En Europe, les regards restent tournés vers la Turquie. Deux semaines après le premier tour de l’élection présidentielle, à l’issue duquel le président sortant Recep Tayyip Erdoğan est arrivé en tête (49,5 % des voix) devant le chef de l’opposition coalisée Kemal Kılıçdaroğlu (44,9 %), un second tour opposera les deux rivaux dimanche 28 mai. Crédité d’environ 51 % des suffrages, le chef de l’Etat actuel est légèrement en tête dans les sondages.
Cette bataille politique au sommet intéresse de près l’Union européenne et les Vingt-Sept car de nombreux sujets les impliquent au premier plan. Frontalière de l’UE, la Turquie a d’ailleurs obtenu le statut de pays candidat à l’adhésion européenne en 1999. Mais l’élargissement est loin d’être le seul dossier préoccupant les Européens, qui s’interrogent sur les effets d’une possible alternance politique.
À LIRE AUSSIAdhésion de la Turquie à l’Union européenne : où en est-on ? L’Otan et la RussieL’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022 est venu bouleverser les équilibres géopolitiques en Europe. En Turquie, le conflit a placé Recep Tayyip Erdoğan dans une position d’équilibriste. Car le pays est membre depuis 1952 de l’Otan, alliance politico-militaire comprenant notamment les Etats-Unis et 22 Etats membres de l’UE, honnie par le président russe Vladimir Poutine. Mais Ankara entretient également de bonnes relations avec Moscou.
Le 27 avril dernier, la première centrale nucléaire de Turquie a par exemple été inaugurée. Celle-ci est de fabrication russe et pourrait fournir jusqu’à 10 % de la consommation électrique du pays, qui est en outre très dépendant du gaz acheté à Moscou. L’armée turque s’équipe de son côté du système antimissiles S-400, provenant de Russie. Ankara n’applique pas de sanctions contre Moscou, à la différence des Européens. Et depuis le début de la guerre, le président turc tente de jouer le rôle de médiateur entre Russes et Ukrainiens. Avec certains succès, comme l’accord permettant la reprise des exportations de céréales provenant d’Ukraine, en juillet dernier.
Concernant l’Otan, le positionnement turc est ambigu. La guerre a poussé la Suède et la Finlande à sortir de leur neutralité historique et à demander en mai 2022 l’adhésion à l’Alliance atlantique. Mais la Turquie a conditionné l’acceptation de leur intégration à une coopération dans la lutte contre les militants kurdes du PKK. Après des mois d’attente, Ankara a finalement donné son feu vert à la Finlande, qui a pu rejoindre l’Otan début avril. Mais pas encore à la Suède, sommée de patienter.
À LIRE AUSSIOtan / Union européenne : quelle coopération ? ImmigrationLa Turquie est située sur la route de la Méditerranée orientale, empruntée notamment par les migrants pour tenter de rejoindre l’UE via la Grèce ou la Bulgarie. En 2015, une grave crise migratoire éclate lorsque des millions de réfugiés syriens quittent leur pays en raison de la guerre civile qui s’y déroule. L’UE conclut alors en mars 2016 un accord avec la Turquie, qui accepte de les retenir sur son sol en échange d’une aide financière conséquente.
A ce jour, Ankara a obtenu six milliards d’euros de la part de Bruxelles et accueille quatre millions de réfugiés sur son territoire. Mais la Turquie s’est souvent servie de cet accord pour faire pression sur l’UE, au gré de ses relations avec elle. En 2019, fustigeant les critiques européennes à l’encontre de son intervention militaire contre une milice kurde dans le nord-est syrien, Recep Tayyip Erdoğan menace de laisser passer des millions de réfugiés en Europe. Ankara semble d’ailleurs avoir plusieurs fois agi en violation de l’accord, comme en 2020 lorsque l’ONU l’a accusée d’avoir permis à 15 000 personnes, en majorité syrienne, de se rendre en Grèce.
