la Tanzanie, l'Ouganda maintiennent la flamme du fédéralisme panafricain.
Le défi à ce niveau sera d'articuler de façon optimale la culture démocratique burkinabé, fruit d'énormes sacrifices, et l'exigence patriotique d'une transformation radicale de l'intégration africaine, dans le sens d'une Fédération réellement souveraine, démocratique, beaucoup plus puissante et prospère que les Etats existants.
Lefaso.net
"Affairage" est une émission interactive diffusée du lundi au vendredi sur les antennes de la radio Ouaga FM. L'émission est entièrement consacrée aux auditeurs qui y portent des préoccupations importantes et dignes d'intérêt pour permettre des changements positifs. Lefaso.net s'est invité dans les coulisses de cette émission populaire. Lisez plutôt !
Mise en onde en 2007, l'émission interactive de Ouaga FM, “Affairage” est entièrement consacrée aux auditeurs. Comme son nom l'indique, c'est une émission qui s'affaire sur le quotidien des citoyens, sur le bon ou le mauvais fonctionnement de l'administration publique et bien d'autres sujets de société. Depuis sa création, elle a connu bon nombre d'animateurs. Salif Kaboré, directeur des rédactions de Ouaga FM en est l'actuel animateur. Cet averti de la radio anime l'émission depuis un peu plus de trois ans. C'est dans les locaux de la « Radio de toutes les générations » qu'il nous a accueilli pour nous parler de son émission.
Dans son récit de la genèse de l'émission "Affairage", il nous explique que le promoteur de la radio avait envie d'innover à travers ses programmes. « A cette époque, il n'existait pas beaucoup de canaux de ce genre pour porter haut les préoccupations des gens. Il y avait pourtant des besoins au niveau des populations avec des gaps et des frustrations. Beaucoup de personnes vivaient une injustice mais n'avaient pas de canaux pour exprimer leurs besoins », raconte-t-il. Alors en 2007, les responsables de la radio prennent le temps d'avertir les autorités du projet avant de se lancer. Ils écrivent une lettre d'explication du contenu de l'émission au Premier ministre de l'époque Tertius Zongo. Ce dernier répond favorablement en les invitant à prendre des dispositions pour éviter les dérapages dans le déroulement de l'émission. C'est ainsi que commence l'aventure "Affairage" sur Ouaga FM.
Une émission rigoureuse sur le fond et la forme
Afin de faire un suivi, tous les appels sont répertoriés dans un cahier tous les matins pendant l'émission. Les numéros sont systématiquement relevés avant de porter les appels sur l'antenne. « C'est une fois le numéro relevé que nous passons l'auditeur à l'antenne », explique l'animateur. Ce processus, permet de contacter l'auditeur en cas de besoin. « Si par exemple la police ou la gendarmerie sont interpellées, elles auront besoin de plus d'informations pour agir sur le terrain. Et là, en accord avec l'appelant, nous pouvons transmettre le contact qui a été noté dans le registre », souligne-t-il.
Pour cette émission qui dure 30 minutes, une quinzaine d'appels est reçue en moyenne. Le temps étant assez court, l'animateur travaille à ce que les auditeurs synthétisent leurs préoccupations. « Il y a beaucoup de plaintes chez les populations et les gens demandent que l'on puisse augmenter le temps de l'émission », révèle Salif Kaboré.
Des auditeurs fidèles et réguliers
Ce qu'il faut relever sur le profil des appelants de "Affairage", c'est qu'ils sont fidèles et réguliers à l'émission. Ceux que nous avons pu joindre par téléphone nous affirment qu'ils écoutent cette émission depuis belle lurette. C'est le cas de Daouda Savadogo, particulier dans le secteur du BTP qui suit cette émission depuis la création de la radio. « J'ai toujours été quelqu'un qui intervient dans les radios internationales avant même que les émissions interactives ne naissent au Burkina. Ce qui me motive à intervenir, c'est le fait que les animateurs soient très sérieux. Ce sont presque des éducateurs parce que souvent, nous dérapons mais ils nous recadrent. En plus, c'est une forme de baromètre social », explique l'auditeur.
