Un adversaire désavoué par son propre camp, une évolution démographique favorable, des moyens financiers considérables : les démocrates avaient toutes les cartes en main pour remporter l'élection présidentielle. Ils ont finalement été défaits, victimes de leur stratégie désastreuse.
Philip Guston. – « Rain Cloud » (Nuage de pluie), 1973 Photo : Christie's Images / Bridgeman Images« Ronald Reagan a transformé l'Amérique comme ni Richard Nixon ni Bill Clinton ne l'ont fait », estimait M. Barack Obama dans un entretien accordé dix mois avant son élection à la présidence des États-Unis, en 2008. L'ancien acteur avait engagé le pays « sur une route fondamentalement différente » (1). Le message se voulait clair : contrairement à Mme Hillary Clinton, sa principale concurrente lors de la primaire démocrate, il serait un « président du changement ».
Huit ans plus tard, rien de fondamental n'a changé aux États-Unis. Arrivé à la Maison Blanche au milieu de la plus grave crise économique que le pays ait connue depuis les années 1930, M. Obama s'est d'abord employé à éviter un effondrement général. Si, avec son plan de relance de 800 milliards de dollars, il s'est écarté du dogme de l'austérité, il a veillé à respecter les autres fondements de l'orthodoxie néolibérale, se gardant d'adopter la moindre mesure qui pourrait entamer la « confiance des entreprises » et volant au secours des institutions financières, y compris celles qui étaient responsables de la crise.
Quand Mme Clinton a annoncé sa candidature à la présidentielle, en avril 2015, les signaux d'alerte ne manquaient pas : les démocrates avaient été sèchement battus aux élections de mi-mandat de 2010 et de 2014, la reprise économique restait anémique et les mouvements Tea Party à droite et Occupy Wall Street à gauche reflétaient un mécontentement bouillonnant. C'est donc dans une atmosphère d'insatisfaction croissante que l'ancienne première dame, ex-sénatrice de New York et ex-secrétaire d'État, incarnation vivante du statu quo, a lancé sa campagne.
Elle bénéficiait du soutien quasi unanime de l'élite du Parti démocrate — ses permanents, ses bailleurs de fonds, ses super-délégués (membres du Congrès ou du conseil national du parti), tous convaincus depuis longtemps que la Maison Blanche lui revenait de droit. M. Obama a découragé son vice-président Joe Biden de se présenter, puis soutenu Mme Clinton dans son âpre duel contre M. Bernie Sanders lors des primaires. Le coup de tonnerre du 8 novembre ne peut se comprendre indépendamment de la décision du Parti démocrate de s'accrocher à la candidature de Mme Clinton, nonobstant le climat général de colère populaire.
Les conseillers de l'ancienne sénatrice furent ravis de découvrir M. Donald Trump comme seul obstacle vers la Maison Blanche : il avait tenu d'innombrables propos racistes, xénophobes et sexistes pendant la campagne des primaires, et son tempérament imprévisible avait convaincu les électeurs qu'il n'était « pas fait » pour être président — c'est du moins ce qu'assuraient les groupes témoins confectionnés par les stratèges démocrates… À la différence de MM. Trump et Sanders, Mme Clinton a peiné pour trouver un slogan : elle en a testé pas moins de 85, pour finalement s'arrêter sur l'insipide « Stronger together » (« L'union fait la force ») (2). Sa candidature était à ce point dépourvue de contenu que, en février 2016, dans un courriel plaintif, le conseiller aux sondages Joel Benenson interrogeait le directeur de campagne John Podesta : « A-t-on la moindre idée de ce qu'elle veut faire passer comme message principal (3) ? »
Durant la campagne de 2012, M. Obama avait dépeint son adversaire Willard Mitt Romney comme un ploutocrate sans cœur, affairé à délocaliser les emplois des Américains. Cette ligne d'attaque lui avait permis de s'adjuger suffisamment de voix parmi les ouvriers blancs pour remporter la Pennsylvanie, le Wisconsin, l'Ohio et le Michigan, des États industriels et sinistrés de la Rust Belt (« ceinture de la rouille ») qui borde les Grands Lacs. M. Trump, multimilliardaire qui n'a jamais hésité à embaucher des immigrés clandestins ni à pressurer de petits entrepreneurs, faisait lui aussi une cible rêvée. Mais les affaires personnelles de Mme Clinton avaient prospéré avec l'argent des multinationales — entre janvier 2013 et janvier 2015, elle a ainsi empoché 21,7 millions de dollars pour 92 discours majoritairement destinés à des cadres dirigeants de grandes entreprises. Et sa campagne ne pouvait guère diverger des intérêts de Wall Street, qui la finançait.
Le lieu de l'échec de Hillary Clinton est précisément situéRéalisant peut-être que la candidate n'était pas taillée pour séduire les laissés-pour-compte de la mondialisation et de la désindustrialisation, son équipe de campagne a opté pour une stratégie identitaire. Elle a tenté de rebâtir la coalition multiraciale de M. Obama en se focalisant sur cinq groupes cibles : les Afro-Américains, les Latinos, les Asiatiques, les 25-35 ans et les femmes blanches. Ce choix transparaît dans une note de M. Podesta en date du 17 mars 2016. Il y évoque les candidats potentiels à la vice-présidence et annonce qu'il a « rangé les noms par groupes alimentaires [sic] approximatifs ».
Une telle stratégie ne peut toutefois suppléer à l'absence de message politique. Les groupes à l'origine du succès de M. Obama en 2012 ont certes voté pour Mme Clinton en 2016, mais dans une moindre proportion : 88 % des Noirs, contre 93 % en 2012 ; 65 % des Latinos (contre 71 %), 65 % des Asiatiques (contre 71 %) et 55 % des 25-35 ans (contre 60 %). Seule exception : les femmes, qui ont voté à 55 % pour la candidate, soit un point de mieux. Misogyne et accusé de harcèlement sexuel, M. Trump a néanmoins remporté 53 % des suffrages de l'ensemble des femmes blanches, et 67 % de celles qui n'ont pas de diplôme universitaire (4).