À LIRE AUSSIAsile et migrations dans l’Union européenne ChypreLa question chypriote constitue un sérieux sujet de tensions entre Ankara et l’UE. A partir de 1974, l’île de Chypre est divisée en deux à la suite d’une intervention militaire de la Turquie, entre Chypriotes grecs au sud et Chypriotes turcs au nord. Ces derniers ont fondé la République turque de Chypre du Nord, uniquement reconnue par Ankara.
Un profond contentieux de l’Etat turc avec la République de Chypre et l’UE de manière générale, par ailleurs synonyme d’important point de blocage à la candidature du pays à l’intégration européenne. Car les pourparlers pour la réunification de l’île sont restés dans l’impasse depuis plusieurs décennies.
En 2020, un regain de tensions se produit lorsque la Turquie pénètre illégalement dans la zone économique exclusive de Chypre, tentant de forer ses gisements gaziers.
GrèceLes difficultés rencontrées dans les relations d’Ankara avec Nicosie ne sont pas étrangères à celles avec Athènes, notamment liées à une rivalité historique entre Turcs et Grecs. En 2020, la Turquie était aussi illégalement entrée dans les eaux territoriales de la Grèce, également en quête de forages. Mais la menace va plus loin encore, la Turquie contestant la légitimité des accords ayant réglé les différends territoriaux avec la Grèce, les traités de Lausanne (1923) et de Paris (1947).
Depuis 2020, Recep Tayyip Erdoğan et ses ministres ont à plusieurs reprises menacé d’envahir des îles grecques. Ce contexte tendu conduit la Grèce à augmenter ses dépenses militaires et à moderniser son armée. Selon Athènes, les violations de son espace aérien par les avions de l’armée turque sont particulièrement fréquentes. Des accusations que la Turquie formule aussi à l’encontre de la Grèce, au sujet de son propre espace aérien.
Haut-KarabaghA majorité arménienne, cette république autoproclamée non reconnue internationalement a déclaré son indépendance en 1991 et se situe sur le territoire de l’Azerbaïdjan, qui en réclame la souveraineté. Fin septembre 2020, un violent conflit éclate entre l’armée azerbaïdjanaise, soutenue par la Turquie, et les forces armées du Haut-Karabagh, appuyées par l’Arménie. Après 44 jours de guerre, un cessez-le-feu établi sous l’égide de la Russie acte la perte du contrôle des trois quarts du territoire sous contrôle des autorités du Haut-Karabagh.
Depuis décembre dernier, l’Azerbaïdjan empêche la circulation sur le corridor de Latchine, seule route reliant le Haut-Karabagh à l’Arménie. Une situation qui a abouti au blocus du territoire et qui met en danger des milliers de vies. Fin février, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Bakou de mettre fin à cette situation.
C’est dans ce contexte que l’UE a lancé fin janvier une mission civile aux frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan afin de contribuer à la stabilité dans la région. Après l’élection présidentielle turque, l’attitude d’Ankara, qui peut exercer une influence importante sur Bakou, sera observée de près par les Européens.
À LIRE AUSSILa politique de sécurité et de défense commune (PSDC)À LIRE AUSSIEurope : quelles sont les prochaines élections nationales en 2023 ?L’article Election présidentielle en Turquie : pourquoi l’Union européenne s’y intéresse de près est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
“Tout le monde a le droit de partir avec Erasmus+. Les gens ont tous cette opportunité, ils ne sont juste pas au courant”. Rémi Moura sait de quoi il parle. Le boulanger pâtissier de 31 ans a profité de plusieurs séjours avec le programme européen : trois fois trois semaines à Francfort en Allemagne puis neuf mois à Cambridge, au Royaume-Uni. “Pourtant, je ne savais pas qu’en tant que pâtissier je pouvais le faire”, affirme-t-il.
Consciente du besoin d’information auprès de certains publics, l’agence Erasmus+ France Education Formation a lancé le 9 mai dernier l’initiative “Ambassadeurs Erasmus+”. Ce réseau composé d’anciens bénéficiaires aura pour objectif “d’inciter les publics concernés par les opportunités Erasmus+ à s’en saisir”, fait savoir l’agence. Les intéressés ont jusqu’au 18 juin pour candidater.
