Le SNLE Le Triomphant vient de retrouver la base navale de l’Île-Longue qu’il avait quittée pour le bassin numéro huit de Brest pour y subir une Indisponibilité Périodique pour Entretien et Réparation (IPER/Adaptation). Pendant vingt mois, il a subi une opération de grande ampleur visant à le mettre au même niveau que SNLE Le Terrible dernier sous-marin de ce type entré en service au sein de la FOST.
Le Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins (SNLE) Le Triomphant a débuté sa refonte en août 2013 à Brest. Le bâtiment a bénéficié d’un chantier colossal lui permettant de rénover ses différents équipements, dont le système de combat et les sonars, ainsi que d’une reconstruction de la tranche missiles. L’intégration du missile balistique M51 a été l’une des parties les plus délicates de la refonte, le nouveau missile ayant des dimensions et une masse supérieure à celle de son aîné. Remis à flot le vendredi 20 mars 2015 après vingt mois de travaux Le Triomphant a été remorqué vers sa base sous-marine en presqu’île de Crozon. De retour à l’Île-Longue il lui reste encore dix mois de mise au point et d’opérations diverses de redémarrage. C’est aussi à l’Île-Longue que le cœur nucléaire et tous les éléments de propulsion seront réinstallés et remis en service. Il devrait réintégrer au sein de la Force Océanique Stratégique (FOST), la boucle opérationnelle l’hiver prochain.
Le Triomphant est le second SNLE à avoir subi une telle opération, le premier ayant été Le Vigilant. Le Téméraire subira le même sort à partir du printemps 2016.
Réalisés par le site DCNS de Cherbourg, les SNLE du type Le Triomphant sont les plus gros sous-marins réalisés jusqu’ici en France. Ils mesurent 138 mètres de long et présentent un déplacement de plus de 14 000 tonnes en plongée. Armés alternativement par deux équipages de 110 marins, ces bâtiments peuvent mettre en œuvre seize missiles balistiques, la portée maximale du M51 étant estimée à 9 000 kilomètres. Chaque missile peut emporter jusqu’à six têtes nucléaires TN75 d’une puissance de 110 kilotonnes chacune. En dehors de cette force de frappe stratégique, les SNLE français disposent également, pour leur autodéfense, de quatre tubes permettant de lancer des torpilles lourdes F-21 et des missiles antinavire Exocet SM39.
Le Suffren, tout premier né du programme Barracuda, effectuera sa première sortie à la mer au printemps 2016 pour une livraison à la marine en 2017. Le Suffren est le premier d’une série de six sous-marins nucléaire d’attaque, qui remplaceront les actuels Rubis.
Les Sous-marins Nucléaire d’Attaque (SNA) de la nouvelle classe Barracuda, sont plus grands, plus puissants et plus silencieux que leurs aînés. D’une longueur de 99,5 mètres ils affichent un déplacement de 5 000 tonnes en plongée. Ces bâtiments à propulsion nucléaire sont conçus pour fonctionner avec un équipage mixte réduit de soixante marins, même si la décision de féminiser la sous-marinade n’est pas prise. Le sous-marin est capable d’embarquer jusqu’à soixante-quinze passagers, dont une quinzaine de commandos. Ceux-ci pourront utiliser les engins (propulseurs, bateaux rapides…) placés dans la « valise sèche », la DDS (Dry deck shelter) que le sous-marin pourra transporter sur sa coque. Le Barracuda apportera un grand nombre d’innovations, notamment dans le domaine acoustique. La propulsion sera assurée par un réacteur nucléaire K15, le même que celui des Triomphant ou du Charles de Gaulle. L’allure générale du sous-marin est modifiée par la présence de barres en forme de croix de saint-André, où les barres de plongée arrière sont en même temps les barres de direction. L’autre révolution majeure est la fin du périscope optique, il sera remplacé par un « mât optronique », fabriqué par Sagem, équipé de quatre caméras qui transmettent leurs images par fibre optique au travers la coque épaisse. Cette technique est déjà utilisée par les Britanniques sur les Astute. L’armement sera constitué de torpilles lourdes F-21 d’une portée supérieur à 50 km, de missiles anti-navire SM-39 Block2 Mod2, ainsi que de missiles de croisière MdCN (Scalp Naval). Ce dernier permettra en toute discrétion d’atteindre précisément une cible terrestre localisée à plusieurs centaines de kilomètres. En tout, vingt armes pourront être mises en œuvre au moyen de quatre tubes de 533 mm. La capacité accrue de stockage augmente l’autonomie de cette nouvelle génération de SNA, l’une des conditions sine qua non pour la réussite des missions. L’équipage pourra vivre en complète autarcie pendant de longues périodes opérationnelles (70 à 90 jours contre 45 à 60 jours à bord des SNA type Rubis).
Pour défendre au mieux ses intérêts nationaux, l’objectif pour le SNA est de rester opérationnel de façon continue, dans les zones de déploiement lointaines et ce, quelles que soient les conditions. Caché de ses adversaires, le SNA de type Suffren sera beaucoup plus discret que son aîné. En opération, il pourra se déployer et chasser à des vitesses élevées tout en restant silencieux. Dans le même temps, ses capacités d’écoutes et de classification seront optimisées grâce à de nouvelles antennes de détections acoustiques, adaptées à un système de combat optimisé.