Pour lui qui a maintes fois appelé, il trouve que c'est le meilleur moyen de toucher les personnes habilitées à résoudre des situations. Il fait ressortir une pile de problèmes qu'il a exposés et dont il se sent fier d'avoir participé à les résoudre par le biais de l'émission. « J'ai vu beaucoup de changements suite à mes interpellations. Par exemple, au niveau de la prison civile de Ouagadougou, quand on partait voir un proche, nous étions obligés d'être debouts, sans hangar ni chaises. Lorsque j'ai appelé, le surlendemain, ils ont mis un hangar et des chaises. Il y a pas mal de problèmes que j'ai dénoncés qui ont été réglés. L'ONEA m'a transféré un numéro spécial grâce à Ouaga FM pour être un relais en cas de besoin. »
Dame Judith Ouédraogo/Bambara, elle aussi fidèle à l'émission depuis ses débuts, trouve que c'est un canal pratique pour se faire entendre. Elle indique qu'au début, elle préférait plutôt envoyer des mails pour exprimer ses préoccupations. C'est avec le temps qu'elle a opté pour le téléphone. « Quand on observe la société, il y a beaucoup à faire mais l'autorité ne peut pas nous accompagner si elle n'est pas au parfum de nos difficultés » a-t-elle dit. Lire la suite
Le parquet près le Tribunal militaire de Ouagadougou annonce ce 27 septembre 2023 que quatre officiers ont été interpellés et mis à sa disposition dans le cadre du Coup d'État déjoué du 26 septembre 2023.
Deux autres officiers qui seraient également impliqués dans ce Coup d'Etat manqué sont en fuite.
Par ailleurs, le parquet militaire rassure que les investigations se poursuivent et se déroulent dans le strict respect des droits des personnes mises en cause dans cette affaire.
Tout en relevant la récurrence des velléités et autres allégations de déstabilisation, la justice militaire appelle à témoigner toute personne susceptible de fournir des informations pouvant contribuer à la manifestation de la vérité.
Lefaso.net
La communauté musulmane du Burkina Faso a célébrée la Maouloud, la fête marquant la naissance du prophète Mohamed, dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 septembre 2023 au sein de la grande mosquée de Ouagadougou.
Cette célébration a connu la présence des leaders de la communauté musulmane, des autorités religieuses et des représentants des autorités politiques.
Crise sécuritaire oblige, cette Maouloud 2023 a été également célébrée sous le signe de la paix, de la cohésion sociale et du vivre ensemble.
Le thème retenu par la communauté musulmane du Burkina Faso pour célébrer cette édition 2023 de la Maouloud est "Rôle et contribution des savants religieux pour la résolution de la crise socio-sécuritaire et humanitaire au Burkina Faso : appel et sensibilisation sur la base du messager d'Allah (Qu'Allah le bénisse et lui accorde la paix)"
Il s'agit d'inviter les savants religieux à jouer leur partition dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent à travers des prêches et des séances de sensibilisation afin de ramener "les fidèles égarés" sur le droit chemin.
Lefaso.net
Lors de son intervention devant le Conseil de sécurité de l’ONU, jeudi 28 septembre à New York, le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula a accusé le Rwanda de renforcer ses troupes dans l’Est de la RDC.
« A ce jour, le Rwanda renforce ses troupes dans l’est de la RDC. Hier, un hélicoptère de l’armée rwandaise a atterri à Rumangabo. Rumangabo, c’est au Congo, annoncé Christophe Lutundula.
La Coordination des organisations de la société civile a animé une conférence de presse ce mercredi 27 septembre 2023 à Ouagadougou. Il s'est agi de dénoncer l'actuelle constitution du Burkina Faso.
Selon Moussa Sanfo, membre du secrétariat de cette coordination, « Nous estimons qu'il est temps d'entamer des profondes réformes qui reflètent les réalités de notre pays ». Les membres de la Coordination des organisations de la société civile sont vent debout contre la constitution actuelle, qui, à leur avis, n'est que la copie collée de celle du « colonisateur impérialiste » rédigée en fonction de sa culture et ses mœurs.
Pour cette coalition d'Organisations de la société civile, il y a nécessité de rédiger une autre constitution qui incarne les valeurs morales et culturelles du Burkina Faso, « car il est temps pour le peuple burkinabè de prendre en main son avenir en se forgeant sur ses propres valeurs endogènes », ont signifié les conférenciers.