La création d’un réseau d’Ambassadeurs Erasmus+ est l’une des 35 propositions pour rendre le programme plus accessible à tous, dévoilées en janvier 2022 à l’occasion du 35e anniversaire du programme. Rémi Moura faisait d’ailleurs partie des 70 personnes (dont une moitié d’anciens bénéficiaires d’Erasmus+) qui ont rédigé les propositions.
À LIRE AUSSIPour ses 35 ans, le programme Erasmus+ veut renforcer la “mobilité pour tous” “L’envie de transmettre”Le programme a bénéficié à plus de 12 millions d’Européens depuis sa création en 1985 et ne compte pas s’arrêter là : 10 millions de personnes supplémentaires doivent profiter d’une mobilité d’ici à 2027. Mais avec une priorité : Erasmus+ veut sortir de l’image du programme réservé aux étudiants et mieux refléter la diversité des profils qui peuvent en bénéficier.
Antoine Castro est l’un de ces profils qui sortent des idées reçues. Comme Rémi, il est l’un des quatre Ambassadeurs présélectionnés par l’agence Erasmus+ France. En 2022, le jeune homme est parti trois mois en Irlande par l’intermédiaire de Pôle Emploi. Il a pu travailler pour le service informatique d’une entreprise spécialisée dans les panneaux solaires. Une expérience possible “grâce à une personne qui a su comprendre mes besoins et mes envies et qui m’a bien dirigé sur un programme que je ne connaissais pas”, souligne Antoine. Aujourd’hui, “c’est l’envie de transmettre” qui le pousse à être Ambassadeur Erasmus+.
À LIRE AUSSI[Infographie] Mode d’emploi : comment partir avec Erasmus+ ? Témoigner et lever les doutesTémoigner de son expérience est en effet la principale mission qui attend les Ambassadeurs. “Forts de cette expérience qui a marqué leur vie et animés par l’envie de la partager, ils ont pour mission d’inspirer, d’informer et de rassurer de futurs candidats à la mobilité”, précise l’agence Erasmus+ France.
Pendant douze mois, les membres du réseau participeront à des événements en lien avec Erasmus+ à l’échelle régionale, nationale et même européenne. Surtout, les Ambassadeurs iront à la rencontre de futurs bénéficiaires. “Si on retire une expérience positive de notre mobilité, autant le partager”, résume ainsi Antoine.
Ils répondront à “toutes les questions que les gens peuvent se poser : où se loger ? La sécurité sociale et le médecin, comment ça marche ?” liste Rémi. Autant d’interrogations qui peuvent dans certains cas constituer un frein à la mobilité. Des barrières que le réseau d’Ambassadeurs espère lever.
À LIRE AUSSIErasmus+ a la cote auprès des élèves et professeurs de l’enseignement scolaireLancée le 9 mai dernier, la plateforme pour candidater est ouverte jusqu’au 18 juin. Quelques minutes suffisent pour déposer sa candidature. Parmi les questions posées : “Comment Erasmus+ a marqué votre vie ?”.
Les personnes sélectionnées recevront une réponse avant l’été. Les 40 Ambassadeurs seront ensuite mobilisés dès la rentrée scolaire puis pour les #ErasmusDays (9-14 octobre 2023).
Découvrez également en vidéo les témoignages de Rémi, d’Antoine mais aussi de Léa et de Delphine, recueillis par l’agence Erasmus+ France Education Formation.
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La rencontre entre le représentant de l’exécutif européen et le patron de Google, mercredi 24 mai, constitue “a priori un pas important vers une régulation de l’intelligence artificielle (IA)”, avance Le Temps. Le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton et le PDG du géant du numérique se sont en effet accordés pour “travailler sur des règles afin d’encadrer l’intelligence artificielle (IA) avec les entreprises volontaires, dans l’attente d’une nouvelle législation dans l’UE”.
Bien que les institutions européennes aient “un projet bien avancé de régulation […] sur lequel Sundar Pichai entend manifestement peser”, l’UE souhaite instaurer une sorte de “prérégulation” des entreprises dans l’attente de “l’IA Act”, expliquent Les Echos.