Les stratégies de mobilisation de groupes cibles ont ceci de dangereux qu'elles peuvent provoquer des contre-mobilisations au sein d'autres groupes. M. Trump en a bénéficié. Sur le plan national, la coalition multiraciale de Mme Clinton a relativement bien fonctionné, puisque la candidate a remporté deux millions de voix (5) de plus que son adversaire. Mais les élections américaines se jouent État par État. Or, sur ce plan, le lieu de l'échec de Mme Clinton est précisément situé : Ohio, Wisconsin, Pennsylvanie et Michigan, où 64 grands électeurs étaient en jeu.
M. Trump l'a emporté dans ces quatre États de la « ceinture de la rouille » parce qu'il a envoyé un message clair. Tournant le dos à l'orthodoxie républicaine, il a attaqué sans relâche les accords de libre-échange et les délocalisations. Il a également dénoncé la présence sur le sol américain de millions de clandestins et l'incapacité du pays à protéger ses frontières. Il a enfin critiqué l'engagement des États-Unis dans des guerres inutiles, en Irak, en Libye ou ailleurs. Son slogan (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »), ses appels incessants à faire passer « l'Amérique d'abord » et ses références répétées aux « Américains oubliés » étaient taillés sur mesure pour séduire les travailleurs blancs.
De nombreux commentateurs ont attribué la défaite de Mme Clinton à la xénophobie et au racisme des classes populaires blanches. Si ce facteur a pu jouer — diverses études montrent que les électeurs de M. Trump sont plus xénophobes que ceux des autres candidats (6) —, il faut néanmoins rappeler qu'un Afro-Américain nommé Barack Hussein Obama l'avait emporté dans ces quatre États en 2008 et en 2012. Il s'était imposé souvent avec des marges confortables, et dans de nombreux comtés très majoritairement peuplés de travailleurs blancs.
Cette année, la part des Noirs ayant voté démocrate a décliné dans chacun de ces États, et 71 % des hommes blancs dépourvus de diplôme universitaire ont voté pour M. Trump en Pennsylvanie, 70 % dans l'Ohio, 69 % dans le Wisconsin et 68 % dans le Michigan. Quant aux femmes blanches non diplômées, 58 % d'entre elles ont voté pour M. Trump en Pennsylvanie, 57 % dans le Michigan, 55 % en Ohio…
Mme Clinton a négligé de s'adresser à ces électeurs. Elle n'est pas allée une seule fois dans le Wisconsin pendant sa campagne. Elle n'a jamais semblé se soucier des conditions de vie de la classe ouvrière, lesquelles ne cessent pourtant de se dégrader depuis quarante ans : entre 1975 et 2014, les revenus médians des travailleurs blancs sans diplôme ont décliné de plus de 20 %, avec une chute de 14 % entre 2007 et 2014.
La rupture entre les classes populaires blanches et les démocrates dépasse la seule question économique. S'y ajoute une dimension culturelle, liée au sentiment (pas totalement injustifié) qu'éprouvent nombre de travailleurs blancs d'être méprisés par l'élite progressiste. Mme Clinton a contribué à renforcer ce sentiment quand elle a déclaré, lors d'une levée de fonds auprès de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et trans (LGBT) de New York : « On peut mettre la moitié des partisans de Trump dans ce que j'appelle le panier des gens déplorables. N'est-ce pas ? Ils sont racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes et bien d'autres choses », avant d'ajouter que certains étaient « irrécupérables ».
Populisme de droite contre populisme de gaucheAprès la débâcle du 8 novembre, les républicains ne contrôlent pas seulement la Maison Blanche, la Chambre des représentants, le Sénat et (bientôt) la Cour suprême : ils occupent aussi 31 des 50 postes de gouverneur et dirigent 35 sénats d'État et 32 assemblées. Toutefois, des renversements politiques peuvent intervenir avec une étonnante rapidité. La victoire, par 23 points d'avance, du démocrate Lyndon Johnson contre le républicain Barry Goldwater lors de l'élection présidentielle de 1964 avait été suivie, quatre ans plus tard, par le succès du républicain Richard Nixon…
Aux États-Unis comme ailleurs, 2016 a été l'année d'un soulèvement « populiste ». Selon l'essayiste John Judis, les mouvements de ce type constituent « un système de détection précoce de problèmes majeurs que les principaux partis ont minimisés ou ignorés (7) ». Mais, souligne-t-il, les populismes de gauche et de droite sont fondamentalement distincts. Tous deux défendent « le peuple contre l'élite », mais le second accuse celle-ci « de dorloter un troisième groupe, qui peut être les immigrants, les musulmans ou les militants afro-américains ». Avec M. Trump, la version droitière a triomphé. Mais, alors que ce n'est pas le cas dans plusieurs pays européens, aux États-Unis, une alternative progressiste crédible existait, matérialisée par la candidature de M. Sanders…
À lire également : Philippe Leymarie, « Donald Trump, l'OTAN et les passagers clandestins », Les blogs du Diplo, Défense en ligne, 18 novembre 2016.
(1) Cité dans Chuck Raasch, « Obama aspires to a transformational presidency », USA Today, McLean (Virginie), 16 avril 2009.
(2) Matt Flegenheimer, « When Hillary Clinton tested new slogans — 85 of them », The New York Times, 19 octobre 2016.
(3) Cité dans Maureen Dowd, « Obama lobbies against obliteration by Trump », The New York Times, 12 novembre 2016.