« Nous ne pouvons plus tolérer un cadre juridique qui ne nous sert pas à bâtir une société de dignité, d'intégrité, de pardon, d'équité et d'égalité. La constitution actuelle comporte des articles dont certains sont contraires à la moralité africaine et à ses bonnes mœurs. Elle n'est pas conciliatrice d'une part et a aussi contribué à diviser nos familles, nos villages. Notre constitution actuelle a détruit l'éducation africaine et scolaire où le fils peut convoquer son père, ou l'enseignant n'éduque plus son élève, mais plutôt se contente de lui dispenser les cours », a dénoncé Moussa Sanfo, dans la déclaration liminaire.
« Nous avons eu une alerte »
A en croire Moussa Sanfo et ses camarades, la constitution actuelle comporte aussi des « vides juridiques » sur certains aspects très importants qu'il convient de rectifier. Ils ont énuméré notamment la non-interdiction formelle « d'actes inhumains et contre-nature » comme « la pédophilie et l'homosexualité ».
Ainsi, les membres de cette coalition ont appelé à une mobilisation populaire le vendredi 29 septembre 2023 à la Place de la nation de Ouagadougou pour dire « Non à l'ancienne constitution ».
Au cours du tête-à-tête avec les journalistes, Soumaïla Nana, un membre de la coordination, s'est prononcé sur la mobilisation spontanée des manifestants pour « protéger » la transition. « Nous avons eu une alerte. Pour préserver notre nez, nous sommes sortis pour secourir », a-t-il confié, en précisant qu'ils n'avaient pas d'autres informations.
Avec ses camarades, Soumaïla Nana s'est dit favorable à la prolongation de la transition sous le capitaine Ibrahim Traoré, s'ils ont la possibilité de lui formuler la demande.
MLC
Lefaso.net
A l'occasion de la Journée mondiale du tourisme, célébrée le 27 septembre de chaque année, Marguerite Doannio, directrice générale de l'Office national du tourisme burkinabè (ONTB) revient sur l'importance de cette journée, dans cette interview. Lisez donc !
Lefaso.net : Comment se porte le secteur du tourisme au Burkina ?
Marguerite Doannio : Le secteur du tourisme au Burkina est présentement en mode résilience et l'on peut affirmer qu'il tient bon malgré les nombreuses difficultés connues. Les statistiques nous montrent que de 2020 à 2021, les établissements touristiques d'hébergement enregistrent une hausse de 19,3% des arrivées globales, soit 58,8% des arrivées pour le tourisme récepteur et 12,2% des arrivées pour le tourisme interne.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans le secteur du tourisme dans un contexte marqué par l'insécurité au Burkina Faso ?
Dans le contexte actuel du pays marqué par l'insécurité sur une partie du territoire national, le secteur du tourisme connaît des difficultés que nous ne pouvons nier. Au nombre de ces difficultés, il y a l'inaccessibilité de certains sites entraînant une fermeture temporaire de ces lieux, la baisse des fréquentations dans les établissements touristiques et hôteliers avec pour conséquences des chiffres d'affaires en moins pour les acteurs du secteur. Il y a également l'insuffisance des ressources financières pour réaliser des projets de grande envergure.
Quel est l'intérêt que les Burkinabè accordent, selon vous, au secteur du tourisme ?
Le secteur du tourisme est considéré par les plus hautes autorités du pays comme un secteur stratégique de développement, en témoigne son inscription dans la Stratégie nationale de la culture et du tourisme (SNCT) 2018-2027. En ce qui est de la pratique du tourisme, il est à relever une dynamique de la pratique du tourisme interne ces dernières années, signe d'un grand intérêt pour les Burkinabè de visiter les potentialités touristiques du pays.
Au passage, nous saluons l'engagement de notre ministre de tutelle pour le tourisme interne et sa volonté d'inculquer la mise en tourisme de tous les grands évènements de notre pays.
Qu'est-ce qui est fait au Burkina pour commémorer la journée mondiale du tourisme ?
En prélude à la journée mondiale du tourisme célébrée le 27 septembre de chaque année, des activités sont prévues. D'ordinaire, nous marquons le coup par des excursions grand public, des conférences publiques. Pour cette édition spécifiquement, s'inscrivant dans la résilience, nous avons décidé de tabler sur la réflexion autour du thème : « Tourisme pour les investissements verts ». Un thème d'actualité car l'écotourisme et le tourisme durable sont des dimensions à prendre en compte dans le secteur touristique.