L’arrivée de cette nouvelle génération de SNA exige une adaptation des infrastructures des ports d’accueil pour en assurer le soutien et le maintien en condition opérationnelle. Les premiers travaux d’infrastructures sont déjà visibles dans le port de Brest et de Toulon. L’école de navigation sous-marine (ENSM/BPN de Toulon) s’est également agrandie pour accueillir dès l’été 2015 six simulateurs de formation et d’entraînement des équipages. Quant aux bassins, ils sont suffisamment grands pour accueillir les SNA de type Suffren. Néanmoins, les sous-mariniers s’accordent pour dire que la manœuvre, déjà difficile, le deviendra encore plus.
Le Suffren est le premier sous-marin nucléaire d’attaque de la nouvelle classe Barracuda, qui remplacera les actuels Rubis. Les suivants porteront les noms de Duguay-Trouin (2020), Tourville (2022), De Grasse (2025), Rubis (2027) et Casabianca (2029).
La Vigie, lettre d'analyse stratégique publiée par Jean Dufourcq et Olivier Kempf et paraissant tous les deux mercredis, vous propose son quatorzième numéro. Vous trouverez dans ce numéro daté du 15 Avril 2015 un texte intitulé Du déclin britannique, un autre sur l'Utilité stratégique de la Chine, une Lorgnette sur D'ici le 30 juin (au Donbass)
Du déclin britannique
Les élections approchent au Royaume Uni puisque le dénouement aura lieu le 7 mai. Il indiquera où en sont Tories, LibDems, UKIP, Labour et autres indépendantistes écossais. Il n’est pas besoin de rappeler que le mode de scrutin (uninominal à un tour) rend aléatoire toutes les prévisions issues de sondages. On ne sait donc quelle sera la nature de la coalition qui sortira des urnes. On sait en revanche que quel que soit son équilibre, elle prolongera le déclin stratégique de la « perfide » voisine. (…)
Utilité stratégique de la Chine
Il y a ceux qui sont concernés par la Syrie, la Tunisie, Daech et le terrorisme, ceux que l’Ukraine, Poutine et la guerre obsèdent, le Nigéria inquiète et, aussi prosaïquement, ceux qu’indisposent le budget de la Défense, ses effectifs et ses impasses. C’est donc le moment d’évoquer un sujet tout aussi crucial mais moins contingent : la Chine et le rôle qu’elle tient dans nos calculs et représentations stratégiques. Car la Chine est en fond de tableau de tous nos travaux, tant la nature de sa puissance et la réalité de ses ambitions déterminent la hiérarchie du monde. (…)
Technip a remporté un contrat subsea pour un champ existant, portant sur l’unité flottante de production, stockage et déchargement (FPSO) Triton (1) opérée par Dana Petroleum et située en mer du Nord. Ce FPSO est positionné à 193 kilomètres à l’est d’Aberdeen, à une profondeur d’eau d’environ 90 mètres. Il produit du pétrole et du gaz issus de différents champs - Bittern, Guillemot West et North West, Clapham, Pict et Saxon, tous reliés à l’unité par des installations sous-marines comprenant différents collecteurs et conduites.
Le 6 avril 2015, la France a pris le commandement de la Task Force 150, succédant ainsi au Canada. La passation de commandement entre les états-majors s’est déroulée à bord du navire français BCR Var, au large de Manama, au Royaume de Bahreïn. Le Canada avait reçu pour la deuxième fois le commandement de la Force début décembre 2014.
Le lundi 6 avril 2015, lors d’une cérémonie présidée par le vice-amiral d’escadre John Miller, commandant de la cinquième flotte américaine et les Combined Maritime Forces (CMF), et en présence des ambassadeurs français et canadien à Bahreïn, le capitaine de vaisseau René-Jean Crignola a pris le commandement de la Task Force 150, succédant au commodore Brian Santarpia de la Marine royale canadienne. Pour la neuvième fois depuis sa création en 2001, la France assurera avec un état-major embarqué à bord du Bâtiment de Commandement et de Ravitaillement (BCR) Var, le commandement de la TF 150.
Enduring Freedom, est une opération qui a été mise en place par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001. La Task Force 150 est l’une des trois forces maritimes multinationales de la coalition Combined Maritime Forces (CMF), sous commandement américain. Les bâtiments de la TF150 assurent les missions de surveillance maritime, de contrôle des navires présents dans la zone et de collecte de renseignements. La TF 151 assure la lutte contre la piraterie et la TF 152 assure la sécurité maritime du golfe arabo-persique. Aujourd’hui, trente nations sont engagées dans la coalition dont dix-huit participent à la TF 150. La zone opérationnelle s’étend de la mer Rouge au Golfe d’Oman, en passant par le golfe d’Aden et la mer d’Arabie. Elle couvre les façades maritimes de la corne de l’Afrique et du Moyen-Orient, une zone d’intérêt stratégique majeur.