(4) « General election exit polls », CNN.com, 9 novembre 2016.
(5) Le décompte définitif ne sera connu que le 19 décembre.
(6) Zack Beauchamp, « These 2 charts explain how racism helped fuel Trump's victory », Vox, Washington, DC, 10 novembre 2016.
(7) John Judis, The Populist Explosion. How the Great Recession Transformed American and European Politics, Columbia Global Report, New York, 2016.
Six U.S. ambassadors published an open letter to the United States Congress on January 17 admonishing the disintegration of the Trans Pacific Partnership (TPP). They wrote that “walking away from TPP may be seen by future generations as the moment America chose to cede leadership to others in this part of the world and accept a diminished role.”
But the TPP had many cybersecurity holes. Its death, quickened when Vietnam’s Prime Minister Nguyen Xuan Phuc pulled out after Donald Trump’s presidential election, has global benefits.
Since the purpose of the TPP was the free flow and enhancement of trade, commerce took priority over security.
Regarding Internet governance, the TPP allowed for many loopholes in user safety, digital privacy, preservation of intellectual property, and government surveillance.
The TPP recommended a coordinated defense against fraud and identity theft that included electronic authentication, consumer protection law, and unspecified punishment for cyber espionage. However, the TPP undermined those security methods by also suggesting all Parties exchange information about user protection. Exchanging information about user protection undermines that protection because collaborating on malware mitigation adds vulnerabilities by exposing those holes. For example, sharing how a hacker damaged a company weakens that company.
Ross Schulman, senior policy counsel at New America’s Open Technology Institute, told FPA that if the defense against fraud and identity theft was “done while still respecting the privacy of users, and limits the transmission of that information, the two are not incompatible.” However, the TPP report did not specify how the Parties plan to reconcile defense and privacy.
The TPP’s emphasis on sharing raised questions about privacy. Transparency “of technical regulations” could provide more oversight to make sure the Internet is not overly regulated through censoring public content or secretly monitoring private online usage. On the other hand, the TPP Parties hoped to “share best practices,” which could weaken data protection and confidentiality. Also, nothing can “prevent law enforcement authorities from requiring… unencrypted communications,” which invalidates encrypting any messages in the first place.
Paul Tiao, a partner at Hunton & Williams and an expert in cybersecurity law, told FPA that there was merit in companies warning each other about cyber threats because that strengthens security for all. Tiao pointed out that “the fault line concerns sharing information about breaches” because of the reputational, legal, and fiscal implications of disclosing such information. Complicating this further, the TPP did not specify what information should be shared and how much, so each country could have participated to whatever extent it desired.
Sharing these ideas may have created added communications regulations. The TPP members believe intellectual property rights benefit business and vaguely encouraged all Parties to draft regulations to protect those rights. According to Schulman, “the TPP, as many international treaties have done over the years, has gone altogether too far in favor of expanding controls on freedom of communication in the name of intellectual property.”
Accessibility was important to the TPP. The report promised “that no condition is imposed on access to and use of public communications networks and services” except to “protect the technical integrity of public telecommunications networks or services.” That exception would have made an open Internet more confusing to maintain, since the provision gives telecommunications services the capacity to interpret at will what constitutes protection of technical integrity.
Internet Service Providers (ISPs) serve under Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) and has the ability to disable websites. The TPP Parties wanted “a rich and accessible public domain,” but also any restriction done “in good faith” will not make an ISP liable. Jeremy Malcolm, a senior analyst at a nonprofit organization advocating for digital freedoms, Electronic Frontier Foundation (EFF), points to Title 47 of the US Code for a country-specific example of ISPs’ independent power under the “Good Samaritan” clause. Title 47 places trust in actions done with good intentions, but as Malcolm told the FPA, “Good faith is not a hard test to satisfy.”
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Visites officielles, pose de premières pierres ou encore inauguration d'usines électriques, le président Xi Jinping ne chôme pas pour rénover l'image de la diplomatie chinoise. En exhumant la Route de la soie, il entend combiner essor économique et liens stratégiques. A défaut d'alliés en Asie de l'Est, il espère en gagner à l'ouest.
Le président chinois a un sens aigu de la communication. En remettant au goût du jour la Route de la soie, dont les traces remontent au IIe siècle avant Jésus-Christ, il a réussi à faire tout à la fois rêver les Chinois et fantasmer les Occidentaux.
Les premiers y voient un retour à leur gloire passée — du temps où ils organisaient de prestigieuses caravanes chargées d'épices, de soieries et de porcelaine, dominant avec l'Inde les échanges mondiaux (1). Les seconds imaginent les traversées de paysages inouïs à dos de chameau, du temps du Livre des merveilles de Marco Polo, des découvertes et des conquêtes.
Le président Xi Jinping s'est fait lui-même lyrique en lançant l'idée au cours d'un voyage sans relief au Kazakhstan : « Je peux presque entendre le tintement des cloches accrochées aux chameaux et voir les volutes de fumée s'élever dans le désert (2). » En Chine, les chercheurs s'agitent pour affirmer les racines historiques de l'affaire. En Occident, les chasseurs nostalgiques de belles images et les prosaïques organisateurs de voyages se sont emparés du filon. Les amateurs de reportages exotiques vont être servis.
La très officielle agence Xinhua, qui y a consacré une série d'articles, a publié, le 8 mai 2014, la carte « officielle » de cette « route de la soie » qui sera, en fait, une route à trois voies : une voie maritime émaillée d'investissements chinois d'aide à la construction de ports, comme au Sri Lanka ou au Pakistan (lire l'article de Pierre Rimbert, « Le porte-conteneurs et le dromadaire »), et deux itinéraires terrestres appelés « ceintures économiques de la route de la soie », qui s'accompagnent d'un programme impétueux d'infrastructures réalisées ou en gestation : autoroutes, chemins de fer, aéroports, pipelines...