Quelle appréciation faites-vous du port du Faso danfani au Burkina Faso ?
Le port du Faso Danfani lors des cérémonies officielles et dans les établissements d'enseignement s'inscrit dans la politique du gouvernement burkinabè de promouvoir notre identité culturelle et d'inciter à produire et consommer local. C'est une appréciation positive que nous retenons de ces décisions. Du côté de l'Office national du tourisme burkinabé, dans notre quête de nouveaux centres d'intérêt pour notre secteur du tourisme, nous avons décidé de faire de ce textile artisanal un produit touristique de grande valeur. Du reste, nous estimons que tout l'engouement autour de cette étoffe contribuera à accroître l'économie nationale.
Quelles sont les activités menées par l'ONTB pour développer le secteur du tourisme au Burkina ?
L'Office national du tourisme burkinabè a pour mission de promouvoir et de développer les activités touristiques au Burkina Faso, conformément à la politique de développement touristique. À ce titre, l'ONTB se doit d'assurer tant à l'intérieur qu'à l'extérieur la diffusion de l'image de marque du Burkina Faso, de recenser et de mettre en valeur les ressources touristiques, de conseiller, d'orienter et d'encadrer les opérateurs privés dans la formation, l'étude et la réalisation des investissements, de rechercher, de mettre en œuvre les moyens favorisant l'investissement dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie. Il doit aussi contribuer à l'amélioration du service par la formation du personnel du secteur, de collecter, traiter et assurer la diffusion des informations relatives au tourisme, assurer la gestion d'unités de production et des sites touristiques.
Est-ce que la détérioration de la relation entre la France et le Burkina Faso a eu un impact négatif sur le tourisme au Burkina ?
Nous n'allons pas circonscrire la question à la France car les Occidentaux, de façon générale, ceux que nous appelons les touristes récepteurs, se font de plus en plus rares à cause de la situation nationale marquée par l'insécurité.
Avez-vous un appel à lancer aux Burkinabè pour contribuer à développer davantage le secteur du tourisme ?
L'appel que nous avons à lancer aux Burkinabè est cette invite à aller à la découverte des immenses richesses touristiques dont regorge notre pays. Aussi, nous les invitons à investir massivement dans le secteur du tourisme afin de maintenir le Burkina au rang des pays les plus visités en Afrique.
Interview réalisée par Carine Daramkoum
Lefaso.net
Dans le cadre des festivités du trentenaire de l'ONG CREDO, des enfants et jeunes parrainés ont été gratifiés de bourses d'études pour la rentrée scolaire 2023-2024. La cérémonie de remise s'est déroulée le jeudi 28 septembre 2023, à Ouagadougou, sous le patronage de l'ancien Premier ministre Tertius Zongo.
CREDO fait de la scolarisation des enfants, l'une de ses nobles missions. En août 2023, l'ONG lançait une activité de collecte de fonds dénommée « Opération 6 000 bourses », qui se déroule durant toute l'année. La valeur de la bourse est estimée à 120 000 francs CFA. Des entreprises, des ONG et des personnes ressources ont cru à cette vision, et ont laissé parler leur cœur. Ce jeudi 28 septembre 2023, le palais de la culture Jean Pierre Guingané a refusé du monde, à l'occasion de la cérémonie de remise des bourses d'études collectées.
Ces bourses de scolarisation sont accordées aux enfants issus de familles démunies, aux orphelins et aux enfants déplacés internes. La répartition se présente comme suit : 90 000 FCFA pour les élèves du primaire, 105 000 pour ceux du collège et 225 000 FCFA pour ceux du supérieur. Les bénéficiaires du jour, par la voix de leur représentante, ont remercié l'ONG CREDO. « Nous sommes contents car chaque année, CREDO apporte un soutien pour le paiement des frais de scolarité, la prise en charge de nos tenues et cantines scolaires et l'accompagnement médical à travers les visites médicales annuelles et un appui des consultations, et des frais d'ordonnances en cas de maladie », ont-ils dit.