“Nous avons convenu avec le PDG de Google, Sundar Pichai, de collaborer avec tous les principaux acteurs européens et non européens de l’IA pour élaborer un ‘pacte sur l’IA’ sur une base volontaire avant l’échéance légale du règlement sur l’IA”, a ainsi déclaré hier Thierry Breton, sur Twitter.
Pacte sur l’IAL’Union européenne veut être pionnière en adoptant un cadre juridique complet pour limiter les dérives de l’intelligence artificielle, souligne Libération. Le projet de règlement, présenté en avril 2021, entrerait en vigueur “au plus tôt fin 2025″, a indiqué Thierry Breton. Ce dernier a “exhorté les pays de l’UE et les législateurs européens à [finaliser le texte] avant la fin de l’année”, ajoute l’agence de presse Reuters. “Au début du mois, le Parlement européen a approuvé un ensemble de règles novatrices pour l’IA” sur les droits d’auteur par exemple, rappelle la chaîne américaine CNBC.
À LIRE AUSSIIntelligence artificielle : le Parlement européen se prononce en faveur d’un encadrement plus strictAinsi, ce “Pacte sur l’IA” conclu avec les acteurs du numérique anticiperait des aspects du projet européen “et peut-être d’autres éléments, s’ils ont d’autres idées pour renforcer la protection”, a expliqué le commissaire au Marché intérieur [La Voix du Nord]. Celui-ci espère aussi “convaincre d’autres acteurs européens, ou pas, à se joindre au mouvement”, ajoutent Les Echos. La semaine passée, “le même Thierry Breton avait demandé aux géants du numérique d’accepter un audit ‘à blanc’ ” avant l’entrée en vigueur des nouvelles règles européennes [Le Temps].
“Sundar Pichai s’est toujours dit convaincu de la nécessité de réguler l’IA” mais “s’il est venu à Bruxelles, c’est aussi pour faire part de certaines préoccupations”, résument Les Echos. Ayant connu des difficultés à mettre en place le règlement général sur la protection des données (RGPD), Google “ne voudrait sans doute ne pas avoir à subir le même sort lors de l’entrée en application des règles européennes sur l’IA”. Les mesures visant l’IA générative (comme ChatGPT) envisagées par l’UE dans sa future législation “font aussi partie des points sur lesquels le dirigeant de Google appelle l’Europe à la nuance”, soucieux des charges réglementaires “susceptibles de ralentir l’innovation”, poursuit le quotidien économique.
À LIRE AUSSILe Règlement général sur la protection des données (RGPD) Vers un accord américano-européen sur l’IADans une tribune au Financial Times, le PDG de Google appelle à “la création d’une IA responsable”. Sundar Pichai a par ailleurs rencontré tour à tour trois autres commissaires européens : Margrethe Vestager (Concurrence), Věra Jourová (Valeurs et transparence) et Margarítis Schinás (promotion du mode de vie européen). L’occasion de discuter du rôle que l’IA pourrait jouer dans la désinformation et les risques qui y sont associés, notamment “pour les processus électoraux dans l’UE et ses États membres” un an avant les élections européennes, remarque CNBC. La diffusion sur les réseaux sociaux de fausses images créées à partir d’applications comme Midjourney “a alerté sur les risques de manipulation de l’opinion” [La Voix du Nord].
“Enfin, la nécessité d’un dialogue fort entre le Vieux Continent et les Etats-Unis fait aussi partie des priorités du géant de la tech”, font savoir Les Echos, dans l’optique d’harmoniser les cadres légaux. La venue de Sundar Pichai à Bruxelles précède une réunion du Conseil du commerce et de la technologie entre l’UE et les Etats-Unis les 30 et 31 mai en Suède. Washington et Bruxelles prévoient “d’intensifier leur coopération en matière d’intelligence artificielle” [Reuters], a déclaré Margrethe Vestager. Une volonté qui pourrait “déboucher sur un premier accord euro-américain la semaine prochaine en vue d’établir des règles pour la surveillance biométrique ou la reconnaissance faciale”, indique RFI.
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