L'un traverse toute la Chine d'est en ouest avant de franchir le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l'Allemagne et les Pays-Bas ; l'autre, plus au sud, rejoint l'Ouzbékistan, l'Iran, la Turquie. De Xi'an, ancienne capitale de l'Empire chinois avec sa spectaculaire armée enterrée, au grand bazar d'Istanbul, mythique carrefour commercial, dix pays à traverser, des milliers de kilomètres à franchir, des dizaines de sites historiques à faire revivre... Le projet ne manque pas de panache (voir la carte de Cécile Marin, « Des corridors maritimes aux “routes de la soie” »).
Pour l'heure, la réalisation la plus spectaculaire s'appelle Yuxinou, le train reliant Chongqing (ses trente-deux millions d'habitants, ses usines gigantesques) à Duisbourg en Allemagne, dont M. Xi a visité la gare terminale lors de son voyage européen en mars 2014. Onze mille kilomètres de rail sur lesquels transitent les produits de l'américain Hewlett-Packard (HP), dont les deux tiers sont fabriqués à Chongqing, ou encore les voitures allemandes BMW ou Mercedes-Benz. De porte à porte, il faut compter vingt jours, « deux fois plus vite que par la mer pour seulement 20 à 25 % plus cher (3) », note M. Ronald Kleijwegt, responsable logistique d'HP en Europe, qui souligne, entre autres avantages, le temps d'attente réduit entre deux cargaisons.
Toutefois, le trafic reste modeste, à raison de trois à quatre convois par semaine, transportant chacun quarante à cinquante conteneurs (contre plusieurs milliers par cargo). Mais le trafic, qui a grimpé de 80 % en 2013, devrait poursuivre sa progression, selon M. Kleijwegt (4). Yuxinou, premier des grands investissements transnationaux à se concrétiser, est symbolique de cette « marche vers l'ouest » décrétée par les dirigeants chinois.
On aurait tort de n'y voir qu'une histoire de marketing géopolitique. Sans doute est-il prématuré de parler, dans le sillage du diplomate Yang Xiyu, de « signal d'un changement historique de la politique chinoise (5) ». Mais le pouvoir cherche incontestablement à rééquilibrer son mode de développement tout comme ses relations diplomatiques.
Plus qu'une ancienne route commerciale, une nouvelle stratégie d'alliances.Après avoir longtemps fait appel aux capitaux extérieurs, il veut à l'avenir favoriser ses investissements à l'étranger (et ne plus se contenter d'acheter les bons du Trésor américains). Après avoir développé l'Est et sa côte pour des productions tournées vers l'exportation, il veut s'attaquer au désert de l'Ouest — avec la conviction que la croissance et l'enrichissement réduiront les revendications ethniques et indépendantistes au Xinjiang musulman, notamment. Après avoir privilégié ses relations avec l'Occident développé — Etats-Unis en tête— et le Sud-est asiatique, il veut approfondir les rapports avec l'Ouest — l'Asie centrale, mais aussi le Pakistan, l'Afghanistan, la Turquie...
Cette nouvelle stratégie semble répondre à quatre impératifs intimement mêlés : la relance politique intérieure avec un horizon mobilisateur ; la sécurisation des approvisionnements énergétiques ; la revitalisation de la « diplomatie de la périphérie », un peu délaissée ; la recherche d'alliés qui lui font cruellement défaut en Asie de l'Est et du Sud-Est, où les Américains dominent largement.
De ce point de vue, l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), qui regroupe les républiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan), la Russie et la Chine, avec entre autres l'Inde, le Pakistan ou l'Afghanistan comme observateurs, peut constituer une base de départ. Pékin a toujours misé sur deux tableaux : les ententes bilatérales et des négociations multilatérales. Même si on ne peut pas dire que l'OCS, créée en 2001, a marqué l'histoire diplomatique de la région.
Pour comprendre les motivations actuelles, Wang Jisi, l'un des théoriciens de ce changement stratégique, chercheur à l'Institut des études internationales de l'université de Pékin et conseiller du pouvoir, rappelle qu'en Chine les préoccupations intérieures et extérieures sont toujours extrêmement imbriquées. « Les régimes ont souvent été renversés par une combinaison de soulèvements internes et d'invasion extérieure », explique-t-il dans un article de Foreign Affairs (6) où il expose pour la première fois ce nouveau cap souhaité. Ainsi les Ming qui, en 1644, doivent faire face aux « paysans qui envahissent Pékin et aux Manchous qui envahissent le Nord ». Ou encore les Qing au début du XXe siècle, pris en sandwich entre les révoltes dans tout le pays et les invasions étrangères (occidentales et japonaise).
Quels sont les défis contemporains selon Wang Jisi ? La montée des mouvements sociaux ainsi que des revendications ethniques des Tibétains et des Ouïgours à l'intérieur ; l'hostilité des Etats-Unis et du Japon à l'extérieur. La crainte pour la stabilité du pays et (surtout) le maintien au pouvoir du Parti communiste chinois devrait donc pousser à une « réorientation positive ». Pas question en effet de transformer Washington en ennemi obsessionnel : « Peu de pays —si tant est qu'il y en ait— seraient prêts à rejoindre la Chine dans une alliance antiaméricaine », reconnaît-il avec réalisme.
Certes, les escarmouches se multiplient en mer de Chine, et chaque fois Pékin y voit la main de Washington. Mais la raison finit par l'emporter. En novembre 2014, les présidents chinois et américain ont signé un accord pour réduire les émissions de CO2 d'ici à 2030 —une entente plus politique qu'environnementale, qui n'en dessine pas moins une direction commune, la première depuis longtemps. Tout aussi positive est la rencontre entre M. Xi et le premier ministre japonais Abe Shinzo, alors que les deux pays étaient au bord de la rupture depuis près de deux ans.