Le parrainage des enfants vulnérables est au cœur des activités de CREDO depuis sa création en 1993. « Nous travaillons dans douze régions du Burkina Faso sur les treize sans distinction de races, ni d'ethnies. Notre parrainage touche tous les enfants de toutes les confessions possibles. Aujourd'hui, c'est la poursuite d'une œuvre entamée depuis 30 ans », a fait observer le secrétaire général, Josias Sanogo, tout en insistant sur le caractère endogène de l'opération 6 000 bourses.
Il s'agit, selon lui, d'interpeller les Burkinabè à parrainer des Burkinabè. « Nous avons, depuis très jeunes, entendu parler de parrainage. C'est le Blanc qui parraine un Africain. Mais depuis un certain temps, nous sommes inscrits dans la dynamique que, désormais, ce sont des Burkinabè qui parrainent des Burkinabè. Nous voyons les fruits. Nous sommes fiers de notre pays », poursuit M. Sanogo.
Dans son discours, il a souligné l'importance de l'éducation en tant que vecteur incontournable pour sortir du cycle de la pauvreté. A ce titre, « elle offre aux enfants de nouvelles perspectives, stimule leur développement personnel et leur donne les compétences nécessaires pour réussir dans la vie. Dans ce combat, nous avons toujours bénéficié de la générosité des hommes et de la grâce du Seigneur ».
Le conseiller technique François Compaoré est porteur d'un message du ministre de l'éducation nationale : reconnaissance et gratitude. « L'éducation, comme le disait quelqu'un, est une chose trop sérieuse pour qu'on laisse sa conduite à l'État seul. Aujourd'hui, le Burkina Faso est en proie à une crise sécuritaire qui frappe au premier plan nos écoles, c'est-à-dire l'avenir de notre pays, nos enfants, nos élèves. C'est la raison pour laquelle il est important que les efforts soient fournis et que le ministère reconnaisse tous les efforts qui sont fournis pour permettre à des enfants burkinabè de continuer d'apprendre, de se cultiver, afin que demain les idées de paix, de vivre ensemble prennent le dessus sur les idées de violence et de guerre. C'est ce message que le ministre voudrait apporter à l'ONG CREDO qui se bat pour le devenir de nos enfants », a-t-il livré à cette occasion.
Pour sa part, la marraine Céline Yoda a remercié et félicité CREDO pour son engagement en faveur des enfants vulnérables au Burkina Faso, et ce, en dépit du contexte sécuritaire national difficile. « Beaucoup d'ONG ont fermé mais par la grâce de Dieu, elle continue ses interventions sur le sol burkinabè », se réjouit-elle. L'ancienne ambassadrice a joint sa voix à celle de CREDO pour interpeller tous ceux qui peuvent accompagner la vision du parrainage endogène afin de ne pas dépendre continuellement de l'aide extérieure.
Le parrain, Dr Daniel Zopoula, président fondateur de l'ONG Bridges of Hope Canada, est sensible aux questions liées aux enfants. Résident au Canada, il a effectué le déplacement pour célébrer CREDO. Lors de la cérémonie de remise de bourses d'études, Pasteur Zopoula a pris l'engagement devant un parterre d'invités de parrainer 100 enfants. « J'ai connu des moments difficiles dans ma vie. Aujourd'hui, Dieu m'a béni. Je suis revenu au Burkina Faso pour apporter mon aide aux autres ».
En termes de performances, l'ONG CREDO a parrainé environ 120 000 enfants au Burkina Faso depuis sa création.
Aïssata Laure G. Sidibé
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Selon l'Agence d'information du Burkina (AIB), les vecteurs aériens ont neutralisé des terroristes parmi une centaine en mouvement aux environs de Quargaye (Koulpelogo, Centre-est) , ce 28 septembre 2023.
Les assaillants ont quitté les forêts de Kankanmogré et de Kabonga pour mener une attaque.
Ils ont été repérés par les vecteurs aériens qui les ont suivis jusqu'à leur point de convergence, situé dans un hameau aux environs de Ouargaye.
Autre victoire, près de Silmangué (région du Centre-nord), le système de surveillance aérien a découvert une base terroriste dans un hameau à Pelhoute.
Une quinzaine d'hommes armés installés dans un bâtiment servant de quartier général ont également été neutralisés par des frappes.
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Source : AIB