En fait, constate Wang Jisi, « malgré l'interdépendance économique entre la Chine, les Etats-Unis et le Japon, il n'y a aucune confiance entre les trois ». Et nul ne parie sur un revirement amoureux dans la prochaine période. Une seule solution, donc : « “Marcher vers l'ouest”. [Cela] devient une nécessité stratégique pour la Chine en tant que grande puissance, afin de favoriser la coopération, d'améliorer l'environnement international et de renforcer ses capacités de concurrence (7) » face aux Etats-Unis. Ainsi se définit, pour le moment, la nouvelle « route de la soie ».
Construction de corridors transnationaux et création de zones de libre-échange.Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le président chinois ne lésine pas sur les moyens. Dès novembre 2014, il a annoncé la création d'un « Fonds d'investissement pour la route de la soie » qui sera doté de 40 à 50 milliards de dollars (entre 32 et 40 milliards d'euros). Il devrait financer la construction de corridors transcontinentaux et la mise en place de zones de libre-échange — à la manière de celle créée à Shanghaï. De quoi compléter le programme de « développement du Grand Ouest » adopté par la précédente équipe. Ainsi la ville chinoise de Khorgos, l'un des plus grands nœuds routiers à la frontière du Kazakhstan, a poussé comme un champignon au cours de la décennie, étendant ses tentacules des deux côtés de la frontière ; des autoroutes sont construites pour joindre Almaty et une ligne à grande vitesse devrait atteindre Urumqi, la capitale du Xinjiang.
En 2013, M. Xi Jinping s'est lancé dans une tournée exceptionnellement longue (dix jours) en Asie centrale, signant un nombre impressionnant de contrats : 22,5 milliards de dollars de promesses d'investissements et vingt-deux accords touchant à l'énergie ainsi qu'aux secteurs des transports ou de l'agriculture au Kazakhstan ; plus de 6 milliards de dollars d'aide au développement du site gazier de Galkynysh au Turkménistan et la construction d'un pipeline d'ici à 2020 ; à peine moins au Kirghizstan, où, en plus du pétrole, la Chine s'est engagée à développer le réseau électrique... Evidemment la concurrence avec la Russie limite ses ambitions. Mais Moscou, qui connaît des difficultés économiques et de sérieux déboires dans ses relations avec l'Europe, se fait plutôt arrangeant (lire l'article d'Isabelle Facon, « La complexe quête asiatique de la Russie »). Le Kremlin a signé l'an dernier un gigantesque accord énergétique qui le lie pour plus de vingt ans à son rival asiatique...
Les dirigeants chinois consolident également leurs relations avec le Pakistan, en investissant 46 milliards de dollars (37 milliards d'euros) dans la construction de routes, chemins de fer, réseau électrique, etc., ainsi qu'avec l'Afghanistan, auquel ils ont promis 245,4 millions de dollars pour « développer l'agriculture, l'hydroélectricité et la construction d'infrastructures (8) », sans compter les investissements semi-publics dans les mines de cuivre. Il est significatif que, pour son premier voyage à l'étranger, le nouveau président Ashraf Ghani ait choisi Pékin, qu'il espère voir sortir de sa réserve diplomatique une fois les soldats américains partis.
Accords bilatéraux, aides à l'investissement, internationalisation du yuan… Va t-on vers un plan Marshall chinois ?Au total, la Chine fait valser les milliards de dollars vers l'ouest, au service d'un programme économique d'envergure et d'un plan stratégique ambitieux. A la surprise générale, elle a même donné naissance à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures. En concurrence affichée avec la Banque mondiale, celle-ci regroupe vingt et un pays (dont l'Inde, la Malaisie, Singapour, le Vietnam, les Philippines, le Qatar, le Koweit...), malgré les pressions américaines sur des pays comme l'Australie qui finalement n'a pas signé (lire l'article de Vince Scappatura, « L'Australie, pièce centrale du « pivot » américain »). Elle devrait commencer à fonctionner cette année avec un capital de 50 milliards de dollars (40 milliards d'euros) et favoriser les échanges en yuans entre Pékin et ses partenaires. L'internationalisation de la monnaie chinoise se poursuit pas à pas.
Faut-il y voir, comme le craint le Wall Street Journal, un « plan Marshall chinois (9) », en référence au plan américain en Europe après la seconde guerre mondiale ? « A première vue, il s'agit de la même proposition gagnant-gagnant » : fournir des fonds qui reviendront ensuite aux entreprises chinoises, en leur assurant leurs besoins énergétiques ou en leur garantissant des marchés. Au moment où les aciéries chinoises connaissent des surcapacités de production et les entreprises du bâtiment de grandes difficultés, on voit rapidement l'intérêt du développement des infrastructures... « La véritable question, assure le Wall Street Journal, est de savoir si les pays asiatiques accueilleront favorablement ce transfert de leadership des Etats-Unis vers la Chine. » Pour l'heure, Pékin promet d'appliquer la règle des « trois non (10) » : pas d'ingérence dans les affaires intérieures, pas de recherche de zone d'influence privilégiée, pas de lutte pour asseoir son hégémonie. Trop beau pour être vrai ?
(1) Philip S. Golub, « Retour de l'Asie sur la scène mondiale », Le Monde diplomatique, octobre 2004.
(2) « Xi proposes a “new Silk Road” with central Asia », China Daily, 8 septembre 2013.
(3) Shawn Donnan, « Geopolitics cast shadow over New Silk Road », Financial Times, Londres, 17 octobre 2014.
(4) « Hardly an oasis », The Economist, Londres, 15 novembre 2014.
(5) Cité dans « “One belt, one road” initiatives key for building a safer Asia », Xinhua, 25 septembre 2014.
(6) Wang Jisi, « China's search for a grand strategy - A rising great power finds its way », Foreign Affairs, vol. 90, n°2, New York, mars-avril 2011.
(7) Wang Jisi, « “Marching westwards” : The rebalancing of China's geostrategy », International and Strategic Studies, n° 73, Pékin, 7 octobre 2012.
(8) Xinhua, Pékin, 28 octobre.
(9) « China's “Marshall Plan”, The Wall Street Journal, New York, 11 novembre 2014.
(10) Intervention de Shi Ze, professeur à l'Institut chinois des études internationales, lors de la conférence internationale de l'Institut Schiller, en Allemagne, 18 et 19 octobre 2014, www.institutschiller.org
À l’occasion de la sortie du numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016), consacré à la Méditerranée, l’Ifri organise, le mardi 31 janvier à 19h, à la Villa Méditerranée de Marseille une conférence dans le cadre des Mardis de la Villa.
Au croisement des secousses et des crises : la Méditerranée. Déstabilisations sur la rive sud, flux migratoires incontrôlés, rivalités larvées à l’est pour l’exploitation des ressources énergétiques, présence militaire simultanée de toutes les grandes puissances (de Washington à Pékin sans oublier Moscou…), affirmation croissante des puissances régionales… Mare nostrum est plus que jamais agitée, éclatée. D’ailleurs, fut-elle jamais le bassin uni dont rêvèrent trente années de politiques européennes – des politiques de bonne volonté, mais dont l’échec en dit beaucoup sur ses complexités. Comment penser cette Méditerranée-là, qui reste le centre de tous les dangers ?
LES INTERVENANTS
David Amsellem est docteur en géopolitique de l’université Paris 8, spécialisé dans les enjeux énergétiques au Proche et au Moyen-Orient. Sa thèse de doctorat, soutenue en 2014, portait sur les récentes découvertes de gaz naturel en Méditerranée orientale et leurs conséquences dans les relations entre les États de la région.
Auteur de l’article « Méditerranée orientale : de l’eau dans le gaz ? », Politique étrangère, n°4/2016.Docteur en droit et en sciences politiques, Jean-François Daguzan est professeur associé à l’université de Paris II panthéon-Assas. Il a été maître de recherche au Centre de recherches et d’études sur les stratégies et les technologies de l’École polytechnique (CREST) de 1991 à 1998, et il est depuis 1999 maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
Auteur de l’article « Les politiques méditerranéennes de l’Europe : trente ans d’occasions manquées », Politique étrangère, n°4/2016.Alice Ekman est chercheur, responsable des activités Chine au Centre Asie de l’Ifri. Elle analyse les principaux changements de politiques extérieures et intérieures du pays et les évolutions au sein de la société. Elle est chargée de cours sur la Chine contemporaine à Sciences Po Paris et Lille, et intervient également à l’IHEDN et à l’École de guerre.
Auteur de l’article « La Chine en Méditerranée : un nouvel activisme », Politique étrangère, n°4/2016.La conférence sera modérée par Marc Hecker, directeur des publications de l’Institut français des relations internationales (Ifri) et rédacteur en chef de la revue Politique étrangère.
Adresse : Villa Méditerranée • Esplanade du J4 • 13002 Marseille Entrée libre • Sur réservation par mail à billetterie@villa-mediterranee.org
Fondateur, en 1958, du Mouvement national congolais (MNC), d'inspiration socialiste et panafricaniste, Patrice Lumumba (1925-1961) devient premier ministre du Congo le 23 juin 1960. Partisan d'une indépendance sans concession, accusé de communisme, il représente rapidement un obstacle pour les Occidentaux et les intérêts miniers. Ecarté du gouvernement au bout de trois mois puis arrêté, il est assassiné par l'armée congolaise au Katanga, le 17 janvier 1961, en présence de militaires belges. Le colonel Mobutu s'installera au pouvoir pour près de quarante ans. L'extrait suivant reprend le discours qu'il prononça devant la Chambre des députés le 9 septembre 1960, pour protester contre sa destitution par le président Joseph Kasa-Vubu, décidée en sous-main par les Etats-Unis, la Belgique et l'Organisation des Nations unies (ONU).
« Lumumba », un film de Raoul Peck (France-Belgique-Haïti, 1999)« Monsieur le président, chers honorables députés, je prends la parole aujourd'hui devant vous parce que c'est de mon devoir de vous informer sur ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays. En aucun cas je n'ai été contre Kasa-Vubu. De plus, si celui-ci est aujourd'hui chef de l'Etat, c'est grâce à moi, Lumumba ! Certains députés, même dans l'opposition, n'étaient pas d'accord — parce qu'il serait un séparatiste, disaient-ils. Eh bien le danger qu'ils craignaient, le voilà aujourd'hui ! Si aujourd'hui je demande aux élus de la nation que M. Kasa-Vubu ne soit plus chef de l'Etat, il ne le sera plus. On a mobilisé des millions de francs pour mener une campagne contre moi par la radio, en lançant des tracts rédigés tous les jours pour une action psychologique. Pour tromper le peuple, on me traite de tous les épithètes : Lumumba “dictateur”, Lumumba “communiste”, Lumumba “Moscou”, et tant d'autres… Est-ce que quand nous luttions ici, qu'on me jetait en prison parce que je réclamais l'indépendance immédiate, était-ce des Russes qui me conseillaient cela ? Quand nos frères luttaient partout, était-ce des Russes qui nous instiguaient à réclamer l'indépendance ? Qui nous a exploités durant quatre-vingts ans ? N'est-ce pas les impérialistes ? La reine Elisabeth de Belgique est présidente des Amitiés belgo-russes : est-elle communiste ? Lorsqu'ils parlent contre Lumumba, sachez que Lumumba n'est qu'un bouc émissaire et la bête noire. Ce n'est pas Lumumba qu'ils visent, mais plutôt vous et l'avenir du Congo !
Chers frères, je fais appel à votre sagesse, à la sagesse bantoue. La situation est plus grave que vous ne l'imaginez. Unissons-nous, car vous êtes capables de sauver ce pays. Oublions tout ce qui nous a divisés jusqu'ici. »
Pro-China groups protest Tsai Ing-wen visit in San Francisco (China News)
On January 12-14, pro-China propaganda groups linked to the Chinese government issued a statement and staged a protest against Taiwan president Tsai Ing-wen’s stopovers in the United States en route to and from official visits to diplomatic allies in Latin America. Tsai stopped in Houston on her outbound journey January 7 and arrived in San Francisco on her return journey January 13, angering China.
A joint statement issued January 12 by pro-China groups in the San Francisco Bay Area parroted Chinese government propaganda in its condemnation of Tsai and her U.S. stopovers: “As overseas Chinese, we firmly believe the peaceful reunification of China is an inevitable and irresistible trend. We advise Tsai Ing-wen to recognize the international situation and give up the unrealistic ‘Taiwan independence’ attempts as early as possible…. We will keep a close eye on her secessionist activities and attempts, and firmly oppose the ‘two Chinas’ and ‘Taiwan independence’.”
On January 14, pro-China demonstrators gathered outside Tsai’s hotel near San Francisco International Airport, waving red Chinese flags and shouting “One China, oppose Taiwan independence.” The protest received little attention in U.S. media but was widely reported in state-run mainland Chinese media as evidence of “overseas Chinese” support for Beijing’s “one-China” policy. While a brief mention at Reuters estimated the crowd at just over a hundred including supporters of Tsai, state-run China Daily claimed that 500 showed up to protest against Tsai’s visit and made no mention of Tsai’s supporters (See also China News, China Overseas Network, China Youth Network, China Radio International, Observer Network, Sina News).
Pro-China groups protest Tsai Ing-wen visit in San Francisco (China News)
Pro-China groups leading the protest included “Chinese for Peaceful Unification-Northern California” (北加州中國和平統一促進會 or 北加州中国和平统一促进会, CPU-NC). CPU-NC’s activities in the Bay Area and its links to the Chinese government have been noted previously at Foreign Policy Blogs. Organizing the protest for CPU-NC was Zou Zhiqiang (鄒志强 or 邹志强, aka Fred Tzou), a realtor in Fremont, California. Zou’s presence at the January 14 protest outside Tsai’s hotel was prominently noted in Chinese media. “Domestically, [Tsai] promotes ‘cultural Taiwan independence’, said Zou to China Daily, “Internationally, she is willing to be used by the U.S. and Japan like a chess piece.”
The Committee to Promote the Reunification of China-San Francisco Bay Area (舊金山灣區中國統一促進會 or 旧金山湾区中国统一促进会, CPRC-SF), likewise noted previously at Foreign Policy Blogs, was also among the protest organizers. Like CPU-NC, CPRC-SF has an extensive record of pro-China activities in the Bay Area, contacts with Chinese government officials, and a close working relationship with the Chinese consulate-general in San Francisco (See also U.S.-China Press, Jan. 11, Jan 12).
These groups, as further noted at Foreign Policy Blogs, are only two of more than 30 such groups currently operating in cities and regions across the United States and some 200 operating in 90 countries around the world. All are overseas chapters of the China Council for the Promotion of Peaceful National Reunification in Beijing, a nominally “non-governmental” organization run entirely by Chinese Communist Party officials; and all work closely with China’s embassies and consulates abroad. The chief purpose of these organizations is asserting mainland Chinese territorial claims and undermining international support for Taiwan.
Given its established patterns of behavior, the Chinese consulate-general in San Francisco seems likely to have been involved with its allied groups in orchestrating these protests against the Taiwanese president’s visit to the Bay Area.
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(Bulent Kilic/Agence France-Presse/Getty Images)
“ISIS is like a mushroom. It was able to grow here, in Iraq, because there is a fertile environment. It didn’t just come from nowhere.”
This is what an Iraqi activist told me, with an edge of anger and passion in her voice, when I was in Iraq late last year. She went on to explain that in her opinion ISIS could not be—and should not be—eradicated through bombs and fighting. Instead, Iraq desperately needed to embark on a national program of reconciliation and reform.
To be honest, this jarred. I had heard harrowing stories of the systematic cruelty ISIS meted out to the civilian population. I had seen the destruction it left in its wake, from flattened villages to burning oil fields that coated everything, including the faces of children, in a black film.
But her words were a vital reminder of the deep-seated nature of Iraq’s challenges, that atrocities had been committed by all sides, and the need to acknowledge and address the layers of grievance.
Over the last two weeks, the fierce battle to retake Mosul from ISIS has intensified. Over 140,000 civilians have fled their homes since the latest phase of the military operation began last October. So far the Iraqi army, the Kurdish Peshmerga, their international backers, and assorted militias have avoided mass civilian casualties. But as the army enters the dense residential areas of Mosul, families face impossible choices, as they are trapped between warring parties.
The media and political narrative about Iraq tends to be dominated by ISIS, but Iraq’s challenges do not begin and end with Mosul. Even before the current offensive, three million people had been uprooted from their homes. Across the country, there is a mosaic of displacement. Sectarian conflict and identity politics drive people from their homes just as ISIS does, and the experience of displacement can in turn reinforce sectarianism. There are communities unable to return home because they are perceived to be the ‘wrong’ sect, tribe or religion. There are people in need across the board, and this is why Oxfam is supporting people who have returned to or stayed in their homes, as well as those who have fled violence.
Whenever I travel to war zones, I ask our local staff about mixed marriages. It tends to be a good conversation starter and a good, if highly anecdotal, bellwether of inter-communal relations. One of Oxfam’s engineers told me that he was the result of a mixed Sunni-Shia marriage and his wife was Kurdish, but that mixed marriages were increasingly rare. Perhaps even more revealingly, he told me he could never work for the government, whether it was the Kurdish Regional Government, the central government in Baghdad or local authorities because he would always be considered to be ‘from the other side’.
One of the symptoms of this deep-seated sectarianism is the proliferation of local militia groups along communal lines. As young men return home, they are being enlisted by tribal leaders. I spoke to one such young man who was guarding a water plant that had been destroyed by ISIS and subsequently repaired by Oxfam. When I asked him why he had joined the militia, he shrugged as if it was obvious. “This is what we need to do to protect our home,” he said. One security consultant I met wryly described these young men as “Neighborhood Watch with guns”.
While these militias provide a source of employment, and in some instances a degree of protection, they may also put communities at risk and breed instability in the long term. A couple of women in their early twenties, from the same town, told me that when it came to jobs for young men, the choice boiled down to joining the local militia or the local police force—and the distinction between the two can be blurred.
The Iraqi army, the Kurdish Peshmerga and a range of militias have joined international backers like the U.S. and Britain in a marriage of convenience to counter ISIS. Once their common enemy is pushed back, there is a risk that the various Iraqi forces could clash amongst themselves or another dangerous group could emerge if underlying grievances in this oil-rich country are left to fester.
This is why it is crucial to plan beyond the short-term military strategy and, however difficult, work to create a new environment in which ISIS or its successor cannot mushroom.
Maya Mailer is Head of Humanitarian Policy and Campaigns at Oxfam. She recently returned from Iraq, where Oxfam has been supporting families who have fled ISIS since 2014 including as a result of the recent conflict in Mosul.
This blog was first published on independent.co.uk and reappears here with kind permission.
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Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Charza Shahabuddin propose une analyse de l’ouvrage de Partha S. Gosh, Migrants, Refugees and the Stateless in South Asia (Sage Publishing, 2016, 384 pages).
L’ouvrage de Partha S. Gosh constitue une référence concernant la typologie et l’impact des différentes formes de migrations en Asie du Sud. Il est un apport inédit à la littérature académique, en ce qu’il s’appuie sur l’étude des dimensions culturelles de la migration les moins explorées, en démontrant que la définition juridique classique (celle des Nations unies) des concepts de migrants, réfugiés et apatrides, n’est pas pertinente dans le cas sud-asiatique, ce pour des raisons politiques, sociales et historiques.
L’auteur s’appuie sur diverses théories sur la migration – approches géographique, économique, de développement et de genre – développées dans la littérature académique occidentale. Pour dresser une cartographie de la scène migratoire sud-asiatique sur les soixante dernières années, il catégorise 50 millions de migrants, réfugiés et apatrides en huit catégories différentes. Il passe en revue les migrations (chapitre 1) liées aux incertitudes de la Partition de 1947, la situation des apatrides, les conflits interethniques, mais aussi les échecs dans la construction de la nation en Asie du Sud.
Le pays hôte accueille dans un premier temps les réfugiés avec bienveillance. Le temps passant, la sympathie initiale se transforme en inquiétude. L’influence politique, religieuse, économique ou culturelle des migrants peut attiser des divisions au sein du pays hôte (chapitre 2).
La guerre civile est l’une des causes les plus connues de migrations inter-étatiques. Ces mouvements de populations actionnent la variable sécuritaire : des tensions se développent entre l’État en proie à la guerre civile et ses voisins. Durant la guerre d’indépendance du Bangladesh en 1971, l’Inde accueille près de 10 millions de réfugiés, elle soutient et arme la guérilla bengalie ; d’où une escalade des tensions entre Inde et Pakistan.
Sur les huit pays sud-asiatiques, seul l’Afghanistan a signé la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son protocole de 1967. L’auteur interroge la nécessité pour les États d’adopter un régime spécifique pour l’accueil des réfugiés. Au cœur du débat, on retrouve la dualité entre le concept d’universalité des droits de l’homme et celui du relativisme culturel enchâssé dans les discours de la décolonisation. Dans le cas sud-asiatique, les États préfèrent se fonder sur une approche légale nationale. L’auteur conclut qu’en dépit de l’absence de conventions spécifiques, les gouvernements agissent en faveur du soutien et de la reconnaissance des migrants, réfugiés et apatrides (chapitre 4).
Les dimensions culturelles et psychologiques sont transposées d’un pays à l’autre lorsque les populations migrent (chapitre 6), avec un double impact : les migrants influencent la société dans laquelle ils arrivent, et vice versa. On retrouve ce métissage dans les arts et la culture. Les tensions sociales au sein du pays d’accueil se ressentent au travers de la psychologie individuelle et collective. Par exemple, il ne se passe pas un seul jour sans que l’Inde produise un film relatant l’épisode de la Partition. Les mouvements de migrants et de réfugiés ne reflètent pas seulement la destruction et la misère, ils sont aussi à l’origine d’une créativité artistique florissante. Autre exemple : celui de l’influence portugaise dans la musique des films indiens.
Ainsi, il semble qu’en dépit de ses problèmes économiques, démographiques, environnementaux et de sa diversité culturelle, l’Asie du Sud n’a en rien perdu son esprit humanitaire.
Charza Shahabuddin
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